Forum Grand Corps Malade et slam

Lettre à BREL


Quand tu as arrêté de parler, je commençais à peine à marcher
Tu avais dit que tu n’avais plus rien à dire, et moi je ne savais ni lire ni écrire
Mon grand père avait ton âge, et ma mère heureuse de son mariage
Tu parlais des singes et des bourgeois
Tu chantais l’amour avec déchirure et désarroi

Tu parlais des femmes comme on parle de la pluie
Tu avais raison de fuir l’ennui

Quand tu es parti, je n’avais pas 13ans
Quand je t’écoutais je n’avais pas 15ans

Tu nous manques Monsieur l’abée
Et si pieds sous terre, tu restes vivant à jamais

J’essaie d’écrire comme toi, mais je ne fais que boire un verre et je vas
Non, je ne pleure pas, mais j’essaie d’oublier mes faux pas

J’aurais aimé être JOJO ou JEFF pour voir tes idées en relief
Bonne nuit Monsieur BREL malgré ce noir éternel
J’espère que demain la journée sera belle
Et la terre aussi pure que le ciel
J’irai voir passer le temps
A minuit, je t’enverrai de ses nouvelles

Laisse-moi t’apprendre que l’argent a le goût du miel
Et l’amour se transforme en duel
Oublie le temps où seule Germaine était cruelle
Oublie le temps où les bonbons avaient le goût du caramel
Le bonheur est devenu sexuel
Et les bordels décorent les boulevards et les ruelles
Laisse-moi t’apprendre qu’après toi, toutes les chansons sont jumelles