Vous n'êtes pas identifié.
Le soleil n'est toujours pas là mais les marginaux m'abandonnent.
Finis leurs discours, leurs combats, leurs coups d'gueule, ils se volatilisent lorsque 6 heures résonne.
Ils s'éloignent doucement dans le noir, ne laissant comme témoins de leurs discours de la veille,
Que quelques traces de désespoir s'écoulant des cadavres faussement bienfaisants de quelques bouteilles.
Leurs chiens tournoient sans cesse autour d'eux, le même triste sort dans leurs yeux qui témoignent,
De l'oubli qui se fraie un chemin dans leur monde ténébreux, de l'ennui qui les tient inlassablement avec poigne.
C'est un ballet d'incompris, de rêves abandonnés sur les trottoirs par des clowns tristes.
Il y a déjà bien longtemps que les danseuses étoiles ont abandonné la piste.
Et c'est parti pour le requiem des insoumis, des moustiques éméchés aveuglés par les néons des bars.
Ils se sont succédés hier, par flaque de vomi, inondant de leur maux la chaussée sous cette lune d'ivoire.
Une prostituée me prit même un instant comme témoin de ces actes, mise en bouche affûtée, son client sur mon flanc,
Une fois l'affaire terminée, ce fut sans aucun tact qu'il laissa tomber quelques billets au vent.
Et pendant quelques temps, elle resta ma compagne de fortune me soufflant au visage la fumée de sa clope,
L'eau montait en cette future noyée ravagée par sa thune, immobile, fatiguée, comme un navire sombrant sans écope.
Et à force de se faire tirer, l'une comme l'autre se consument, ces plaisirs que l’on consomme et que jamais l'on assume.
Une voiture arriva et elle mit sont masque de plaisir torturé pour assouvir l'excitation éphémère d'un costard désœuvré.
C'est un instant parmi tant d'autres de mes nuits. Véritable zoo de désirs maquillés, de sourires incompris.
C'est un instant parmi tant d'autres de ma triste vie, pas bien différent des moments d'une journée qui s'enfuit.
Car si maintenant le soleil brille, si le jour lève le voile sur vos petits secrets,
Il y a bien longtemps que les enfants ne jouent plus aux billes sous la lumière hypnotisante des télés.
Les marmots qui se pressent maintenant pour être à l'heure à l'école se regroupent sous mon toit,
Ils se chamaillent, se jouent des tours à tour de rôle jusqu'à l'arrivée du numéro 3.
Et la journée continue. Quelqu’un passe enfin réparer la vitre fissurée par un coup de poing il y a quelques jours,
Ces yeux rivés sur une publicité exposant un corps dévêtu qui inspirent à l'amour.
Deux mamies et leur tricot me prennent d'assaut. J'aime l'absence de "si" dans leurs phrases.
Il y a dans leurs mots les vestiges désertiques de leurs luttes abandonnées à la recherche de l'extase.
Avoir la tête sur les épaules quand on a plus toute sa tête, la vie et ses chemins tortueux qu'elles ont laissés de coté,
Elles entament le dernier couplet comme une fête, résignées à laisser le monde tel qu'il est.
Et ainsi de suite, il en arrivera tout le temps, de tout temps, hier, aujourd'hui, demain.
Ils vont, ils viennent, solitaires, égoïstes, réfractaires, hédonistes, trompeusement sereins.
Ils font des siennes et avancent malgré tout, bien souvent dépassé, oubliant de tout leur soûl ce qui a pu se passer.
Ils se pressent dès le jour, enterrant leurs secrets à côté de leur garde-fou, quitte à se foutre en l’air, ils abusent de tout.
Pisse de chien, vitre brisée, tags et affiches de lingerie,
Femmes objets, vagues d’espoirs et fruits pourris ?
Ce n’est qu’une journée banale, c'est juste une journée de plus,
Une journée pleine de rien dans mon quotidien figé d'abribus.
Dernière modification par Ricow (22-05-2012 11:35:18)
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Mec c'est bon ça ! J'ai cherché ce que c'était, j'avais bien compris que ce n'était pas un homme ( ben ouais j'en ai quelques uns comme ça donc je le sent venir ) mais j'ai pas trouvé ...
Bravo ! J'me suis régalé !
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je me suis régalée aussi!! je pensais a une maison puis un porche, ou un mur comme Istok avait écrit un jour, mais je n'avais pas pensé à l'abri bus non plus! (pourtant, avec le titre, on est mis sur la piste, mais je n'y avais pas fait attention)
J'aime beaucoup ta vision acérée de la vie, les mamies me plaisent particulièrement, avec leurs absences de "si"
Un grand bravo!
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Merci à vous deux. Très touché et content du "suspense" que j'arrive à laisser planer jusqu'à la fin.
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Salut Ricow ! Je me demandais oùça allait, avec la prostituée au rimel dégoulinant, en passant par les enfants, bien emmené dans le suspens. Désolé d'avoir un peu squatté tes messages avec mes dialogues avec MMA, mais ça m'a aidé. Encore bravo pour les deux textes.
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beua suspense , belle fin , beau texte
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Merci. Pas de problème Daniel, squatte à ton aise On est là pour échangé.
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Bien joué Et il a du en voir et en entendre c'est clair des trucs et gens chelous
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Très beau ce texte, vmt. J'adore. et certaines phrases sont mieux encore!
Perso, par contre, j'ai vite compris qu'il s'agissait d'un abribus. mais en même temps l'absence de suspens n'enlève rien, tant la puissance de ton texte me parait ailleurs.
J'avais une ébauche de texte dans le même genre (je voulais faire un remix des bancs publiques de Brassens dans style assez glauque, car de nuit) que je n'arrivais pas à finir. Je crois qu'avec tont exte tout est dit et pense donc renoncer...
Encore bravo!
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J'aime beaucoup lorsque les choses usuelles s'expriment, et ce long monologue entretien le suspense jusqu'à la fin. C'est bien décrit, et je dois dire que perso, je regarderais à deux fois avant de m'y asseoir. P'tard, je vais maintenant basculer dans la peur d'y laisser mes gosses attendant le bus de ramassage, aussi les amener dans mon 4x4 flambant neuf pour se garer sur les trottoirs leur évitera bien des contaminations...
J'avais écrit un slam sur le thème de la banquette, appeller à ce forum "Voyages en train" http://www.grandcorpsmalade-fan.net/for … 918#p86918
mais c'est "soft" par rapport à ta prestation, trop candide à l'utilsation de son postérieur ! Bravo encore !
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a l'arrêt, tes images ne nous noyent pas dans l'immobilisme,... le scénario, d'une suite de maintes scènes du présent, que tu nous offre, est bien filmé,... le bulbe rachidien a le temps de s'asseoir à cet abribus,... et le suspense est à la hauteur Hichcockienne ... Bravo l'ami, à bientot pour la suite, en direct sur la ligne de bus qui passe devant cet arrêt ...
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