Forum Grand Corps Malade et slam

Un texte que je n'oserais peut-être pas slamer...
Pour ne pas que l'étiquette me colle dessus... l'Étiquette de la fille qui profite de son handicap pour faire des points... De la fille qui veut passer pour l'autre malade...  de la fille qui veut se servir de ça... et pourtant, si je n'écrivais pas de telles choses, qui sait ce qui adviendrait de mon moral!?! Et si Frida Kahlo n'avaient pas eu l'audace, le courage ou la nécessité de se peindre dans tous ses états, j'aurais perdu une confidente, une compassion interposée, car j'ai pu exorcicer mes démons à travers ses toiles... à travers ses toiles je me suis sentie moins seule... Ses toiles les plus dures, comme les plus ludiques. Alors je me permets de lancer sur ce forum ce texte, très, très intime... pour le partage, pour l'exutoire.
Bonne lecture.


L'Hôpital

Y’a ajourd’hui vingt ans
Vingt temps ont passé depuis que je me suis faite charcutée
J’te dis pas mon âge, je demeure coquette,
mais j’avais l’âge de faire des crisettes
à ce moment…  ceux qui l’ont vécu le savent…
Le temps était lent,
parfois étiré de morphine- et tordu de ses cousines.
Mais le remplissait l’attente, la douleur, la peur latente.
l’impossibilité  de dire     de faire.
Et Le laisser faire.         Se faire faire la toilette,
la chiasse, la pisse. Pisser dru tout nu sur un pot sur le dos.
Deux semaines de trop. Deux cent sous zéro pour l’égo d’un ado.
On m’offre une fête     sur la terrasse du bourreau
Un barbécue. Mon cul!
Couchée dans un lit, la moutarde  au nez, j’refuse un chien chaud grillé
all-dressed,
offert par ma mère bien aimée
Mon cul n’en peu plus de se faire taire, plaie de lit de mes fesses…
manger couchée : la panacée!
Cher canot : adieu mon beau.
Mon rêve : me Tenir debout tout doux
Me rouler dans l’herbe,  danser du ventre 

Acrobatie d’une soie
D’une scie qui me scia en deux le temps d’un adieu.
On me redresse la tresse, on m’adresse un fiting de caresse,
ma carcasse métallique  sonnera aux contrôles des flics,
je m’éveil et frissonne. Deux pouces de plus m’impressionnent.
Pourtant plus de vingt ans
Me rapprochent de toi, mon bourreau morphiné
On me rappelle au chevet de la scie sauteuse
Il lui manque des vertèbres à croquer
Deux pouces en moins cette fois ce sera