Forum Grand Corps Malade et slam

M’est arrivé que’que chose faut vraiment qu’j’ vous raconte
Mais c’est tellement gros que j’en ai presque honte
J’ai voulu ce matin r’tirer un gros colis
Je suis r’sorti l’ midi, vraiment très affaiblis

L’histoire est véridique, croyez moi sur parole
N’allez pas murmurer, que j’invente que j’enjôle
Une histoire comme celle la, ça ne s’invente pas
A moins d’être très doué, ……ce qui n’est pas mon cas

J’étais déterminé, à ne pas patienter
Alors c’ matin d’ bonheur je me suis dirigé
Vers la poste centrale, à deux pas de chez moi
Chercher un gros colis qu’ j’attendais d’puis des mois.

J’ai très vite déchanté, sur mon plan « vite fait »
Quand j’ai vu que la queue, de la poste sortait
J’ais séché ma p’tite larme j’ me suis positionné
Et c’est là qu’ la journée s’est mise à déconner

La poste est très moderne avec six beaux guichets
Mais pas d’ bol ce matin, la moitié fonctionnait
Puis l’un des trois restant, ne marchait qu’a moitié
Le micro est cassé, obligé d’aboyer

Premier administré, homme à l’age avancé
Etait v’nu déposer un simple r’ commandé
Seul tout petit souci, l’a oublié son nom
Le préposé l’a j’tté, faut dire qu’il était con.

Pas d’pièce d’identité, peur de s’la faire voler
Le vieil homme recalé, s’est mis à déballer
60 ans de sa vie, l’exode, l’Algérie
Mais pas foutu d’se rap’ler son nom ni ou il vit

Pendant cette distraction, un gars assez furax
Profite du moment, pour nous griller nos places
La,  dans un bel élan, de grande civilité
Tout le monde s’est mis, ensemble à protester

Franch’ ment pas décidé à r’tourner à la  queue
Un costaud entrepris d’ le chiffonner un peu
Une bagarre, ouai ! Génial ! Un peu d’animation
J’parie sur le costaud pas sur la d’mi portion

Et pendant la bagarre, du bout de son micro
Le préposé s’exclame « ça suffit, s’en est trop »
Puis d’un geste décidé, derrière son carreau
Il saisit une pancarte et ferme son bureau.

J’ai soudain une angoisse «  et si les autres fermaient »
Par solidarité, ou même par crainte, on n’ sait jamais,
Je n’ s rais jamais à l’heure, je vais être à la bourre,
Mais j’ reste la, y a pas moyen qu’ je passe mon tour.

En grand professionnel, les deux autres guichetiers
S’emploient à  prendre tout le monde, sur un rythme effréné
5 à 10 bonnes minutes pour acheter une enveloppe
Mes nerfs vont me lâcher, faut qu’ je mette à la cloppe

Un gars a tout compris, il bosse par téléphone
J’ai r’ connu la sonnerie du Sonny Erikson
Faut dire que j’ai eu l’ temps il sonne à tout bout d’ champs
Suivi d’un beau slogan «bonjour, garage Fernand !!! »

Un autre est surprenant, il doit être fakir
Parce qu’il est droit debout, mais il semble dormir
Il a les yeux fermés et tout douc’ment il ronfle
J’sais pas comment il fait, cette attente moi ça m’ gonfle

Et c’est enfin mon tour, j’ai été médisant
J’n’ai attendu qu’ trois heures, autant dire pas longtemps
J’vais r’ tirer mon colis sauf qu’il est près d’ midi
Et que le gars du tri, est d’ja parti,  pardis !!!

Faut il que je l’insulte, ou que je prenne sur moi
D’ toute façon l’ préposé, n’a pas l’air en émoi
Je renonce et je sors, mais maint’nant le plus triste
Faut qu’ j’aille à la sécu pas d’ quoi m’ rendre optimiste