Vous n'êtes pas identifié.
Alors que j'étais en train d'essayer de mettre des mots sur mon ressenti du moment, j'ai reçu un coup de téléphone...Bientôt une chaîne de télévision devrait produire un reportage sur l'action syndicale menée depuis de nombreuses années pour réhabiliter les mineurs licenciés en 1948. Dans ce cadre je serai amenée à répondre au téléphone à un questionnaire. J'avais écrit un texte en hommage à mon papa: "Gueule noire". En voici le lien: https://www.grandcorpsmalade-fan.net/fo … p?id=12291
Ci-dessous un texte sans rimes, juste pour exprimer ce ressenti du moment, comme un trop plein à partager pour mieux l'évacuer.
Si...
Si je n’y prends pas garde
L’émotion va me submerger
M’ensevelir sous le flot des souffrances
De personnes que je ne connais pas toujours
Mais dont je ne peux détacher mes regards
Si je n’y prends pas garde
Le souvenir de luttes vaines
De mon père et de tant d’autres
Me fera oublier les victoires arrachées
Et ceux qui s’accrochent pour les conserver
Si je cesse de prendre du recul
Les larmes seront cascades inutiles
Les sanglots, une énergie gâchée
Et le respect aux anciens bafoué
Eux qui jamais ne renoncèrent
...
Si je saisis le signe de l’appel
Je comprends que rien n’est joué
La parole donnée aux enfants
Pourrait attester que tout est lié
Des luttes d’hier et d’aujourd’hui
Si j’entends bien le message
Je porterai à nouveau les mots
De mon père et de sa juste cause
Alors lui et les siens enfin écoutés
Ouvriront les portes des possibles
Dernière modification par Maya (22-06-2020 12:10:52)
Hors ligne
bravo
ton papa serait fier de toi
Hors ligne
Tant d'injustice, toujours, à toutes les époques, les petits écrasés par les profits des gros, jamais les mêmes mais toujours la même histoire, depuis la nuit des temps...
(et on voudrait que je sois optimiste ?? )
Texte très touchant, submergé d'émotions...
Hors ligne
On entend et comprend ta douleur... Mais comme à ton habitude, tu termines par une note positive, tu t'extirpes du chagrin !
Je ne suis pas tout à fait d'accord avec l'idée que les larmes peuvent être des cascades inutiles, elles sont là pour exprimer une émotion, il faut juste ensuite les dépasser...
Hors ligne
Et si, au lieu de pousser nos enfants à poursuivre le combat des anciens pour conserver ce que les anciens ont gagné, on faisait un peu confiance à nos enfants pour les laisser s'inventer un nouveau futur à leur image.
On leur offre un monde basé sur la lutte des classes qui va bientôt être centenaire. Qu'ils prennent ce monde et se l'approprient.
Je ne dis pas qu'il faut oublier et tout raser, mais il faut laisser le passé devenir l'Histoire.
N'empêche Maya, ton texte est plein d'émotions, c'est touchant.
Hors ligne
merci pour ton texte!
Hors ligne
Merci beaucoup à tous et toutes!
Cline, dans mon texte c'est la parole qui sera donnée aux enfants comme moi, en référence à ce que j'écris en préambule. Les 2 dernières strophes ont été écrites après le coup de fil. J'espère comme toi que mes petits-enfants pourront passer et penser à autre chose.
Hors ligne
On ressent vraiment ton émotion "sur le vif"
J'ai le même questionnement que SYlvA: les larmes sont-elles cascades inutiles, même avec un manque de recul...?
Bonjour Maya!
Dernière modification par écriturienne (26-06-2020 15:35:11)
Hors ligne
Ecriturienne, je suis très contente de te retrouver sur notre forum commun.
Pour vous répondre à toi et SylvA: je pense que les larmes sont des cascades inutiles...aux autres. Si je cesse de prendre du recul, je vais pleurer face au malheur des autres mais ne leur serai pas ou plus d'aucune utilité. D'où l'énergie gâchée alors qu'il y a tant à faire et par respect aux anciens, comme mon père par exemple. J'espère avoir été plus claire.
Maintenant je vais te lire.
Dernière modification par Maya (19-07-2020 09:26:43)
Hors ligne
Bravo Maya! Le combat doit continuer
Hors ligne
Merci Sylvie! Regarde! Regardez ce documentaire que je viens de retrouver! "L'Honneur des Gueules Noires" de Jean Luc Renaud. Il m'a bouleversée.
"Il y a des préjudices qu'on n'a pas le droit d'oublier, des préjudices qui blessent la mémoire et dont l'effet dévastateur poursuit encore ceux qui l'ont subis et les ont transmis sans le vouloir à leurs enfants".
L'affaire n'est pas terminée...
https://vimeo.com/204497378?fbclid=IwAR … Dlpq9bXLNs
Dernière modification par Maya (05-07-2020 10:00:37)
Hors ligne
Merci pour le lien, Maya
Hors ligne
Je remonte ce texte qui me ramène aux luttes actuelles et à l'approche du 7 mars. Dernièrement j'ai regardé la série Germinal magnifiquement réalisée et interprétée que j'avais enregistrée. Bien sûr j'avais vu le film en son temps. Bien sûr j'avais lu le livre il y a longtemps. Dans le même temps je lis ce livre dont je vous parle ailleurs "Le bureau d'éclaircissement des destins", et je me retiens de me décourager face à l'éternel recommencement, comme si l'Homme n'apprenait rien de l'Histoire.
Hors ligne
A propos des mineurs, as tu lu Sorj Chalendon (dont j'adore la plume) Le Jour d'avant, sur la catastrophe minière de Liévin-Lens, à l'origine de quarante-deux morts le 27 décembre 1974.
Hors ligne
Bon, ben quand on a une bouée de sauvetage, on s'y accroche et on tente, encore un peu, de nager.
Merci Maya !
Hors ligne
Merci à toi, Daniel, d'être là! Se soutenir, conserver les liens, en créer de nouveau, c'est essentiel pour traverser les épreuves.
Hors ligne
nicole a écrit:
A propos des mineurs, as tu lu Sorj Chalendon (dont j'adore la plume) Le Jour d'avant, sur la catastrophe minière de Liévin-Lens, à l'origine de quarante-deux morts le 27 décembre 1974.
Non, Nicole, je ne l'ai pas lu. Ce que j'en découvre dans ces lignes m'intéresse en effet. Je cite: "« Venge-nous de la mine, avait écrit mon père. Ses derniers mots. Et je le lui ai promis. À sa mort, mes poings menaçant le ciel. Je n’ai jamais cessé de le lui promettre. J’allais venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, mort en paysan. Venger ma mère, morte en esseulée. J’allais tous nous venger de la mine. Nous laver des Houillères, des crapules qui n’avaient jamais payé leurs crimes. »
Suite au décès de son frère Joseph, mineur, à cause du grisou dans la fosse Saint-Amé à Liévin en décembre 1974, Michel Flavent se promet de le venger un jour et quitte le nord de la France. Quarante ans après, veuf et sans attache, il rentre au pays pour punir le dernier survivant, un vieux contremaître, et enfin tourner la page."
Hors ligne