Forum Grand Corps Malade et slam

Ma grand mère Aïcha m'a dit :
« Tatoue-moi un rêve sur la peau du cerveau et que tout chante et s'enchante à nouveau ! »
Chaque 14 juillet, elle enrage. Elle en découd avec ce sang qu'on mêle sans cesse aux terres souillées d'une hymne nationale qu'elle voudrait oublier. Aux voix des forces armées que certains nomment vives, elle préfère la joie d'un refrain à reprendre avec cœur. « ai vava inova ».
Et elle raconte ... le vide, le temps qui passe, la rogne, la hargne de se sentir à la fois le traître et le trahi. « Harki » comme ils disent ...
Elle tire sur le manteau du temps et dévoile une à une les bribes déguenillées d'un passé qui l'obsède. Elle rythme sa psalmodie d'un blues à faire pleurer.
Un temps pour les oubliés, les spectres, les humiliés
Un temps pour les écorchés, un temps pour ceux qu'elle a aimé
Un temps pour l'exil, le rêve, un temps pour son Algérie
Un temps pour...le silence les larmes la nostalgie ...

Parfois, une déchirure cruelle dans le rideau qu'elle tisse entre la vie et elle,
elle revoit ... la tête tranchée, livrée brisée aux chiens sauvages de la cité
une tête aux yeux ouverts en grand sur les désastres de l'humanité
Alors, la mort dans l'âme, elle répète inlassable,
qu'il suffirait d'un rien pour que cessent les guerres ;
ce rien des verbes Aimer et Pardonner
« Ai vava Inova . »