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C'est un joli jour d'automne
La lumière basse d'un soleil voilé
Illumine les arbres aux feuilles dorées
C'est un joli jour d'automne
Bien à l'abri derrière mon col roulé
Je profite de la douceur du temps pour me confier.
C'était un joli jour d'été
Sur le chemin des vacances, c'était bien
A peine ado, je n'avais peur de rien
C'était un joli jour d'été
Il était là, joyeux, jovial et vieux, un vieux cousin
Il est devenu prédateur, appréciant sans doute ma chute de reins
C'était un joli jour d'été
Nous avons lutté, je lui ai échappé
Mais mon corps bien formé, à jamais, je te détesterai.
C'était un joli jour d'hiver
Dans le métro, ligne 9, station Alma-Marceau
Certains sortaient dîner, je rentrais un peu tard du bureau
C'était un joli jour d'hiver
Une main baladeuse sur ma cuisse emmitouflée
Une main insistante sur ma cuisse paniquée
C'était un joli jour d'hiver
Pour fuir cette main, j'ai couru sans me retourner
Mon corps détesté, à jamais, je te difformerai.
Peut-être qu'un joli jour de printemps
Apaisée, j'accepterai de te pardonner
Toi mon corps, mon ennemi juré
Peut-être qu'un joli jour de printemps
Je comprendrai que tu n'étais pas le méchant
Tous les deux, nous ferons la paix, il sera temps.
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Cline, tu nous donnes à lire un très beau texte sur un sujet intime, une confidence bouleversante.
Tant de femmes comme toi blessées à jamais et qui luttent pour se reconstruire! Suite aux dernières révélations les choses bougent et plus rien ne sera comme avant. Pour le bien des victimes. Je te souhaite de trouver très vite cette paix intérieure qui passe par la paix avec ton corps.
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Merci Céline bien malheureusement tous et toutes non pas tes armes. Ta force et souffre sans jamais ce reconstruire parce qu'ils ont oublié viole dans leur âme par des gens immondes qui achètent leur vies avec ce genre de peur et douleur.
Très émouvant Cline. Le sujet est d'actualité en ce moment, mais c'est malheureusement un combat de tous les jours qu'il faut mener. Merci de ton partage.
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Texte bouleversant, qui n'a pas dû être facile à écrire. C'est quand même fou de se sentir coupable d'attirer des pulsions quand on y réfléchit, et je sais que tu n'es pas la seule dans ce cas.
Je te souhaite le renouveau du printemps pour te réconcilier avec ton corps.
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Peut-être qu'un joli jour de printemps
Apaisée, j'accepterai de te pardonner
Toi mon corps, mon ennemi juré
pourquoi ton corps est ton ennemi juré ?
je comprends ta peine , ta colère, ta rage, ton dégout, mais ton corps est victime donc réconcilie toi avec, personne n'est responsable d'une agression, qu'elle soit physique verbale ou autre
l'écrire , je pense que cela te permet de mieux le dénoncer
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Nouga, j’etais encore ado, et mon corps était en décalage avec ce que j’etais encore dans ma tête, une enfant. Le reste est trop intime pour que je m’etende sur le sujet « en public ». Mais je pense que la culpabilité plus forte que la raison.
Oui, c’est un sujet d’actualité, oui, la parole se libère mais pour moi, c’est plutot contrainte que je me libère. Le fait d’entendre parler de ça sans arret en ce moment m’oblige à y penser sans arrêt. Je n’en ai pas envie.
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merci de la precision, effectivement l'adolescence est une période difficile pour le corps,
l'actualité est toujours en boucle sur un sujet , puis on pense a un autre, société d'annonces d'effets ect
"La clef de la sérénité est de travailler afin de cheminer.
Quand on avance, on ne pense pas à la culpabilité ou à l’innocence.
Denis St-Pierre "
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Merci Cline pour ce texte qui aborde ces questions qui font débat. Moi j'avais essayé et puis je me sentie illégitime pour bien en parler sous cette forme. Tu l'as fait de manière vraie et touchante.
Comme Nouga, j'ai tiqué sur le fait que tu en veuilles à ton corps. Ca aussi il faudrait que cela change, qu'enfin on apprenne aux filles à davantage être indulgente envers leur physique (j'en sais quelque chose), parce que je pense que les garçons sont moins durs que nous envers leur corps.
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Je ne crois pas que les garçons soient moins durs avec leur corps. Ils ne l'expriment pas de la même façon.
Le désamour avec mon corps est lié au signal qu'il a envoyé à ce vieux cousin puis à cet inconnu du métro dont je n'ai vu que la main. Même si je ne ressemble pas à ce que j'aurais rêvé être, je peux vivre avec mon physique bien que l'image dans le miroir ne me plaise pas. Mais l'agression, ça touche quelque chose de beaucoup plus profond et plus intime. Je ne culpabilise pas d'avoir été agressée. Mon corps est juste responsable du signal qu'il a envoyé à ces hommes, même si c'est complètement irraisonné.
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Cline a écrit:
Je ne crois pas que les garçons soient moins durs avec leur corps. Ils ne l'expriment pas de la même façon.
C'est possible. D'ailleurs, j'ai souvent senti chez mon mari des doutes que je ne soupçonnais même pas.
Cline a écrit:
Le désamour avec mon corps est lié au signal qu'il a envoyé à ce vieux cousin puis à cet inconnu du métro dont je n'ai vu que la main. Même si je ne ressemble pas à ce que j'aurais rêvé être, je peux vivre avec mon physique bien que l'image dans le miroir ne me plaise pas. Mais l'agression, ça touche quelque chose de beaucoup plus profond et plus intime. Je ne culpabilise pas d'avoir été agressée. Mon corps est juste responsable du signal qu'il a envoyé à ces hommes, même si c'est complètement irraisonné.
J'ai du mal à comprendre mais je pense que c'est un peu comme moi quand j'étais enfant et qu'il fallait que je trouve une raison au désamour de ma mère. Quand il n'y a pas de raison, que cela nous tombe dessus parce que c'est comme ça, qu'on n'a simplement pas de chance, le cerveau ne semble pas l'intégrer.
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Sophie du moulin a écrit:
J'ai du mal à comprendre mais je pense que c'est un peu comme moi quand j'étais enfant et qu'il fallait que je trouve une raison au désamour de ma mère. Quand il n'y a pas de raison, que cela nous tombe dessus parce que c'est comme ça, qu'on n'a simplement pas de chance, le cerveau ne semble pas l'intégrer.
Oui Sophie, ce sont probablement des sentiments proches.
Moi, j'ai résolu mon problème en cachant mon corps sous une tonne de kilo (enfin... pas autant quand même). Du coup, je ne supporte plus du tout de le voir mais au moins, je me sens en sécurité en ne me sentant plus du tout attirante (évidement c'est complètement subjectif). Je travaille durement pour que tout cela change
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C'est extrêmement touchant Cline... Tu prends part à cette vague de témoignages qui a tardé à venir de façon très belle même si c'est tout autant triste et consternant... Il y a une citation d'une poète de notre époque Rupi Kaur qui dit
"we are all born
so beautiful
the greatest tragedy is
being convinced we are not"
et elle me fait penser à ton histoire.
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Vous touchez à la vie vous payerai.
Rien n'est gratuit
Dernière modification par MoonZ (29-11-2017 20:48:31)
Je dois être la seule, mais je n'ai pas pensé à la lecture de cette histoire qu'elle était vraie...
Peut-être justement car c'est une chose qui touche beaucoup d'entre nous, sous une forme ou une autre, et donc on peut toutes plus ou moins en parler, malheureusement.
Le texte est bien tourné, le passage par les 4 saisons super bien trouvé. Pour le reste, je m'associe à mes prédécesseurs pour leurs encouragements.
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