Forum Grand Corps Malade et slam

France! France! Doux pays de mon enfance...
    Non, moi elle ne fut pas si douce mon enfance. Tant de belles paroles que l'on m'a dit. Tant de belles paroles... et qui en faite aujourd'hui ne sont que des mensonges.

    Il faut que je respecte ce pays d'où je viens, d'où je suis née, et pourtant il est le premier à ne pas me respecter. Comment puis je lui dire je t'aime alors qu'il n'est que ma haine. Ce pays que l'on dit utopie pour ceux qui ne sont pas encore ici, mais crois moi c'est bien l'enfer qui règne ici.
    Comme ce drapeau tricolore coupé en trois colonnes et que l'on doit porter en nous, on ne cesse de te classer et si tu ne fais pas partis de celle du centre, c'est sur, les bras qui avaient envie de s'ouvrir resteront finalement fermés. Que tu sois blanche, noire ou arabe, c'est la différence qui est un problème et crois moi tu ne feras pas parti de ce système. Et le pire dans tout ça c'est qu'on t'accuseras de tes propres problèmes. Si tu ne peux pas te lever et marcher, prépares toi à recevoir une pelle pour construire ta propre tombe, au moins le cercueil sera gratuit.

    La belle dulcinée qui s'appelle France a tracé son cercle. La boucle est bouclée, elle ne veut plus d'étranger et pourtant il faut continuer à sourire, tu peux continuer à dormir sur tes deux oreilles. T'inquiètes ce n'est pas de ta faute, non, le monde est fait ainsi et puis comme on sait si bien se dire pour se rassurer il y a pire ailleurs. Tout le monde a vu le film, la vie n'est pas un long fleuve tranquille.

    Je t'assures, j'essaye de continuer à sourire, à rire même mais ce qu'il y a au fond de moi c'est vraiment de la colère car le respect n'est devenu plus qu'un mot. J'entends des types insultés leur mère à travers leurs lyrics, je vois ces clips traitant les filles comme des putes et après on s'étonne qu'on se parle mal dans la rue, qu'on ne se sourit même plus car on a peur de l'autre, de ce qu'on peut être pour lui, elle, eux.
    Ne crois pas que je ne te vois pas, toi qui te crois seul à avoir des problèmes entre les murs de ta cité. Mais ouvres un peu les yeux, regardes autour de toi, tu n'es pas seul.
    Le monde s'ouvre à tes pieds et tu n'oses même pas y aller. Pourtant moi si je pouvais être aussi libre que toi, je le ferai sans hésiter. Même si je ne connais pas la prison de tes tours de cité, la mienne, elle de prison, est mon propre corps.
    Tu veux du pognon pour t'acheter le dernier ipod ou la dernière console à la mode? Pas de problème je te file ma H, non pas celle que l'on met dans son nez mais celle qui te permets de pouvoir (sur)vivre. Cependant fait attention car avec 628 € et des poussières par mois, on ne peut pas toujours manger à sa faim.

    Et puis voilà qu'à travers ton allure tu veux te la jouer à la dure alors que tu n'oses même pas me faire la bise, ou me dire au revoir et merci, ou même encore m'offrir un verre au comptoir du bar pour que l'on puisse rire un peu ensemble et que le temps d'un verre on oublie notre différence. Non, devant tes potes ça serait trop ridicule de me faire ce p'tit geste, et tu en aurais honte de t'asseoir à mes côtés alors c'est plus facile de te cacher sous ta casquette bien enfoncée mais pas trop quand même sinon on ne te verrait plus.

    Mais viens! Viens avec moi, on pourrait aller où tu veux, même jusqu'au bout du monde si tu veux. On referait le monde, on partagerait nos rêves, nos peurs... car oui, l'homme a le droit d'avoir peur, ce n'est pas une faiblesse la peur, bien au contraire sauf quand elle en devient ta propre souffrance.


Je le fais mardi à la dibitrie.