Forum Grand Corps Malade et slam

Petite fille je passais d'un jardin à l'autre rejoindre les copains de la rue.
Pas de séparation marquée entre nos carottes et les radis des voisins.
Courses dans les allées à pied ou à trottinette ne sont qu'un aperçu
Des plaisirs turbulents bien qu'innocents de nos jeux de gamins.

Chasse aux doryphores, collections d'araignées et de vers de terre,
Quoi de plus exaltant pour les mômes insouciants que nous étions ?
Nous nous gavions de nos récoltes colorées aux goûts divers.
Pas d'interdit paternel, plutôt de la fierté à transmettre une passion.

Faut dire qu'elles étaient vraiment belles nos pommes de terre !
Bien croquants nos radis et nos carottes ! Bien frisées nos laitues !
Les choux-fleurs nous mettaient l'eau à la bouche, faut l'faire !
Les poireaux et les oignons nous fascinaient, qui l'eut cru ?

D'un terrain à l'autre nous atterrissions soudain sur la chaussée,
Dotés des plus beaux patins à roulettes et nous rivalisions d'audace.
Si peu de voitures que nous étions les rois et reines du pavé,
Nos chorégraphies parfois compliquées ne manquant pas de grâce.

Il a fallu que le temps passe, que la vie apporte d'autres distractions.
Curieusement une clôture est apparue entre deux parcelles,
Copiée bientôt par d'autres grillages ou murs de séparation.
Il a fallu que le temps passe, que l'insouciance se fasse la belle.

Si le terrain de ma maison d'aujourd'hui est partiellement clôturé,
Les deux côtés donnant sur la rue sont séparés du trottoir par un muret,
Les passants peuvent encore caresser notre chienne qui vient les saluer.
Ne vous étonnez pas si je rechigne tant à remplacer la brique lézardée !

Un véritable mur d'enceinte serait de bon ton pour protéger, sécuriser.
Difficile à franchir il découragerait les importuns avec élégance.
Pourquoi pas des tessons de bouteilles ou du barbelé tant qu'on y est ?
Permettez que je rêve encore un peu des jardins de mon enfance !