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AU BAR
Je vois des dents et des dentiers, je vois des jeunes et des vieux routiers
J’entends des rires et des cris, j’entends des clameurs d’émeutiers
Je vois des têtes et des casquettes, je vois les casse-têtes des quartiers J’entends des voix et des chants qui transpirent la sueur des chantiers
Leurs yeux se ferment ou divaguent, et leurs langues ont le mal des vagues
Leur temps coure de verre en verre, et demain devient déjà une blague
Leurs verres se remplissent et se vident devant des bouteilles qui les draguent
Ils boivent et reboivent à la santé de leur santé qui les nargue
Je vois des êtres sortir et rentrer et se bousculent pour un bien être
J’entends des conseils et confessions et l’alcool devient leur maitre
Je vois des larmes mouillées de souvenirs et des remords viennent de naitre
Ils croient changer le monde, et leur monde pleure encore leurs ancêtres
C’est l’heure de rentrer, dit le vieux au jeune, le rêve est fini
Demain, je ne boirai pas, dis le jeune au vieux. C’est promis
Et puis il y a les autres qui restent là à moitié endormis
Et puis il y a moi qui écris ce monde avec des mots sans énergie
Je vois des ronds s’agiter comme la mer, leurs yeux réclament un dernier verre
Les cheveux en l’air, le regard par terre, ils trainent les pas de leur calvaire
Les mains en colère, les poches vexées de misère, ils font la manche pour une bière
Non, ils ne sont pas tristes, ils se laissent faire, et chantent le paradis en plein enfer
Mon dieu, l’heure a sonné, dit un nouveau à son ainé, ma joie est entrain de faner
Le nouveau accouche d’un slam, le vieux enterre sa flamme, les autres sont chiffonnés
Les lumières se couchent, fatiguées d’espionner tous ces abonnés aux ventres ballonnés
La fumée balaie la poussière, et la poussière efface les traces des chaises abandonnées
Le bar ferme ses portes, le bruit étouffe ses notes devant ce silence qui pianote
Le jour se lève pour saluer les braves qui supportent la vie sans alcool ni menottes
Le jour se lève pour tirer chapeau à toutes les têtes qui tiennent à rester hautes
Le bar ferme ses portes, à demain dit les uns aux autres alors que demain a déjà mis ses bottes
Voilà la vraie histoire du faux espoir qui nait et meurt dans un bar
Voilà la vraie histoire de ces faux fêtards qui chantent la vie des clochards
Voilà monsieur, et je n’ai pas encore parlé des femmes des trottoirs
Me voilà monsieur, changé de sujet à force de boire tous les soirs
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Les mains en colère, les poches vexées de misère, ils font la manche pour une bière
très fort, ça, bravo!
mais j'aime un peu moins le dernier vers
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Merci nicole
Tu as dit: "............mais j'aime un peu moins le dernier vers"
Moi non plus
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voir mon commentaire dans les slam à thème.
J'ai horreur de me répeter, mais c'est du super !
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Merci Daniel, merci ITESS
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Salut AmineK
J'aime beaucoup car tu es dans le vrai ... C'est bien cela ... L'espoir et les illusions d'un jour qui sombrent vers le fond de l'oubli quand le verre se vide ... Les lumières, les ambiances, les relations et les conversations tout y est, en fermant les yeux on revoit ces petits troquets sur le coin des anciennes rues quand on roulait encore en vélo, que tout le monde n'avait pas d'auto ...
Joli texte, agréable à lire comme une invitation au voyage dans un autre temps, car aujourd'hui, les gens restent chez eux pour boire ... Seul ...
Merci
Vincent V
Salut Vincent V
Merci pour le commentaire !! J'essaie toujours de dessiner mes textes au lieu de les écrire.
C'est vrai qu'en France, on perd cet habitude de boire tous les soirs dans les bars pour plusieurs raisons, mais là , j'ai essayé de décrire les bars populaires des pays du tiers-monde. Là bas, on boit et on rêve de plus en plus, on fait la fête tous les soirs, il n'y a aucune différence entre week-end et les jours de la semaine.
Merci
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Il y a 40 à 50 ans c'était encore comme cela chez nous ... Il y avait beaucoup moins de voitures, beaucoup de gens se déplaçaient encore à pieds ou en vélo, il y avait donc moins de risque d'accident dus à l'alcool ... Mais l'équilibre familial s'en ressentait souvent ...
merci
Vincent v