Forum Grand Corps Malade et slam

Un banc sur la banquise.


Je me suis assis sur le banc, en deux mille cinquante et un
J’ai 80 ans, je suis blanc venu du monde gréco-latin.
Souvent j’y suis pris par l’envie d’y passer un peu de temps.
Comme à mes seize ans, en blue-jean chandail et Nike Jordan.
On parlait, toute la journée, comme si on avait le Graal.
Maintenant que la Banquise a fondu, il est au bord de l’eau.
Le monde est une plage et il fait si chaud qu’on vit en maillot.
Un gros vingt-trois dans le dos, je colle mal à l’époque actuelle.
En 2051, les partisans des étoiles sont en guerre contre les rebelles,
Qui veulent rendre au monde ses premières lettres de noblesse.
Jeunes et vieux se confondent, les gens vivent sans la vieillesse.
Pourtant on donne la mort aux enfants trop malades pour produire,
Au service des sentinelles de la bêtise humaine, des fruits et bâtir
Des ponts sur des océans immenses où dorment des milliers d’histoires.
Car dans le grand livre de l’ordre seule compte l’eau difficile à avoir.

Beaucoup disent que nous seront un jour capable d’en revenir
Mais je crains que la Banquise ait conduit à la banqueroute, pire
Les Banquiers sont devenus des prospecteurs de terres meubles.
Pour bâtir encore et toujours des arbres aux allures d’immeubles
Et vendre au prix de nos libertés des fleurs à mordre ou à guérir.
Quand les dernières générations naquirent, ils ne pouvaient plus courir
Et apprenaient à nager avant de dire "je t’aime mam’, il y a quoi à manger."

Le monde à bien changé, mais le pire danger ce n’est pas les troupes rangées
Des armées de partisans, où les attentats rebelles, mais c’est le silence.
Car les gens n’ont plus rien à dire, ils vivent dans l’indifférence,
Dans un monde où tout est réglé, peser, compter, penser pour envoyer
Une poignée de voyageur colonisateurs sur des Edens avec des destroyers.
La guerre est tellement loin dans la tête des gens qu’on n’y pense pas
On parle de légendes, tout le monde pense qu’il faut revenir sur nos pas.
Mais personne ne trouve plus de livres pour penser le monde différemment.
Non ! Les enfants sont dressés pour le firmament…

La rue en face de chez moi est un mur de séparation entre deux mondes.
Qui pensent la vie pareille, mais les uns et les autres se regarde en Joconde
Et ne se confondent jamais, car les uns sont élever dans leur ivoires
Les autres à l’ivraie, on y voit plus clair ou sombre, on est tous dans le noir.
Avec ma lampe torche je me roule un peu de contrebande et souffle des rêves,
En disant aux gens qui passent et passent que c’est juste de la sève.

Mais les songes sont devenus mensonges et illicites
Trop dangereux pour le diktat des médias qui nous incitent
A ne voir le monde que dans un filtre virtuel et honorable
La semaine dernière, les jeunes héroïnes jouaient au scrabble
Et tout le monde en rêve, comme nous parlions autrefois
De marcher dans un Eldorado d’or une pierres aux doigts.
j'ai Longtemps été taxé de fou à cause de ma peinture sur toile.
En fait, les gens connaissent par cœur le nom de toutes les étoiles
Mais aucun ne se souvient plus du nom des couleurs de l’arc-en–ciel
Parce que tout est gris, triste, humide, froid et saupoudré de miel.

Je ne veux plus que quitter le banc sur la banquise
Car dans l’esprit la raison, l’amour simple et la vie même gisent
Et toutes vertus sont des mauvaises choses que les gens s’interdisent
Car au fond si les pôles ont cramé, c’est le cœur qui est devenu givre.
Mes yeux rouillent, je deviens statue de métal et je m’éteins.
Je suis un enfant d’un monde qui à perdu le sens du mot FIN,
Comme nos anciens parlaient de la mort et de la vie avec respect.
Mais je suis bien en statue de sel dans l’océan où je me dilue en Paix.

Dernière modification par MoonZ (05-06-2012 07:57:48)