Forum Grand Corps Malade et slam

Lettre au Père       

Les lettres sont les formes de l’écriture.

Cette écriture parle tes cris silencieux, de toi, mon père. Tu es le toit de ma fondation et tu es à la fondation de mon moi. Tu m’as donné naissance, au dit vingt janvier pour l’essence de ce 11 octobre qui charpente ma vie. Tu es le toit, le toit qui protège la maison de mon corps des intempéries. Pour que les tuiles ne  s’essoufflent au siroco du vent, le bois étaye le toit.

Tu me soutiens silencieux. Tu ne dis mot qu’on sent, mais mon corps s’est sculpté au rite des lendemains en or qui forgent la douceur d’une pièce de bois au ventre arrondi. J’écris comme mes pensées guident ma main gauche. J’entends l’écrit qui se lie à la césuré du bois, à la taille des veines d’où s’échappe l’encre rouge. J’y plonge ma plume pour donner corps à l’envolée des lettres éparses. Tu as projeté la vision de ta vie en cinémascope sur ce tableau peint aux couleurs du bois sculpté.

J’ai hérité de ce cadre aux limites du doux chant du bois vivant, accroché à l’arbre de vie, d’une histoire enracinée. Au printemps naissant, la sève n’irrigue plus le bourgeon des grands parents Léonie et Alphonse. L’écriture de leur histoire s’arrête au janvier et novembre 1971, année de mes 4 ans.

De cet arbre  porté de l’histoire, l’une écrite et l’autre silencieuse, deux nids sont là, Denis est là…

Les lettres sont les formes de l’écriture.
Tu m’as dessiné à la forme de tes pensées. Tu savais mon arrivée de cette croix marquée au 20 janvier, la croix symbolique du fils au père des Saintes Ecritures. Aucunes expressions, aux portes de tes lèvres closes, ne laissent transpirer la sève de ta croix. Je crois, à la douceur du sang de tes veines charnelles et sculptées sur le haut de tes mains et de tes bras, et à l’amour jamais dit mais montré de ton regard. Nos regards se lient à l’écriture d’un « Je t’aime PAPA », dit un jour à l’envolée, vers un lent demain… Tes yeux ont écrit la larme de ton cœur remplit d’une rudesse de la vie.

J’aimerai entendre l’histoire du pas sage de Ta vie. Le pas sait et s’écrit au présent pour demain.

Des ruines à démolir à l’histoire d’une maison à reconstruire donnent un sens aux lettres, au-delà des mots à lire, pour écrire le chapitre de notre livre. Je suis le chapitre suivant, emboîtant le pas au tien. Mais il manque le chapitre précédent le tien. Du moins, tu en connais la teneur, tu l’as lu mais pour moi il est écrit à l’encre invisible au son d’une langue étrangère.

Les paroles s’en vont mais les écrits restent comme le mal s’en va et le bonheur reste d’un amour grandit dans l’ombre de l’Hêtre, notre arbre de vie. A l’automne de ma naissance, les feuilles mortes sont les lettres vivantes de ma Vie belle et ensoleillée, écrite d’une part de Toi.

                        Merci Père
                            Mère si Père ….