Forum Grand Corps Malade et slam

L’ivresse aux deux visages, longtemps fut l’évasion, l’excitation
Besoin de dépasser le quotidien, un appel  du large, une risée iodée
L’incarnation du mot destin, routes parallèles et chemins incertains
Elle se mua en prison, adopta les signes et codes de l’abandon
S’accoquina avec la déchéance dans d’interminables errances
Côtoyant la souffrance quand elle est occultée, dans un champ de désolation

Elle alternait les doutes et les joies, l’ivresse oscillée comme la girouette sur le toit
Par fort vent elle se voulait résistante, par temps d’humidité plus distante
Son humeur alternait, et ses journées avaient parfois des couleurs d’espérance
Mais la grisaille a des ressources et sait se faire insistante
Cette dualité dépassait les stades de sa progression, en étincelles bien réelles
Et donnait l’impression qu’elle n’offrait de ses faces exposées, bien des interrogations

Elle n’avait pas de règles, rebelle et fière de l’être, avec de belles paroles
Elle attirait autant qu’elle pouvait faire flipper, c’était son prix à payer
A défaut de la comprendre, où de saisir sa dominance,  elle imprégnait les corps, les esprits
Paraissant cruelle aux regards omniprésents, des êtres bien pensants
Mais intemporelle, pour ceux évidemment, qui aime ce fourvoyer avec elle
Comme une amante adulée, une dulcinée imaginée, une muse  protectrice

Egérie des humains, l’ivresse et ses deux visages naviguait au gré des flots
Goélette sur des eaux limpides, chalutier en mer déchainées, canot de survie
Paquebot pour privilégiés repus, iles désertiques sous latitudes extrêmes
Ses différentes morphologies s’acclimataient, ou carrément se détestaient
Chacun en avait fait un rivage, un mirage, la fuite de l’âge, et autres adages
Mais longtemps encore l’ivresse accompagnera l’illusion, par ses multiples tentations