Forum Grand Corps Malade et slam

Je suis un affamé enfermé à l’infirmerie,
Témoin de l’infamie de ce monde enflammé.
Je ne suis qu’un fou et parfois,
On me demande si je suis un arabe ou un kabyle
Alors que j’erre dans un monde délabré et débile.
Peu importe d’où je viens ou ce que je sais,
C’est de l’encre acide et sèche que je saigne.
Tu peux remballer ton nom et ton or,
A mes yeux seules tes actions t’honorent.
Non, je ne suis pas un poète de bibliothèque,
Ce sont les mots de nos vies qui trottent dans ma tête,
Les sons de certains textes ont déclenché ma quête.
Bien que je ne sois ni Rimbaud ni Verlaine,
Je tague sans peine la poésie moderne ou ancienne
Et ce, depuis la CPPN.
J’ai posé mes lettres l’une après l’autre
Du soleil levant jusqu’à l’aube,
Sous la lumière d’un clair de lune
Où sur un banc à Barcelone,
Là où je peux mes mots résonnent
Et à chaque fois mon cœur frissonne.
Je ne suis ni un artiste ni un arriviste,
Je me fous de mon nom en haut d’une liste,
Je ne veux pas finir comme un clown triste
Versant des larmes seul sur ma piste.
Écrire est un combat !
Un combat pour dire qu’un coup bas peut te faire grandir,
Ou qu’un copain peut t’anéantir.
Un combat pour dire que je vibre quand je me livre,
Que mon esprit est libre quand mes mots le font vivre.
Un combat pour dire qu’à terre je toucherais quand même les cieux.
Que je méprise les politiciens aux sourires fallacieux, 
Qu’ils ont dans la bouche le goût glacé de l’acier
Et qu’en aucun cas on ne peut les gracier.
Trop d’humiliations, trop de vexations, trop de frustrations,
Un jour il faudra bien payer l’addition.
En attendant j’écris,
Pour remercier les activistes du verbe d’avoir bien voulu nous faire évoluer,
Pour dévoiler le visage du vice et de la vénalité
Et pour conduire les volontés inavouées vers leurs finalités.
Même si je ne suis pas dans la réalité, que je ne fais pas de la qualité,
Je veux que le vent gonfle mes voiles et me fasse voguer sous les alizés,
Et tant pis si je vole à l’aveugle et que mon atterrissage n’est pas balisé.
En attendant j’écris,
Parce que je me souviens chaque jour des fantômes de mes doutes 
Que mon dernier trophée n’est pas encore accroché
Et que déjà d’autres démons commencent à s’approcher.
Mes armes ne sont pas encore rangées
Et je sais que la peur n’évite pas le danger,
Aussi je bombe le torse, hausse le ton et la tête,
Je prie pour faire briller mes lettres,
Pour me protéger des mots morts décharnés
Et d’une poésie acharnée qui pourrait me ronger.
Je prie pour stopper l’assaut d’un démon aux dents longues,
Il lorgne ma citadelle pour la faire sienne,
Car dans sa nuit elle étincelle.
Il veut que je m’empare de la lumière
Et ne me dit pas ce que je peux en faire.
Mais je fais face, le verbe à la bouche,
M’assurant que jamais il ne me touche.
Mon cœur est vaillant et mes sens veillent
Tels des sentinelles protégeant une merveille.
Je défends l’écriture pour que tous puissent y trouver refuge,
Pour que chaque être libre puisse y déposer ses mots.
La poésie n’a pas de trône pour ses maîtres,
C’est une arène qui fait apparaître par les lettres
Un peu de l’âme de celui qui y pénètre,
Malheur à moi si je la convoite pour la compromettre.