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Bonsoir à tous,
Je vous fait partager ici un ancien texte maladroit mais sincère
*
Le monde humain, en joie ou en feu, se consume au milieu de la nature, ce décor toujours imperturbable, qui offre, paradoxalement, ses plus pures beautés lorsque l’homme effrayé, aux yeux exorbités brûle sous les fanfares des bombes…
Avez-vous vécu la nuit du 5 au 6 juin 1944 ?
Avez-vous vu cette mer d’huile, silencieuse, au lever du soleil du 6 juin 1944 ?
Cette mer constituée par des milliers, des millions de gouttes, douces et transparentes, resplendir dignement de mille nuances d’orange et de rouge et s'ouvrir en des vagues fendues par des vaisseaux guerriers ?
Des bateaux à la stature grise, terne, à la silhouette de plomb, tranquille, étrangement muette sous les bruits plus lointains des avions.
Avez-vous vu ces vaisseaux avancés lentement vers les plages françaises de Normandie ?
Des bateaux pleins d’hommes qui contemplent, pour une dernière fois, immobiles, sous le souffle léger de l’océan, l’aube et sa boule de feu au contour si net, suspendue, à distance d’œil, à quelques centimètres de la ligne d’horizon…
Un horizon qui ne signifie plus pour eux qu’une bande blanche vers la mort...
Et partout, dans l’air, encore cette obscurité de la nuit, cette poussière d’océan bleue sombre, bleue d’ombres, bleu terriblement dur, résigné comme l’œil de cet homme couché dans une civière, après le débarquement.
A ce bleu de l’ombre j’ai demandé en vain, pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi le néant ? Quand tout un homme ne tient que dans sa vie ? Pourquoi tous ses regards vides quand les cœurs sont pleins et palpitent de vie ?
Parce que nous sommes, à ce moment-là , plongés dans la nuit du 5 au 6 juin 1944… Cette nuit d’éternité…Où une sombre folie s’accomplit dans le plus parfait, le plus calme consentement général...
Ils courent, pour la plupart au sortir de l’adolescence, ils courent à la boucherie.
En silence, en prière, sans espoir, avec effroi…
Leur cœur est aussi lisse et glacé que l’Atlantique, leur visage blême forment des profils obscurs sur les cieux en feu du début du jour.
Pour nous ? Pour la France ? A la boucherie ! Sans un mot ! Sans une révolte ? En arrivant sur les plages, il y aura 250000 morts, et les hommes des premiers bateaux, ceux que nous suivons, n’auront été que de la chair à canon.
Ah ! Ces bateaux de fer, ces bateaux d’acier, qui glissent lentement sur l’Atlantique. Ah ! Ces tombeaux d’acier, ces tombeaux de fer, ces tombeaux vivants qui vont, avec une fermeté implacable, s’ensevelir sur les plages normandes ! Tous ces hommes embarqués oublient, dans ces instants de terreur, qu’ils courent à la mort pour la liberté, pour libérer la France et le monde entier du Nazisme, du Fascisme… Car qu’est-ce qu’un concept en face de cette réalité qui anéantit toutes les autres, cette réalité que l’on nomme la mort ?
Tous ces hommes ne savent qu’une chose, ils vont mourir, demain, dans le jour nouveau du 6 juin 1944… Leur vie s’achèvera dans les cris et les corps mutilés, dans l’horreur et le vacarme terrifiant de la guerre…
« Vive la république ! Vive la France ! » , pensent-ils ? Non. Mais « Dieu, prenez pitié (puisque mes semblables m’envoient sans état d’âme à l’abattoir) et demain, sauvez-moi, sauvez ma vie !… Je n’ai qu’une vie, je ne suis que ma vie !… Laissez-là moi… Je sens les griffes de ce destin effrayant se refermer progressivement sur moi et tétaniser de plus en plus mes chaires de silences… Mon cœur bat à la chamade, peut-être explosera-t-il avant les bombes… Ne me séparez pas de ce que j’aime… Je ne veux pas mourir, non, je vous en supplie, demain, je ne veux pas mourir... L’Humanité, c’est donc cela ?!»
…
Libération de Paris : 25 août 1944.
Bilan de la guerre 39-45 : entre 40 et 52 millions de morts.
Le saviez-vous ?
Pour votre liberté, entre autre.
Mais surtout pour la folie des hommes, pour leur puissance meurtrière et destructrice, pour la politique, pour des territoires.
Le peuple n’est que le bras de ceux qui dominent.
De la chair à canon, vous êtes, si l’Etat le décide.
*
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Ouf ! Ficelle ! J'ai des frissons ! C'est une page si lucide qui nous met face à la réalité, à l'horrible réalité de la guerre qui est une grande "boucherie". Tant de jeunes, dans la fleur de l'âge, à être déchiquetés par les obus... 250 000 morts en une nuit.... 52 millions de morts pour rien... S'offrir en cadeau aux canons!!!! Tu m'as fait revivre en détail cette nuit d'enfer, les enfers de toutes les guerres... Oui, Nous ne sommes que "chair à canon" si les gouvernements le décidaient aujourd'hui ! Depuis, combien de fois on a dit : Plus jamais la guerre... pourtant, il y a eu le Vietnam, le Gambodge, l'Ouganda, le Liban, la Palestine, la Bosnie (au coeur de l'Europe!!!), l'Afghanistan, l'Irak... La liste est encore plus longue... C'est l'hommerie qui aime la guerre... L'homme sans coeur, sans amour, égoïste, c'est ça... Puis, cela continue autrement, tous les jours. On assasine et élimine ceux qu'on n'aime pas du revers de la main, d'un regard... la conscience bien tranquille!!!!! Des enfants tabassent leurs parents, des parents tabassent leurs enfants... Combien d'AMOUR faut-il pour couvrir tout ça et pour être capable de continuer à vivre... ?
Dernière modification par bernard anton Ben (30-03-2010 00:26:52)
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triste realité la guerre partout dans le monde fait des millions de tués quand l' humain comprendra qu'il faut arreter , je ne suis pas devin mais seulement utopiste donc j'ose esperer
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"ces tombeaux de fer" .. très belle image et bon texte, merci
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Ficelle bravo pour ta sensibilité et ton regard sur cette période, sur cet évènements, il ne faut pas que les générations oublient ce dont sont capables les hommes. juste si tu permets, ce jour là , il faisait tempête et la mer était loin d'être d'huile ...si tu permets il ya a quelques temps j'ai également écrit sur de sujet .
6 juin
Longue plaine engazonnée, monde du silence,
Ultime témoin d'une terrible sentence,
Longue plaine où ne fleurissent que les croix blanches,
Parle nous toujours de ceux qui ont franchi la Manche.
Ils savaient que celui que l'on nommait ennemi
Etait bien armé, qu'il n'y aurait pas de cadeaux,
Que la bête sommeillait dans l'homme asservi
Et se réveillerait à la vue des premiers bateaux.
Ils s'appelaient Fred, Harry, Tom ou bien Georges,
Ils avaient tout juste une vingtaine d'années,
Ils savaient qu'ils combattaient pour la liberté,
Mais sur la plage, les cris s'étouffèrent dans leur gorge.
L'horizon verrouillé par d'imprenables falaises
Vomissaient de la grenaille et de la mitraille,
Tandis que les péniches s'échouaient vaille que vaille,
Vidant leurs entrailles humaines dans les braises.
Qui peut se retrouver en enfer encore vivant?
Qui peut penser une telle effusion de sang?
Le corps des hommes déchirés, brulés, arrachés
Par le fer et le feu, par le pire des péchés.
Pourquoi ? Pourquoi autant de folie et d'horreur
L'un à défendre une cause entachée de malheur,
L'autre à défendre la liberté, le bonheur ?
Pourquoi tant de vies pour un manipulateur ?
Longue plaine engazonnée, monde du silence,
Ultime témoin d'une terrible sentence,
Garde nous toujours le prix de la liberté,
Le prix à payer pour que chacun vive en paix.
Longue plaine engazonnée, monde du silence,
Ultime témoin d'une terrible sentence,
Rappelle nous toujours, que si l'homme peut tuer,
Il peut aussi aimer, sauver et délivrer.
Vincent Vandekerkove
Merci du partage, nous ne serons jamais trop nombreux pour évoquer ces souvenirs et parler de ceux qui sont tombés pour notre liberté.
Vincent V
pour faire suite a ce sujet j'ai ecrit un texte pour ne pas les oublier
MONUMENT AUX MORTS
Un jour peut être, un jour surement
Vos yeux vous guideront, vers le monument
Alors devant cette liste de noms
Que certains ont connus, d’autres non
Mais que vous lirez sans appréhension
Vous pourrez imaginer, quelle dévotion
D’être mort pour la patrie, en son nom
Vous serez confronté à une triste réalité
La guerre et ses méfaits, ses morts par milliers
Héros d’un jour héros pour toujours
Même s’ils avaient prévue de mourir un autre jour
Même si la fleur au fusil n’a pas éclos
Même si tous les mots ne sont que des maux
Cette liste est une litanie qui mérite le respect
C’est quand les libertés sont supprimées
C’est quand le pouvoir veut tout contrôler
C’est quand les hommes ne savent plus ce qu’ils sont
Que les morts de la guerre font leur apparition
Qu’une stèle est érigée en leur nom
Que des larmes sont versées, éplorées
Des familles et des amours partis en fumée
Monument aux morts, dans ta commune
Dans ta ville, dans nos cœurs, dans leur souvenir
La guerre n’est pas la solution, ni une façon
D’accepter nos contradictions dans le sang
La vie n’a pas été donnée pour cette aberration
Rien ne justifie ces actes, de marcher en rang
Paix a leurs âmes, à leurs corps, a leurs dévouements
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Merci à tous...
Vos réactions sont très touchantes et vos mots en mémoire de ces hommes superbes !
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oufff ca prend au tripes
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je me souveins du témoignage de Capa qui disait que la mer était rouge....
Beau texte, et belles réponses.
Plus jamais ça, dit on...Ici, peut être... car nous n'avons plus de richesses. Mais ailleurs? on nous dit que les prochains conflits seront pour l'eau. Mais aussi pour les énergies de demain, les métaux pour nos teléphones, le carburant pour nos voitures...
Des conflits aussi pour les idéaux...
Conne dit Ben, l'homme aime la guerre, et surtout le profil qu'il peut en tirer
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