Forum Grand Corps Malade et slam

Le Passé retient l'Avenir en otage
Un flingue sur la tempe, chargé aux rêves il a la rage
bâillonné aux souvenirs, séquestré dans un mirage,
L'Avenir veut déguerpir mais menotté d'espoirs
Il s'agite et transpire, il ne peut pas sortir de cette histoire.

A coups de surin, le Passé dépassé torture le Futur
Ce fils de putain tabasse des projets à coup de "je reviens"
Armé de caresses il rouvre les blessures et le plante de "je t'le jure"

L'Avenir se débat et voudrais hurler,
Ca sert à quoi tous ça il vaut mieux oublier
Dans les souvenirs le pire c'est toujours de s'mentir
Croupir dans les soupirs c'est pressentir qu'on va pourrir..

Mais les illusions sur sa gorge nouées sont trop serrées
Elles le lacèrent et l'enserrent de remords acérés,
Le Futur vénère galère à respirer
Et le Passé vermoulu de regrets
L'observe suffoquer sur son tabouret.

Puis il s'approche de lui, l'asperge de promesses oubliées,
Gamberge un moment, craque une allumette d'amertume,
Frotte son barillet,

Il présume que si le Futur crame et se consume jusqu'à la trame
Les cendres posthume de se macchabée il les sniffera sur le macadam
Tirer un dernier trait et succomber, il assume
Ne plus exister laisser tomber il résume :
En immolant le Futur il se placera entre le marteau et le bitume..

C'est se moment moisi que choisit le téléphone pour sonner ,
L'allumette noircit de moitié dans un main,
Le passé décroche, lâche un "Putain ! "
La flamme de la vengeance démissionne et s'éteint,
A travers le combiné résonne la voix de leurs frangin ..
C'est le Présent, il a eu vent de cet enlèvement,
Il espère arriver à temps pour dissuader le Passé
Son frère ainé de buter le petit dernier et d'se suicider.

Il lui dit alors doucement :
" Si tu pars les pieds devants
Et qu' t ' embarque l'Avenir dans ton enterrement
Je fais comment ?
Tu crois qu'je vais me soigner aux Carpe Diem ?
Que profiter du jour présent calmera ma peine ?
A trop ruminer ta haine t'es même plus capable de voir qu'ont t'aiment .
T'as pas compris que t'es plus qu'une photo jauni
Dans un vieil album de famille ..
T'as oublié les châteaux de sabliers qu'ont bâtissaient quand ont étaient p'tits
Les pages du calendrier qu'ont déchiraient en confettis ..
Notre existence est fondée sur les conneries de ton enfance
Pour nous c'est tout simplement de l'expérience .
Tu veux tout ruiner, tu veux te suicider
Le futur ne te la pas encore dit,
Mais l'amnésie c'est ce qu'il y a de pire pour se construire une vie .."

A ces mots le Passé blêmit et se décompose ,
Prendre conscience que tout est bien finit ça le laisse tout chose.
Il raccroche .
Le discours brioché de son frère lui donne la nausée
Faut qu'il boive un verre de nostalgie pour s' calmer et cogiter .

En un instant sa vie défile comme un JT de 20 h,
Spectateur de ses erreurs, paralysé  par la peur
Il sait que sa dernière heure se compte  en minutes
En mettant fin à son programme il mettra fin à sa lutte .
Seul, sans audimat
Tout le monde se foutra de son échec et mat ..

Il voulais mater le Futur,
Faire un rature sur son frangin mais c'est trop dur
Loin de la côte d'azur son navire de certitudes à démâté,
Prêt à chavirer le roulement du barillet se fait entendre dans son pistolet .

Il se tire une balle de mélancolie, gît sur la parquet .
C'est une hémorragie de rêverie, une mort instantané.

L'Avenir hésite entre rire ou pleurer
Une flaque de rêve vient lui lécher les pieds,
Il y voit dans son reflet, les souvenirs qu'il ne pourra jamais se construire.
Il se met à chialer.
En trépassant, le Passé vient de condamner sa destiné .