Forum Grand Corps Malade et slam

Aujourd'hui 16 novembre 88
J'ai reçu ta lettre à Prague
Telle des rafales de vague
Qui m'annoncent ton départ
Vers le pays des phares
Un endroit mieux qu'ici
Depuis ces pluies de vie
Dans lequel je suis encore
Avec pour seule amie la mort
Et comme douce musique
Cette poudre chimique
Qui scintille dans le ciel
A la couleur du miel
Le seul aspect positif
D'une guerre au rouge vif
Entre des ennemis jurés
Qui me prend ma bien-aimée!
                ....
Mon amour je t'ai pleuré :(
                ....
Mais tant de choses à te dire
Pourtant me voilà qui soupire
Tu m'as quitté à tort
Comment puis-je être fort?
Dans ce sombre décor
Avec cette seule lettre
Qui me laisse « prête »
Sur un sort de damné
Accompagné de mon armée
Lancé au front slovaque
Pour l'ultime attaque
sans coeur sans peur
J'en suis toujours vainqueur
Mais à quoi la victoire
Tu ne seras pas au manoir
A fêter en retard
Un anniversaire batard
Toi et moi côte à côte
Avec nos quelques potes
Comme à notre habitude
Un univers de béatitude
Jamais l'un sans l'autre
Il a fallu me l'enlever
Dans l'objectif de me punir
Faire du mal c'est souffrir
Alors mettez-moi l'auréole
De toute façon tout s'envole
Même ma force de vengeance
Il y a eu trop de violence
             ....
Et même pas pour toi
Toi qui faisais mon toit
Ma chair et mon sang
Malgré les vieux temps
Aujourd'hui je vis une misère
J'espère que t’as pas souffert
Mais je les crois trop chien
Pour s'occuper du mien
Mon amertume est immense
J'aurais aimé ta chance
Tu méritais vraiment pas ça
C'était pas ton combat
Encore moins nos projets
Je deviens quoi maintenant?
A part à tout jamais
Un prisonnier du temps
Sur ces ruines « ancestraux »
A pleurer en solo
Mon manque terrible
De l'ange irrésistible
Qui me rendait invincible
Mais sans toi à la maison
Je n'ai plus aucune raison
D'y retourner un jour
             ....
Mon monde s'arrête avec toi
Ma lettre avec moi
Qu'elle puisse faire le tour
De ces futures générations
Qui la découvriront
Sous différentes proses
Pour en retenir une chose
Pas ma triste histoire
Mais la guerre et ces déboires
Tout le mal qu'elle produit
Même en honorant son pays
Alors et malgré tout part respect
En tant que chef j'irais
Au bout de la fin
Tel un mort de faim
Avec pour espoir
Le dernier souffle de gloire
Et te rejoindre au paradis
Là où tout est béni