Vous n'êtes pas identifié.
J'ai 20 ans.
Je m 'appelle Julien Payet, j'ai 20 ans
Je vous écrit cette lettre pendant un court instant
Où la bataille a cessé.
J'essaie de faire aller
Mes doigts
Sur le papier
Malgré le froid
Que vous compreniez que mourir n'est pas un droit.
Je n'ai pas choisi d'être ici
C'est le destin, le hasard de la vie
Dans quelques heures
Nous monterons à l'assaut
J'avoue que j'ai peur
De me retrouver en morceaux.
Je ne comprend pas très bien ce que je fais lÃ
Avec ces hommes, qui comme moi
Voudraient tout quitter
Pour aller danser à Saint-Germain des Près.
Je me rappelle de ces lampions
De ces ruelles où nous marchions
Avant de recevoir notre ordre de mobilisation
Nous battions le pavé, à chanter, à rêver
A celle qui le soir venu
Se laisserait embrasser, ennivrer
Par un bel inconnu.
Au lieu de cela, autour de nous tombent
Des tonnes d'obus
Qui creusent un peu plus
Notre tombe
Qui fredonnent
Un air qui résonne
Au dessus des Poilus.
Hier Martin est mort
D'une salve en plein corps
J'ai fermé ses yeux avec ma main pleine de boue
Une seconde avant il était debout
Pas le temps de comprendre
Que son être s'est fait étendre
par le tir nourri de l'ennemie
La mort, en pleine jeunesse l'a surpris.
Malgré le sang qui coulait
Il voulait encore parler
"Dis à ma Maman que je l'aimais"
Puis ll s'est mis à trembler, à paniquer
Martin, il aurait bien voulu rester
Mais la "Faucheuse" l'a kidnappé.
La nuit nous a rejoint
Déployant son grand manteau
Sur les tranchées de Verdun
LÃ -bas au loin, passent des ombres
Celles des acteurs d'un scènario beaucoup trop sombre
Nous sommes Français, ils sont Prussiens
Avouez que franchement nous n'y pouvons rien
Je ne les connait pas ces garçons qui comme moi
Aimeraient être chez eux par ce grand froid.
Noël approche
Je serai peut-être chez mes Parents
Assis à la fenêtre ou dans le divan
A moins qu'une baïllonette m'embroche
Dans un assaut final
Et que la mort m'invite à son grand bal.
L'aurore se profile sur la pointe des pieds
Finie la trêve
il faut y aller
je dois me battre,
A moins que je crève
Dans ces tranchées
ca ne sert à rien de se débattre
Les dés sont pipés
Des Généraux ont décidé pour nous
Que sur cette planéte, la vie ne vaut pas le coup
Ils ne connaissent même pas mon nom
Ne croyez pas que je sois un héros
Demain, dans la brume
Sur le fronton
Ils graveront un numéro
A moins qu'ils exhument
Mes papiers d'identité
De mon corps déchiré.
Il pleut, je ne la verrai pas arriver
Tant mieux
Qu'elle me prenne sans crier gare
Que je sombre au plus vite dans le noir
Une balle entre les deux yeux
J'ai tellement mal que j'en suis presque envieux
Je m'appelle Julien Payet
J'ai 20 ans...
Dernière modification par fab02 (24-07-2009 23:30:08)
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Très beau texte, me rappelant le dormeur du Val de Verlaine.
J'avais fait un texte le 8 mai dernier sur mon blog en découvrant une vidéo sur le net retraçant l'histoire des troupes Australiennes venues en renfort en France pour les grandes guerres. Je souhaitais par ce biais leur rendre un modeste, mais fervent hommage et à travers eux, à tous ceux qui sont venus de près ou de loin aider le peuple français quand il en avait besoin.
Je ne citerai que la conclusion :
"les violences appellent les violences et la terreur engendre la terreur, espérons comme l'on pensait en 1918 que cela soit la dernière. Il est utopique de croire à la paix partout pour toujours. L'âme des soldats est d'être garante de la paix pour jamais n'avoir à se battre, car il n'est pas si facile de faire la guerre..."
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Respect pour tous ces jeunes oubliés qui ont été broyés par quelque chose d'horriblement inutile..
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la guerre obssession des hommes
j'avais ecris ce texte lors d'une des nombreuses guerres qui secouent la planete
Toujours les mêmes sons, toujours les mêmes obus
Population sous les bombes, Population au rebus
Conflits d’intérêts, les vies après, la mort encore
Guerre politisée, enfants massacrés, tristes décors
Religion, économie, ethnies, rien ne se justifie
Rouge le sang qui coule de ces corps sans vie
Humanité a tu évoluée que pour mieux régresser
Dérive annoncée par manque d'estime généralisé
Naître, magie de l’amour, incarnation du destin
A peine nés pas le temps de respirer, fin du chemin
Hécatombe par millions, ou génocide annoncé
Pas de vainqueurs, pas de vaincus, un carnage
Sentiments d’une tuerie d’un autre âge
Survivants, quelle douleur d’un désespoir si imprégné
Larmes versées, Pardonner sans oublier, et prier
Stèles du souvenir érigés, tous ces noms gravés
Demain si la paix devenait notre alliée bien aimée
Dernière modification par nouga (25-07-2009 09:49:44)
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très joli texte pour décrire une horreur....oui rappelant le dormeur du val!
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merci pour vos compliments; je vais de suite essayer de trouver ce texte que vous citez "le dormeur du val" de verlaine. je suis curieux de voir ce qu'avait écrit ce grand poéte. Comme quoi les slameurs d'aujourdhui ont des inspirations communes avec ceux du passé.
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je viens de trouver le texte qui en fait n'est pas de Verlaine mais de Rimbaud.
Il est tout de même bien différend du mien hormis qu'il parle d'un soldat touché par deux balles et j'avoue que la lecture est un peu comme dire ? difficile pour moi, vive le 21eme siécle et son écriture mais respect pour nos prédécesseurs faiseurs de vers et de rimes, à chacun son époque.
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Eh oui, c'est un lapsus, c'est Rimbaud, bien évidemment. Je ne devais pas être bien réveillé.
Verlaine c'est plutôt : "les sanglots longs des violons de l'automne, blessent mon coeur d'une langueur monotone...".
en précède théoriquement :
"Pom Pom Pom Pom, ici Londre, les Français parlent aux Français, message à caractère personnel ...."
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austral-didjeridu change rien t trop fort !!!!!
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