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Théoriquement, le poète joue dans l'humanité un rôle bien particulier. Par exemple, les habitants analphabètes de plusieurs petits villages au Mexique vont à toutes les semaines écouter le Poète du village qui tel un oracle fait le pont entre le visible et l'invisible... de la spiritualité à l'état sauvage dont s'abreuvent les âmes simples.
Un jour, j'ai demandé au vieux poète Guy Mauffette (qui au Québec a consacré sa vie à la poésie) : "Est-il vrai qu'un poète ne peut être qu'un être à part ?" Il resta un moment interdit, puis dit :" C'est un marginal même parmi les plus marginaux..."
CHANT DE LA DISSIDENCE
Cette vie n’est pas la mienne
Se sauve, s’échappe de moi
Se perd, me glisse des doigts
Sans que rien m’appartienne
Dans le vide, elle s’élance
La vraie vie est plus belle
Ailleurs, en parallèle
En douce, au coeur du silence
Cette identité n’est pas la mienne
C’est un vêt’ment qu’on m’a prêté
Pour que je sois habillé
Pas nu, pour que jours, nuits viennent
Et que je sois à l’abri
Anonyme, effacé
Invisible, étranger
Sous le manteau de l’ennui
Ce corps n’est pas mon corps
Il m’est vendu à crédit
Indexé au prix de la vie
Il est la propriété de la mort
À régler en paiements égaux
Cette nacelle, cette coquille
C’est mon havre, mon île
Ma guérison, mon bateau
Ce pays, cette terre n’est pas à moi
Je dois la traverser, l’user
Mais le départ est retardé
Ces lacs empoisonnés, ces lois
Ces guerres le sont pas en mon nom
Je n’suis que le berger
Que l’enfant du berger
Qui dessine des moutons
Ce coin perdu est à moi
Ce dur désert est le mien
Ma vérité, mon chemin
Cette terre infertile, ma joie
Et ma seule façon de vivre
Ma liberté, l’unique compagne
Me rassure, m’éclaire, m’accompagne
M’enseigne l’amour qui seul délivre
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Effectivement!!!
Très bon texte, moins nihiliste sûrement!!!
J'y retrouve ce ton introspectif, la solitude que ça engendre...
Merci pour ce texte, j'adore la façon dont les images sont tournées!
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Salut Pierre, quelle belle question, le poete est il un homme "normal" ? ou commence la normalité et la marginalité ? qui ecrit quand le poete lance ses mots ? j'ai déja beaucoup cité cette phrase de Rilke " Ecrire c'est entrer en communion avec des forces supérieures, et c'est déja beaucoup de dire que le poete en est alors l'humble secrétaire" ... Pierre tes mots sont interrogatifs dans leur affirmation ou plutôt leur négation ... comme une quête d'absolu ... dans la plus grande humilité " Je n’suis que le berger, Que l’enfant du berger, Qui dessine des moutons"
Merci Pierre
Vincent V