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Lettre au soldat inconnu.

     

Je t’écris cette lettre, elle est gardienne de notre promesse. Les choses sont devenues dures dans cette errance entre les murs. Le souffle de ma vie s’échappe avec le temps et à mesure, nos histoires de soldats me minent, je veux dire, j’ai la sensation que le monde s’obscurcit même si je sais, que rien ne s’obtient facilement. Notre guerre est devenue stupide nous nous laissons entrainé par le vide et j’ai peur, peur de perdre mon âme de poète dans cette lutte contre le temps et le monde qui tourne avec fureur. Je crois, qu’il faut prendre cette époque comme une épreuve. Sinon nous ne nous redressons pas de la chute certaine vers laquelle nous allons. Il est nécessaire de faire machine arrière…
    Quel monde laissons-nous aux générations qui viennent ? Il faut redonner l’espoir au gens. Notre existence n’est pas à démontrer, nous sommes là. En tout être vit et danse la force de changer ce qui est fait, ce qui fut et de construire ce que sera. Nous ne devons pas céder à la haine et la peur devant les armées de la bêtise. Se soumettre ou s’avilir à nos instincts bas et notre violence nous conduit inévitablement vers une fin sinistre. Je veux croire en la vie, en l’homme, en nous. J’aspire à l’intelligence comme seule rempart à leur mensonges, leur bestialité, masqué de grandes causes. Je crois que vivre est une demeure où chaque individu à sa place. Certains sortent avec l’angoisse de trouver autour d’eux l’hostilité de l’autre, mais ils se trompent. Nous sommes sujets au court du temps et à d’innombrables transformations. Mais cela ne doit pas nous perdre dans la défiance ou la méfiance, nous devons prendre la mesure de ce qui à été accompli, jusque là et composer avec nos espoirs de rendre meilleur demain.
    Ce sont quelques mots que je veux te laisser. Pour que toujours nous puisions garder en tête notre promesse de faire le mieux, même quand cela parait être dérisoire. Un jour, quand viendra mon tour je voudrais que ma vie me regarde comme quelqu’un de bien avant que je parte moi aussi de la demeure avec sagesse et fierté. Cela semble ordinaire mais je ne peux me soustraire à cette promesse que j’ai fait à la vie. Nul n’aura de droit sur moi, tant que je croirai dans les forces que l’homme est capable de déployer pour arrêter l’horreur et la tyrannie. C’est pour cela que je t’écris, pour ce que tu représentes aux yeux des gens et ce que cache ton silence.