Forum Grand Corps Malade et slam

Dédié à toutes les Chantal Sébire & Vincent humbert. PEACE


Je sens encore la douceur du vent qui me caresse le visage,
Le parfum de ce printemps qui roule sur mes pages,
Je me souviens encore du temps où je pouvais courir,
Je me souviens encore du temps ou je pouvais sourire,
Je me souviens aussi de vous heureux à mes côtés,
La vue du bonheur sur vos visages j’avoue va me manquer,
J’étais jeune et ambitieux, volontaire chez les pompiers,
Je m’évertuais chaque jour à faire au mieux, et ainsi vous aider,
Je me souviens maintenant de ce dimanche 24 septembre,
Le jour de mon accident, le début du désordre,
Un camion imposant ainsi que sa remorque,
Ma voiture soudain fuyant, et la vie qui m’extorque,
Le choc et la violence de l’impact je ne m’en rappelle pas,
Mais mon cerveau est resté intact malgré neuf mois de coma,
A mon réveil tout s’agite et je ne comprends pas,
Je veux juste partir très vite, retrouver maman et ses bras,
Je me rends compte finalement qu’en fait je ne vois pas,
Ce n’est pas juste un pansement qui plonge le noir autour de moi,
J’essaie alors de crier mais on ne me répond pas,
Pourtant je vous assure que j’essaie mais je n’y arrive pas,
Et soudain j’entends sur le côté « mon chéri  je suis là »,
C’était maman je le sais, j’ai reconnu sa voix,
Elle paraissait stressée, je lui demandais pourquoi,
« Mon fils tu sais, c’est ta maman, il va falloir être fort »,
Et c’est en pleurant qu’elle me parle de mon corps,
Mon corps, je ne sais plus si le mot est juste,
Car tout semble mort tout autour de mon buste,
Mes jambes ne répondent plus à l’appel de ma tête,
Mes bras eux non plus ne font plus un seul geste,
Mes yeux sont biens ouverts mais je ne sais plus voir,
Que suis-je encore capable de faire ici dans ce trou noir !
Je dois même réapprendre l’alphabet,
Mais je peux compter sur maman c’est elle qui va m’aider,
Pour je ne sais qu’elle raison j’arrive malgré tout à bouger un pouce,
C’est lui qui traduira le sens des sons qui sortent de ma bouche,
C’est avec ce même doigt qui réagit à l’appel de ma tête,
Que j’écrirai de sang froid au président cette lettre,
Cette lettre qui reflète désormais mon dégoût de la vie,
Car mon handicap empiète sur toutes les belles choses de celle-ci,
J’ai dû me résigner à rester dans un lit, bien sûr maman est à mes cotés mais ce n’est pas une vie,
Je m’en remets donc à vous monsieur le chef de l’état,
Vous seul pouvez m’aider aux yeux de la loi,
Tous mes sens vitaux ont été touchés à part l’intelligence et l’ouïe,
Certes j’ai encore ce confort mais je ne veux plus souffrir,
Monsieur vous avez le droit de grâce, moi je vous demande le droit de mourir,
Je voudrais que vous sachiez que vous êtes ma dernière chance,
Ne me laissez pas supporter encore d’autres souffrances,
Je ne mérite pas un scénario aussi atroce,
J’espère que vous lirez cette lettre issue de mes dernières forces,
Pour finir veuillez agréer mes salutations distinguées,
Et j’espère désormais bientôt pourvoir partir en paix,
La suite des évènements nous à montré que la France n’était pas prête à faire un pas dans ce sens,
Le chef d’état à déclaré « qu’il reprenne goût à la vie, c’est un ordre »,
Mais il ne comprend pas que rien ne peut plus rentrer dans l’ordre,
Monsieur je vous assure que si j’ai fait cette demande,
C’est que je suis sûr de vouloir quitter ce monde,
Je ne peux plus supporter de voir les larmes de maman,
Je ne peux tolérer qu’elle se sacrifie plus longtemps,
Elle est encore jeune et a encore beaucoup de choses à vivre,
Je ne pense pas à moi mais je veux que mon départ la délivre,
Désormais plus le choix, pour faire le bien il va falloir franchir la loi,


Quand la vie malmène et qu’on doit sans cesse la subir,
Quand on est plus à même  de décider seul de partir,
Quand vivre devient un combat, une bataille assassine,
Quand on réclame l’au-delà  car plus rien ne fascine,


Le droit français est toujours aussi rigide quant à l’euthanasie,
Je me rappelle de ce reportage c’étais un mardi,
Je me souviens et tu sais pourquoi, car cette madame sébire,
A le même nom que ma mama tout cela pour vous dire,
Que cette femme, Chantal, pour donner son prénom,
N’a rien à apprendre du courage mais peut nous donner une leçon,
C’est en effet un petit bout de femme au comportement exemplaire,
Qui s’est battu contre ce mal infâme avec une hargne de guerrière,
Mère de famille attentionnée dont le destin est biaisé,
Par cette maladie incurable qui ne cesse de la ronger,
L’esthésioneuroblastome voilà un nom barbare,
Une tumeur sans symptômes d’une guérison illusoire,
Elle voulait dignement partir à l’aube mais nous a quittés un soir,
La France nourrit le syndrome d’une Thanatophobie contradictoire,
Cela fait déjà 8 ans qu’elle doit vivre avec ce mal,
Il est bien loin le temps où sa vie était normale,
Elle a perdu successivement le goût, l’odorat et la vue,
Elle ne peut plus voir ses enfants, qu’est ce qui la retient à la vie,
La douleur, le calvaire l’atrocité de cette maladie,
Qui chaque fois se manifeste par ces hémorragies,
Sa propre fille de 12 ans qui, avec son regard d’enfant,
Ne peut comprendre qu’on ne puisse accompagner sa maman,
L’accompagner vers la finalité, afin qu’elle puisse partir,
Et ce dans la dignité, dans un dernier sourire,
Au-delà de la loi qui en soit mal faite, mourir hors la loi n’est pas ce qui l’inquiète,
Dans sa lettre adressée au président de la république,
Elle demande humainement à ce que ce mal là quitte,
Qu’on l’aide simplement sans risque de poursuites,
Pour l’homme qui justement l’aidera dans sa fuite,
Encore une fois aucune surprise, l’état a des œillères,
A croire qu’à chaque débat on fait un pas en arrière,
Nos hommes politiques ne sont que bien trop peu engagés,
Avec leurs principes moyenâgeux et leur vision étriquée,
Prenons exemple sur nos voisins qui sont biens plus évolués,
Là-bas ça ne bouscule pas les bonnes mœurs que d’être euthanasiés,
Je ne parle pas d’aide au suicide mais de mesures d’encadrement,
Pour qu’une personne pour qui on ne peut plus rien faire puisse partir dignement,
La loi est muette quand il s’agit du suicide,
Mais ici soyons honnêtes la loi française est stupide,
Proposer comme alternative le placement dans le coma,
Ah oui la belle initiative que nous avons là !
C’est adopter sans équivoque la politique de l’autruche,
Car légiférer sur ce sujet est synonyme d’embûches,
Mais il est clair qu’un jour ou l’autre il faudra arriver,
A poser la première pierre sur ce brûlant chantier,
Faire preuve d’un peu de courage mais aussi d’humilité,
Car peu importe l’âge si l’on doit être euthanasié,
Mais combien d’autres témoignages faudra t-il supporter,
Combien d’autres familles devront se déchirer,
Pour que l’état lève le voile de l’illégalité !


Quand la vie malmène et qu’on doit sans cesse la subir,
Quand on est plus à même  de décider seul de partir,
Quand vivre devient un combat, une bataille assassine,
Quand on réclame l’au-delà  car plus rien ne fascine,

Dernière modification par Tikenjahniki (04-06-2012 06:20:51)