Forum Grand Corps Malade et slam

Tout commence par une nuit de pleine lune, une nuit de fin d’hiver
Une nuit comme tous les autres, la vie suivait son cours divers
Comme un petit moment d’égarement dans les cieux, il sonnait 2h 49
Il pousse un cri interprété des hommes par des pleurs, c’est du bluff

Il découvre la splendeur et la lourdeur de ce monde, c’est une première
Tout comme la blancheur des draps de sang et la beauté de cette infirmière
Il était l’objet de stupéfaction, à croire que sur son front était écrit paix
Les anges pleurent et les hommes contemplent sa monture crinière de jais

Mais c’était de courte durée car à 4h, l’enfance frappait déjà au seuil
Et là fallait déjà le laisser brûler car fallait qu’il apprenne tout seul
Il était devenu la hantise, du genre celle qui gène le paternel
Ne profitant plus des beaux moments d’une nuit glaciale avec la maternelle

A croire qu’il ne savait que tout casser, tracasser et encore beugler
Il passait ses journées à déguster l’amour parental au parfum aveuglé
Mais le temps passe, faut bien grandir je crois, faut faire avec
C’est le moment de laisser ses petits jouets pour devenir un petit mec

Alors il a grandi, du moins c’est ce qu’on lui disait souvent, il sonnait 8h 40
Il voulait son indépendance, même de ses économies sa mère était garante
Et quand il n’était pas chez lui, il était à l’hosto blessé après une interception
Il découvre maintenant la laideur de cette même infirmière à cause de ses injections

Mais s’il est dit que la période la plus perturbante de l’existence était l’ado
C’était pas son cas car il savait que la vie ne lui fera pas un deuxième cadeau
C’est à ce moment qu’il découvre le RAP, il écrivait des pages rimes après rimes
Du genre, « tu touches pas à mon crew ou je commettrai vite un crime »

Mais la trotteuse tourne vite, et à 18h fallait qu’il soit à la mode
Fallait savoir se servir de son entrejambes, connaitre les codes
Car pour sortir des bombes, fallait certes avoir le style lyrical d’Aimé Césaire
Mais les poches lourdes or des parents, il n’avait que le nécessaire

A quoi lui servent maintenant tous les diplômes qu’il a tant collectionner
Puisque sur le marché de l’emploi, seuls les ratés sont sélectionnés
Il décide alors de s’enfoncer dans du louche, il appelle ca le buisines
Et quand les keufs s’en mêlent et le perturbent, c’est là que les crises naissent

L’âge ne lui faisant aucune faveur, faut qu’il pense à fonder une famille
Peu importe la région, peu importe que ca soit avec Jemilath ou Camille
C’est le moment de sa vie où il regrette sa soif de pouvoir et sa cupidité
Encore moins ses échecs ses faiblesses et parfois sa stupidité

Et à 21h la vieillesse viendra frapper à sa porte, il n’aura le choix
Et quand on le lui ouvre pas, elle l’a défonce, elle en a le droit
La blancheur de sa barbe autant que la profondeur de ses rides
Témoigneront combien son existence n’a pas été mener dans le vide

Le voilà à 23h, obligé de se tenir droit à l’aide d’une canne
Son ex-corps de Don juan ne répondra plus, certaines fonctions seront en panne
Il n’attend que le moment où il passera cette porte du non retour
De l’autre côté verra t-il cette même infirmière lors de l’un de ses détours ?
Tout finira par cette même nuit de pleine lune, cette nuit de fin d’hiver
Cette nuit comme tous les autres, la vie suivra son cours divers
Il prendra place dans sa dernière demeure quelques minutes avant son départ
Et à 2h 48 par un souffle, je crois le dernier, l’âme et le corps se séparent

C’est l’histoire d’un cycle de vie, d’une existence en 24 heures chrono
Peut être la mienne peut être la tienne, une existence sans créneau
Assez trop court, tu voudrais l’élastiquer, amis impossible que peut tu ?
Espérons qu’à 2h 49, il repoussera des cris pour que le cycle se perpétue