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I
Soir en scie, je sombre ivre. Le temps pianote, aveugle gueulard, sa petite mécanique brise-glace. Deux heures, cent un pas, j’erre immobile, devant le papier, cahier à 2 euros vingt. Livre futur torché de crachats fracassés comme des vagues nocturnes sur la jetée. Jeter ! C’est bien le terme de cette violence muette. J’asperge mes pages grillagées comme un chien sniffe la merde et pisse.
Les échos dévalent la rue, loin de mon repaire…sonorités de pirates qui cravachent le dos gris triste de leurs vies trop amères, pour ressentir l’amertume même de la bière. Je défonce ma tête dans des espaces sans conquêtes, sans contrôles, j’aspire aux ténèbres les plus profonds, comme on se promet d’oublier une sale journée. Quelle maladie j’ai ? Jouer, perdre tout repères, retenir l’envie grotesque de vomir sur le clavier d’ordinateur, je tousse fort, la cigarette m’assassine et chaque latte m’apaise, je suis un sévère taré dans la fureur, alors forcément je passe totalement inaperçu. Le monde est en crise, à croire les conjonctivites devant les vitrines de mode, les yeux brillent, mais les gens on plus d’antidépresseurs dans les poches, que de quinte floche gagnante dans le barillet du destin. Je me sens mal ici, partout de toute façon, je voudrais des alternatives mais je suis dans ma salle privative et je me délecte de mon imaginative. La Lune royaume des fous gouverne, les noctambules, je me sens courtisans, dans cette Venise céleste où des dames sans intérêts pour la vie au de là de leur royale palier, se font si belles. Le monde à leur lèvres rêve d’embrasser un avenir possible dans des ailleurs inaccessible, mais les étoiles rient brillamment, et je suis amer, ma sœur de ne pas te plaire.
Les rivages sous les astres, la mer déferle, puissante ruade. Décor élémentaire ensevelit dans les profondeurs des âges oubliés. Là , cherchant dans les nuages, l’âge de ces gardiens vagabonds, j’erre emporté par ma découverte du Tout. Lacéré, par le froid vent nordique, je me sens d’eux, vikings explorateurs, dans l’arbre cosmique, à la dérive. Parmi l’univers, sans inspiration, lavé de l’orgueil des hommes qui nous pousse à croire, je dirais, je goute dans cet instant roulant et perçant comme la lumière renaissante, l’exactitude.
Les astres ici sont les notes sur la partition d’un orchestre pour ascenseur, débordant dans le silence de ma descente onirique. Je suis dans ce lieu en rime, au centre de cette poésie du vertige, un vieux livre de pierre pèse de son âme en argile sur le pupitre d’un homme masqué et presque intangible, comme si l’éclat lunaire soupirait au milieu des ruines, une présence réaliste, hologramme des forces invisible. Le sage de lumière, nimbé de brume bleue, m’invite à me joindre au mouvement insondable de l’univers.
Puis,
Je voudrais comprendre son histoire dans la langue des nuages.
Mais je me perds dans le flow comme dans un livre sans page.
Parce qu’il ne dit rien d’audible.
C’est comme de la musique timide et sacrée,
Comme un souffle d’énergie, un bourdonnement de la vie.
C’est dans le cœur, les tripes, ça vient pas de lui
Ça converge simplement des dimensions,
Comme s’il n’était que l’expression rageuse d’une existence.
Dans le théâtre de mes souvenirs, je n'y vois plus
Cette neige vespérale m'a perdu dans les ombres
Et de vieilles peines d'antique malheur tombent
Sur mon soir et cela jusqu’aux prochains froids matins.
MoonZ a écrit:
les yeux brillent, mais les gens on plus d’antidépresseurs dans les poches, que de quinte floche gagnante dans le barillet du destin.
Tes images percutent, je trouve ta façon d'écrire somptueuse
La "piece privative" me fait décoller, et me rappelle quelqu'un qui me parlait d'une cour à l'abri des autres où il pouvait respirer, quelque chose qui lui permettait de vivre en tenant un peu debout...
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ce matin j'ecoutais Brigitte Fontaine sur INTER , j'ai cette impression de démesure parfois dans tes textes que je retrouve chez elle
comme le dis Nicole tes images percutent
slogan de Paris Match le poids des mots le choc des photos
bravo ami
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MoonZ a écrit:
les yeux brillent, mais les gens on plus d’antidépresseurs dans les poches, que de quinte floche gagnante dans le barillet du destin.
Quelle puissance! Des mots qui laissent sur le carreau.
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Moonz, là , j'apprécie d'autant mieux cette logorrhée versatile, aux images percutantes et poignantes affublée de ponctuation, ... j'ai pris mon pied à te lire, et mon imaginaire a fait le reste ... mais cela reste noire quand même, et pourtant une des face de la lune brille aux milles firmaments...
Que de noirceurs abyssales viennent jeter une ombre sur tes dents blanches ? D'où vient cette douleur si infernale ?
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