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Placée sur le bar de la cuisine américaine, elle montre sa rondeur rouge carmin. Reluisante, elle ne se découvre pas de son couvre chef, de même couleur.
Elle ne veut pas exposer l’objet du dessous, par peur de rougir encore plus : une belle passoire inox, pour placer le thé, passoire ronde posée sur le haut de la théière au forme généreuse.
Pour l’apporter (la porter !), voire la supporter, elle se laisse emmener par une belle poignée arrondie qui lui colle à la peau.
A l’opposée, (à l’eau posée !), le bec verseur souffle le chaud et le froid du thé infusant bouillonnant voire des thés (d’été !) glacés.
A l’intérieur, elle aime le clapotis, massant et chatoyant, de l’eau s’imbibant petit à petit des couleurs et de l’arôme des bruns de thé.
De son œil verseur, Théière se rappelle d’une poche remplie d’herbe, d’apparence proche du thé.
Elle voit Gustave, 16 ans, en prendre quelques bouts pour les mettre dans un papier. Puis, il porta sa langue humide pour le coller, allumer le cylindre blanc, en tirer quelques taffes et crachoter de la fumée, « comme par mon bec verseur », pensa t’elle.
« Quel sacrifice d’abuser des saveurs de ce thé ! » repensa t’elle.
Cette poche avait traîné quelque temps, puis, un jour, une main âgée souleva « la cafetière » à Théière pour lui infuser de cette substance « magique ».Un coup d’eau chaude et voilà Théière qui fume son pétard ; « Nom de Diou, …, Waouuuuu !, …., ça plane pour moi, moi, mo…, m… » se rappela t’elle.
Allongée sur le sable chaud d’Hawaï, elle surfe dans son monde d’été… Elle sent une main généreuse lui caressant la croupe de crème solaire. Elle n’a pas envie de rougir mais sa queue frétille et le bec s’émousse de joie.
Puis, ses formes généreuses commencent à danser, à se dandiner, à s’exciter de plus en plus, … « Waouuuuuuuuuu, que m’arrive t’il ? C’est inimaginable, après toutes ses années de service, Cette Infusion dépasse toutes mes espérances, tous les thés d’hier ! » souffla t’elle.
D’un coup, une vague, une déferlante, un tsunami vint la refroidir, la glacée… Vif retour à la réalité : Parkinson l’avait transit, amplifié par les effets sur la buveuse de cette substance « miraculeuse ». Sans jamais la lâcher, Mémé, la main tremblotante, avait allumé les spots de la salle de bain, était rentrée dans la douche habillée, et se versait de l’autre main du gel douche sur la tête « bouillonnante ».
Puis, Mémé, « enfumée », vint s’asseoir sur le canapé. Abasourdit, droguit de la cafetière, elle avait posé, non sans mal, Théière d’un coup brutal sur la table basse du salon.
-« Et Mémé, fais attention, je suis fragile !» lança d’un ton sec le bec verseur ;
-« Nom de Diou, je sais pas ce que tu m’as mis dans le gosier, mais putain, j’ai l’encéphale qui pédale, qui fuse, !!... » répondit elle à Théière.
-« Mémé, je crois que tu t’es trompée de poche à thé ! Cette infusion, Gustave, s’en grille plusieurs par jour, et…. »
-« … il se tape des délires !! » lui rétorqua la vieille.
-« Mais c’est quoi ? » questionna Théière.
-« P’tit Fiston la surnomme l’herbe du Maroc » répondit Mémé, les yeux mi clos, la tête chancelante. D’un ronflement surgissant, abrutissant, elle apeura la belle rouge carmin.
-« Eh, Mémé, réveille toi, … Mémé, Mémé, … aide moi, … au secours, … appelle les pompiers, …Gustave voit rouge !!! » grognait Théière tandis qu’il l’avait prise en main et était en train de se taper un « bad tripp ».
-« Toi, ma belle, je vais te tirer le souffle chaud de tes entrailles pour partir dans mon paradis !! ». Puis, il tomba de sa hauteur, valsant Théière au 7ème ciel.
-« Mémé, Mémé, je vole, …, je vole, … c’est super !! et en plus je suis un Narghilé !! Au revoir Mémé, je pars au Maroc,… » finit de lancer Théière dans sa frénésie intergalacticale.
Mais Mémé, sans réponse, ronquait de tout son soûl, d’une masse pesante.
Sur son tapis volant, Théière atterrit dans un boui boui d’Agadir. Le bec écarquilla son œil et fût subjugué par la belle de cuivre, étincelante comme une étoile au milieu de la nuit.
-« Bonjour, la Belle, que suis-je beau de m’admirer en ton sein !! … ».
-« Toi, l’écervelé, dégage de mon étale, tu me fais de l’ombre ! » dit-elle tout en l’assenant d’un coup de danse du ventre.
-« Oups ! tes clochettes m’ont ébréchées, rétorqua Théière abasourdit, tu vas te prendre un coup de boule rotatif … ».
Ni une, ni deux, elle avait prit son élan, et d’un quart de tour, tenta une percussion de queue dans le bec cuivré.
-« Ratée, Mme la terre cuite… ton heure a sonné, grommela la Belle Elancée Cuivrée, esquivant le duel, miroite bien tes rondeurs, ma vieille, tu vas les perdre, en 1001 morceaux au pays des merveilles ! ».
-« Même pas peur ! » ditThéière d’une voix fébrile, tout en essayant de retrouver son équilibre sur l’étagère…..
Dans la chambre, le réveil sonna, …. Et patatras, …. Mémé s’extirpa de son rêve, le « sourire vertical écrasé, à même le sol », la langue assoiffée !...
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entre les avatars de mémé et le parcours de la théiére,ton recit nous fait suivre, haletant, l'odeur de ces thés, qui laissent imaginer des aventures extraordinaires
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hahaha, j'ai bien ri!
alors ça fait cet effet là quand on se trompe de thé?
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Et ben, je t'invite à essayer !! tu nous en dira quelques choses par une de tes nouvelles ...
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lol, on m'en a proposé au Québec, et un vieux reflexe m'a poussé à refuser (je me dis que j'ai rété une occasion de me coucher moins idiote, mdr)
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