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#1 29-07-2007 09:05:40

lala
Fan de passage
Lieu: marseille
Date d'inscription: 28-07-2007
Messages: 10

Droits et devoirs

On a pas le droit de nous donner des devoirs !
Apprendre à écrire, ça passe, mais les leçons d'histoire...
On a le droit d'avoir le droit
(on peut avoir le gauche aussi)
On peut l'exiger d'ailleurs,
c'est notre droit.,
Mais dans ce cas là,
le droit , on ne le veut pas
On a pas à devoir des devoirs
De voir tout ce que l'on a à apprendre
Me sort des yeux, des 2!
Voir le boulot qu'on a
Apres la journée qu'on vient de faire...
Vous les grands
Qu'est-ce que vous diriez si on vous le faisait faire?
Ah là vous riez moins !
Vous diriez que vous n'avez pas à le devoir
Et que c'est votre droit.
Alors faudrait revoir
Tous les droits et devoirs
Et nous laisser tranquille avec vos leçons d'histoire!

Hors ligne

 

#2 29-07-2007 13:37:06

sekaijin
Administrateur
Date d'inscription: 10-02-2007
Messages: 5303
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Re: Droits et devoirs

Les aventures de Juju au pays de la lecture ou le trésor perdu.

Dans son enfance, Juju rencontra un jour le livre, et ce qui en sortit alors était un trésor fabuleux. Il ne se souvient pas de cet instant magique, il se souvient seulement qu'alors il avait demandé à son entourage de lui offrir encore et encore ce trésor. Cette substance impalpable qui s'accordait avec lui, elle était là dans cet ensemble de formes posé sur les pages. Il s’était rapidement aperçu qu'il en était ainsi, car il demandait et redemandait toujours le même livre pour vérifier. Il était convaincu que cette joie que lui procuraient les histoires des livres était bien là. Il en avait fait l'expérience. À chaque livre, son histoire, sa joie. Au fil du temps avait grandi l'envie d'extraire par lui-même ce trésor.
À son âge Juju s'était construit un imaginaire, un monde onirique. Et les histoires qu'on lui lisait dans les livres étaient comme son monde. Il aimait s'y répandre, et donc il aimait les livres. Mais son univers ne se réduisait pas à cet imaginaire, et sa vie lui enseigna qu'il pouvait lui aussi apprendre à explorer les livres. Cela lui procura un grand bonheur et beaucoup d'impatience. Car le monde n'en fait parfois qu'à sa tête et ce qu'on lui avait laissé entrevoir, il devait attendre pour l'obtenir. La frustration était grande.

Mais l'attente enfin se termina et vint le jour où enfin on allait lui donner la clef. Juju était pétillant de joie. La surprise fut grande. On lui montra des formes et on lui enseigna qu'elle avait un non. À chaque forme un non à chaque non un signe. C'était simple et Juju les répétait à son auditoire à tue-tête, jusqu'à l'exaspération. Il était content, mais ne comprenait pas pourquoi on lui avait caché quelque chose de si simple. Puis les choses s'accélérèrent, et Juju devint perplexe. On lui enseigna tout un tas de trucs compliqués sur les signes et les sons, mais jamais il ne parvenait à retrouver ce qui avait fait sa joie. Cette matière, cette substance qui s'accordait si bien avec lui. Il se dit qu'il fallait peut-être bien apprendre tout ça pour enfin avoir accès à son trésor. Il redoubla d'effort. Et enfin, on déclara qu'il savait lire. Il était heureux, mais ne comprenait pas. Où était cette merveille ? Y avait-il une erreur ? Ce n'était pas la lecture qui permettait de le retrouver. Quelle magie étrange se cachait derrière tout cela ?

Juju resta dubitatif. Il continua à s'appliquer, mais mince alors, il faisait fausse route. Il était une chose qui le poussait à le croire. En lui apprenant à lire, on lui avait appris à écrire. Et là encore, ce n'était ce qu'il attendait. Il s'était imaginé que si les livres contenaient des rêves comme les siens, c'était que lorsqu'on les écrivait, on y mettait du rêve. Eh bien non ! Juju apprit qu'écrire était une discipline rigoureuse, qui ne laissait pas de place à la fantaisie. Écrire c'était aligner des signes. Comme une armée napoléonienne, ils devaient avoir une tenue parfaite, un alignement tout aussi rigoureux. Ils devaient s'agencer de façon stratégique. Mais en aucun cas, ils n'emportaient avec eux une part de ses rêves. C'était évident : lire ne permettait pas de retrouver son trésor et écrire ne permettait pas de coucher ses rêves sur le papier.

Dépité, Juju laissa tomber ces histoires de lecture d'écriture sans intérêts. Il se concentra sur sa vie qui était, elle, bien plus riche. Il s'aperçut alors qu'il était tombé dans un piège. Maintenant qui savait lire et écrire, il se retrouvait couvert de contraintes en tout genre dont il se serait bien passé. Il devait lire et écrire pour tout. Et tout cela n'était pas pour le remplir de joie. Il n'entendait plus qu'une litanie. Contrainte, rigueur, travail. On lui avait appris que si son dans son armée il y avait des poilus à la tenue reprochable. Si certains venaient à manquer ou se glisser dans les rangs là où ils ne devaient être, il n'est qu'un bon à rien. L'objet de raillerie de tous les autres. Là encore, on lui montra que son intuition ne l'avait pas trompé. Dans sa vie, il faisait beaucoup de choses et si par hasard l'une d'elles l'avait intéressé, qu'il s'était efforcé d'en apprendre plus, la sanction tombait, « Trop sale, mal écrit ! » Et là, il n'avait droit à aucune valorisation de son travail. C'était clair. Il ne devait pas s'aventurer dans le territoire du savoir, il ne devait pas laisser libre cours à son imagination. Il ne devait qu'une chose présenter une armée de signe irréprochable. On enfonça encore le clou, pour avoir parlé en classe, pour une bousculade à la récré, il se retrouva à devoir agencer une gigantesque armée.
Juju se rebella. On lui avait refusé l'assaut de la connaissance, on lui refusait l'accès au trésor des livres parce que son armée n'était pas assez belle. Il n'avait plus de raison de faire des efforts. Le monde était suffisamment vaste pour s'intéresser à autre chose. Il adopta la stratégie du roseau, il pliait sous le vent et le laissait passer. On déplora ses piètres qualités de lecteur, son refus de lire, la médiocrité de ses productions. On lui refusa l'accès à tout ce qui l'intéressait sous prétexte qu'il ne pourrait pas suivre le rythme.

Jamais on ne se demanda pourquoi un petit Juju qui adorait les livres, qui avait une envie folle de lire, qui avait montré un départ si enthousiaste, c'était désintéressé en moins d'un an. Et refusait de lire au bout de deux. Jamais on ne s'approcha de lui pour comprendre. Car enfin, que cherchons-nous dans les livres. D'où nous vient ce plaisir de lire ? Juju a raison nous l'avons piégé. Lorsque Juju écrit, nous lui retournons notre avis. « 15 fautes d'orthographe, 8 de grammaires, attention à la ponctuation. » Lorsqu'un auteur nous offre sa production, nous lui retournons « Des personnages si vrais qu'on croirait les avoir croisés hier ! » ou « Un monde magnifique, qu'il nous prend l'envie de perdre un sac pour le parcourir » ou encore « Un sujet difficile traité avec pudeur ! » Jamais nous ne nous permettons de critiquer un livre en disant « 200 fautes d'orthographe, 117 fautes de grammaire, de nombreuses coquilles » car en fait si nous prenons du plaisir à lire c'est que nous ne nous concentrons que sur une chose : le fond. Bien sûr que la forme est importante, mais avant toute chose nous cherchons le sens.

Et nous avons appris à notre Juju que seule la forme était importante. Nous lui avons interdit l'accès à cette chose merveilleuse qu'il recherchait. Nous avons fait d'une magie merveilleuse, un instrument barbare. Mon cher Juju tu as raison. Continue sur ta voie, continue ne t'arrête pas de chercher ton trésor. Il est bien là ce n'est pas une légende sans fondement. Cherche-le, encore et encore. Surtout, ne t'arrête jamais, car un jour viendra ou tu jetteras ce poison qu'est la lecture et tu deviendras un libernaute*. S'ouvrera alors ce monde qui t'était refusé. Souviens-toi, de tes joies d'enfant là se trouve la clé. Une fois ouverte la porte ne saurait se refermer. Va Juju, oubli les guerres et les combats, oubli les techniques et les méthodes, ne cherche qu'une chose ton plaisir. Ne perds pas ton objectif de vue. Sans effort, il te conduira à bon port.


A+JYT
PS: Vous avez peut-être déjà lu ce texte que j'ai posté il y a quelques années sur le net. Je ne sais plus si je l'ai déjà posté ici.

Note : * « Libernaute » du latin « liber » qui est le nom de l'écorce sur laquelle on écrivait qui a donné le mot livre. Et « naute » signifiant naviguer

modification: correction orthographe

Dernière modification par sekaijin (22-04-2011 16:09:46)


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#3 06-07-2014 17:31:58

sekaijin
Administrateur
Date d'inscription: 10-02-2007
Messages: 5303
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Re: Droits et devoirs

Mince alors

vous savez quoi l'archéologie fait resurgir de choses dont je n'avais le souvenir.
A+JYT


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#4 06-07-2014 19:23:09

ITESS
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Lieu: Ici & ailleurs
Date d'inscription: 07-07-2011
Messages: 35264
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Re: Droits et devoirs

Merci pour la découverte.


Tantôt Roots...
Tantôt Street...
Toujours Massif

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#5 06-07-2014 19:47:39

nouga
Maître des fans
Date d'inscription: 24-05-2009
Messages: 40793

Re: Droits et devoirs

+1


"les états d’âmes sont des lapsus incertains"

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#6 06-07-2014 20:07:37

intermédiaire
Invité

Re: Droits et devoirs

J'approuve entièrement ce texte. icon_smile

 

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