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#1 19-09-2013 07:14:47

Brys Sylar
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Lieu: Montreal
Date d'inscription: 12-02-2010
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Bob, le Psy, Bob - (nouvelle)

C’était comme si l’espace en face de lui se divisait. Telle une feuille de papier dans laquelle on enfonce un couteau, la fissure se fit d’abord fine, comme un trait. Ca commençait par un tout petit trou à peine plus gros qu’un grain de sable. Puis, le trou s’élargissait horizontalement, lentement et progressivement comme le zip d’un sac à l’intérieur duquel se trouve un objet précieux. Lorsqu’elle avait atteint  la longueur adéquate, soit environ une demi-heure,  la fissure s’écartelait alors petit à petit. Tranquillement l’autre côté de cet espace se découvrait alors. Là-bas c’était le néant, un noir absolu semblant s’étendre indéfiniment. Il donnait l’impression qu’une fois que vous y plongez la chute était perpétuelle et intraitable.  À ce stade, le processus d’ouverture était en tout point identique à celui d’un accouchement, les cris de la mère et de l’enfant en moins.  Il y avait toujours des courants d’air  qui s’échappaient de l’intérieur de la faille venant de se créer. Ils arrivaient par à-coups et au bout de 3 ou 4 rafales quelque chose se révélait. Il s’agissait généralement d’une main. Comme celle d’un prisonnier essayant vainement d’attraper les clés situées sur la ceinture d’un gardien, sachant que sa liberté s’obtiendrait par elles, ainsi la main apparaissait des tréfonds de la faille. Elle s’avançait nonchalamment, de plus en plus grosse, de plus en plus oppressante…

C’était toujours le même rêve, le même cauchemar qui hantait Bob depuis ce jour où son père avait mystérieusement disparu de sa vie et de celle de sa mère. Il avait alors 5 ans et son père comme chaque soir l’avait mis au lit et sa mère lui avait lu un conte, puis il s’était endormi. Le matin au réveil il essaya de raconter sa nuit à sa mère, mais elle avait l’esprit ailleurs car son père n’était toujours pas rentré. De plus ce n’étaient alors que des mots, des bouts de phrases dépourvus de sens. Son vocabulaire limité ne lui permettait pas de faire un compte-rendu  exact de ce qui avait alors vu. Un enfant qui fait un rêve cela n’a évidemment rien d’alarmant. Même lorsque pendant plus d’un mois la mère se rendit compte que les rêves racontés par son fils avaient tous la même description – les uns étant les fragments manquants des autres, elle n’y prêta pas plus d’attention. Il avait beau insister, épuiser son petit cerveau de 5 ans pour trouver les mots adéquats que cela demeurait insuffisant. Frustré et incompris, c’est donc naturellement qu’au bout d’un certain temps il commença à se renfermer, pour finir par ne plus parler de ce qu’il voyait chaque soir.

Lors de son huitième anniversaire, épuisé par la fête et la nourriture, Bob s’endort sur le canapé du salon. Sa mère voulant le porter dans sa chambre se rendit compte qu’il bougeait sporadiquement les lèvres dans son sommeil. Il semblait être en train de chuchoter quelque chose. Elle tendit l’oreille pour mieux écouter. C’était une seule et même phrase que prononçait périodiquement son fils : « Nous sommes près de vous. »Elle s’éloigna un peu se demandant si elle avait bien suivi. Se rapprochant mais plus près cette fois, elle tendit de nouveau l’oreille. « Nous sommes près de vous. » 

« Mais Bob que dis-tu là ? » s’écria-t-elle.

  Arrivée dans la chambre, après l’avoir déposé dans son lit, elle essaya de le réveiller sans succès. Prise d’une légère panique et redoutant qu’il ne devienne somnambule comme son père, elle préféra passer la nuit à veiller sur le mystérieux sommeil de son fils. Le lendemain à sa demande, il lui expliqua que c’était toujours le même cauchemar qui le hantait depuis la première fois où il lui en avait parlé. Elle en était terrifiée. Horrifiée à l’idée d’avoir pu abandonner son enfant à ce point, livré à lui-même. N’ayant aucun autre moyen de soutien, elle lui promit en l’embrassant vigoureusement qu’elle ne le laisserait plus jamais tomber. Une scène touchante comme dans Lost les Disparus.

Le lendemain matin à son réveil, sa mère elle aussi avait disparu.

Ce fut dès lors le début d’un long et pénible périple pour Bob. Voyageant de famille en famille d’accueil, il n’était jamais accepté longtemps à cause des rêves qu’il faisait ou plus précisément de leurs extériorisations plus bizarres les unes que les autres. Ça commençait toujours par des mots incompréhensibles aux habitants de la maison, ensuite c’était des crises de somnambulisme et pour finir c’était la phase X.

La phase X était le nom qu’avait donné le Dr Ébisuno aux manifestations qu’engendraient les rêves de Bob. Il était psychothérapeute et on lui avait confié le cas de  Bob après son passage dans sa deuxième famille. En fait, Il avait particulièrement insisté pour qu’on lui confie ce cas et personne ne compris vraiment pourquoi. Bob était le patient dont personne ne voulait, car Il était intraitable.

« Dis-moi comment ça se fait que tout le monde disparaisse autour de toi ? »

Dans le cabinet ce jour-là, la question sortie des lèvres du Docteur fusa comme des projectiles jusque dans le cerveau de Bob. Elle était pourtant évidente. Quand des gens disparaissent, on demande toujours pourquoi. Pourtant cette fois-là, la question avait une sonorité différente. L’air transportait les mots avec plus de virulence que d’habitude. On aurait dit le moment sacré pendant lequel les condamnés pour leurs fautes, sont fusillés.

Bob n’avait pas bougé d’un pouce et essayait de comprendre l’origine de cette différence. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’on lui posait la question et sa réponse avait toujours été la même : « ils sont prêts de nous, je n’y suis pour rien. » Qui étaient ces ils et que voulaient-ils ? On n’en savait rien, mais il n’y était pour rien. Cette journée-là, devant une question qui lui avait déjà été posée des dizaines de fois, Bob ne sut quoi répondre.

« C’est très bien, nous avons déjà fait un pas en avant fiston. Mieux vaut ne pas répondre que de donner une réponse en laquelle nous ne croyons pas»

Les rêves de Bob au fil des années ne changèrent que par la forme. En plus de la longueur maximale de la fissure atteinte de plus en plus rapidement, de la main laissant découvrir chaque jour un centimètre de plus du corps sortant de l’ombre, une voix s’était également glissée dans le processus. Une voix brouillée comme celle d’un signal radio reçu sur un terminal défectueux. Même si Bob avait fini par s’habituer à celle-ci, il avoua lors d’une séance au Dr Ébisuno qu’il avait de plus en plus de mal à se réveiller.

Il devenait conscient à l’intérieur même de ses rêves, deux dimensions de son être ne faisant alors plus qu’une. Il voulait ouvrir les yeux mais généralement il n’y arrivait pas et si jamais il réussissait, une fois sur deux il demeurait endormi les yeux grands ouverts. Dans cet état, il perdait alors totalement le contrôle. « Le rêve s’effondre » aurait-on dit dans Inception. C’est ce stade qui fut appelé Phase X : un stade qui mêlait rêve et réalité. Les fissures de ses rêves se matérialisaient, semblables aux yeux d’une meute de loups traquant leurs proies dans la nuit. La main de la faille aspirait tout ce qui était à sa portée : vivant ou non, animé comme inanimé. Lorsqu’il se réveillait apeuré par ce qu’il avait vu pendant qu’il dormait éveillé, il gardait continuellement le silence.

Ainsi donc, un après-midi lorsque par inadvertance Bob s’endormi les yeux ouverts, le Docteur essaya de mettre en pratique le dernier traitement qu’il avait spécialement élaboré pour le cas de Bob. Il consistait à créer un état  psychique avancé chez lui, dans le but d’intercepter les ondes émises durant son sommeil. Il avait essayé toutes les techniques de psychothérapie connues à ce jour et c’était à son avis dernière solution possible.

Comme souvent lorsqu’on se jette dans un puits dont on ne connait pas le fond, Ébisuno eut à moitié raison. En interceptant les ondes, il put en effet communiquer avec Bob. Il réussit même à créer une liaison forte . Malheureusement pour lui son apparition dans le subconscient de Bob ne suivait aucune des règles qu’il avait pu imaginer. C’était là sa dernière erreur.

Il était au fond d’un trou noir, qui semblait aussi vaste que le ciel dans une nuit sans étoiles. Il avait beau crier, les échos de sa voix ne lui revenaient même pas. Au bout du moment une fissure sembla se créa à quelques mètres de lui. Désespéré, il essayait d’approcher, de saisir sa clé vers la sortie. Il criait toujours très fort, si bien que sa voix s’était maintenant brouillée. Lorsque la fissure fut suffisamment grande, Ébisuno découvrir avec horreur le spectacle de l’autre côté de la faille : un homme déposait Bob dans un berceau, à côté de lui une femme. « Je ne rentrerai pas tard ce soir promis. » dit l’homme avant de s’en aller.

Bob avait alors 5 ans.


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#2 19-09-2013 09:47:15

nouga
Maître des fans
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Re: Bob, le Psy, Bob - (nouvelle)

bravo ami


"les états d’âmes sont des lapsus incertains"

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#3 20-09-2013 17:23:24

Brys Sylar
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Re: Bob, le Psy, Bob - (nouvelle)

Merci icon_smile


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#4 24-09-2013 14:17:45

nicole
Nounou du forum
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Messages: 64855

Re: Bob, le Psy, Bob - (nouvelle)

Il me semble qu'il y a quelques erreurs de temps employé (je parle des verbes)
mais ton histoire happe, bravo

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#5 24-09-2013 21:22:40

Brys Sylar
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Re: Bob, le Psy, Bob - (nouvelle)

J'ai quelque problème de concordance des temps en effet... :S


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