Forum Grand Corps Malade et slam

Merci à Nicole qui m'a dit "ose"


Quand le temps nous vole dans les plumes

Quand le temps en a marre des heures et qu’il en fait des minutes soupes
Faut s’dire que le voyage approche, et que t’as plus qu’un billet pour la soute
T’as intérêt à préparer tes bagages avant qu’l’avion soit sur le tarmac
Ah !Si seulement ,on pouvait t’annoncer : vol annulé ,c’est une arnaque !

tu perds tes plumes…

Tu fais le point sur ta vie même si tu l’lis pas faut quand même en prendre soin
Tu fais le tour, le tour de qui ,de quoi? Dans le nid y a même plus le poussin
Quand il t’appelle tes mots se nouent et lui crois qu’ta pas mis d’ stéradent
T’aimerais bien alors le mordre mais trop tard t’as perdu toutes tes dents

tu perds tes plumes, t’emplumes…

T’as plus qu’un bec que tu te prends avec ces jeunes c..  qui t’ traitent de vieux c…
Q’ tu partages aussi avec  la vieille pondeuse quand ils taguent ta maison
Tu  voles les silences devant l’ bol  chicoré ,à celle, qui t’avait jadis fait rêver
Et tu parles du temps pour lui faire oublier …qu’elle aussi est prête à s’envoler

tu perds tes plumes, t’emplumes, et ne pense plus le soir …

Tu croises parfois de vieilles poules, qui assises sur un banc se gavent de critiques
Jadis l’œil lubrique, elles n’arrivent plus à lire, il ne reste plus que les briques
tu passes devant, les pieds bien derrière, et  tu crois susciter l’admiration
avec ton costard 3 pièces dépareillé, le foulard fané, t’as un regain d’excitation

tu perds tes plumes, t’emplumes, et ne pense plus le soir …qu’au plumard…

Elles te sourient alors à pleines lèvres pincées quand tu les salues de ton béret
Quelques mots échangés, un p’tit mot sur l’curé, un discours sur ton état d’santé…
Tu as su bien les charmer, quand tu savais chanter en grattant leur pas d’porte
Maintenant t’as plus d’voix et si tu te dandines c’est comme un cloporte

tu perds tes plumes, t’emplumes, et ne pense plus le soir … qu’au plumard…
t’as la plume qui se fait enclume…


t’es plus l’roi de la bassecour, t’es dominé par de jeunes coqs à la crête fraiche
qui picorent des grains de folies, pendant que toi t’as la pépie, et te dessèches
de vrais combattants qui cherchent à péter l’grillage, pendant qu’toi… l’âge te grille
ta place est désormais tout au fond prés du chien ,tu sais ..celui qu'a l’œil qui brille

tu perds tes plumes, t’emplumes, et ne pense plus le soir …qu’au plumard
t’as la plume qui se fait enclume, et bascule finalement dans l’encre noire...

le matin tu te lèves ou plutôt te soulèves, les yeux aussi en signe de merci
t’as plus besoin de réveil , plus besoin de rien puisque t’es déjà un peu parti
plus d’impératif ,de toute façon tu ne conjugues  qu’au passé ou au présent
l’futur t’y penses que quand tu dois remplir ton semainier médicaments

tu perds tes plumes, t’emplumes, et ne pense plus le soir …qu’au plumard
t’as la plume qui se fait enclume…

Le boulanger, l’épicier , l’cantonnier et Madame langue bien pendue
Cet œil de buse qui abuse et tend son arquebuse vers l’incongru
Occupent tes journées matinées , car l’aprem t’allumes l’abat jour
Et fermes les rideaux car la buse pas chouette est  un véritable vautour

tu perds tes plumes, t’emplumes, et ne pense plus le soir …qu’au plumard…

t’as pas envie qu’on voit les lézardes, sur les itinéraires de ta mappemoi
juste qu’on retienne les grands axes , ta migration, mais pas tes émois
ceux-là tu les gardes , et tu les enterreras  alors la nuit de ton trépas
sans risque qu’un jour on les découvre ,ils voleront avec toi dans l’au-delà

tu perds tes plumes, t’emplumes, et ne pense plus le soir …

c’est la seule chose qui finalement te réjouit, ce sentiment de satiété
d’avoir rempli ton gésier de tout ce que tu as pu trouver, qu’on t’a donné
t’as fait de ton cœur de pigeon une cerise à faire rougir ton gâteau
même si le temps a tout dévoré et qu’il n’en reste plus que le noyau

tu perds tes plumes, t’emplumes…

tu voulais écrire une biographie , faire une photocopie de ta paume de main
dessiner sur toutes ces pages les lignes qu’a pu y graver ton destin
mais au moment où faut t’envoler, bizarrement tes ailes se sont atrophiées
Tout c’que tu voulais, c’est partir dignement en dédiant une plume à tes jeunes années

plus de plume…

Dernière modification par timorititi (18-06-2009 17:42:21)