Vous n'êtes pas identifié.
Extrait d'un article de Marianne n°1014 consacré à l'écrivain irlandais Colum McCann (j'en parle aussi dans "Humeur du jour" avec le projet de libre-échange mondial des histoires Narrative 4):
"...J'adore croire en la très grande acuité de mes lecteurs. S'ils creusent assez profondément, ils découvriront ce qui est enterré. Mais, d'un autre point de vue, un livre, c'est un peu comme un gratte-ciel. Vous pouvez vous contenter de rester au premier étage si vous voulez. Ou poursuivre votre chemin jusqu'au bout, aller sur le toit du dernier étage. Et voir l'horizon au-delà du paysage peuplé d'ombres qu'offre le gratte-ciel."
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très parlant
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Encore Nicolas Delessale
Lundi, c'était l'élection des délégués dans la classe de ma fille cadette. L'occasion de se frotter à l'exercice de la démocratie. Oh yeah. Zélie s'est donc mise en tête de sauver le monde en commençant par son école et sa classe. Elle m'a recruté comme directeur de campagne. C'était mal payé, alors j'ai dit oui.
Le champ de bataille ? Vingt-huit élèves. Huit candidates. Les garçons, en minorité dans cette classe, ont décidé de ne pas se présenter et de voter blanc. « Les filles, c'est nul. » Les huit candidates ont chacune présenté un slogan et un programme. Elles se sont donné du mal. Photo, écriture appliquée. CM1. Nous, la veille, on a bossé sur l'idée d'une école plus jolie, plus généreuse, sur la bienveillance entre les élèves, l'entraide. Les valeurs, l'humanité. Notre slogan ? "Avec Zélie, la vie vous sourit !". Bien vu. Gros succès. Elle a recueilli une voix. La sienne. Hier soir, elle essayait de masquer sa déception. J'ai senti qu'elle n'était pas loin de vouloir virer son directeur de campagne. C'est compliqué l'apprentissage de la démocratie. Elle m'a dit que six autres candidates, avec des programmes un peu similaires, n'avaient pas fait beaucoup mieux. L'une d'entre elles n'a recueilli aucune voix ; cette grande âme n'a pas voté pour elle-même.
Vu le nombre de candidatures, il fallait s'attendre à une large répartition des voix. La gagnante l'a emporté en convainquant seulement sept électeurs. Ce qui est intéressant, c'est qu'elle a gagné grâce aux voix d'une minorité : les garçons. Ils ont changé d'avis. Ils ont voté. Pourquoi ? Comment ? Simple. Le programme vainqueur reposait sur une idée forte : l'agrandissement du terrain de foot dans la cour de récré. Une fille qui n'aime pas le foot, qui s'en fout du foot, propose d'agrandir le terrain de foot pour être élue. Je n'ai pas pu m'empêcher de siffler d'admiration. « Si j'avais su, j'aurais proposé des burgers frites tous les jours, la fin des devoirs, les déguisements obligatoires », a dit ma fille. Moi j'ai pensé à l'achat de plantes carnivores, la chasse au Pokémon chaque matin, l'installation d'une grande roue dans la cour. Ou même la réduction de la fracture sociale, la lutte contre la finance internationale, la fermeture de Guantanamo.
« En plus, c'est im-pos-si-ble d'agrandir le terrain de foot, il occupe déjà toute la place, la cour est trop petite ! », a rugi ma fille. Promettre un truc impossible à des électeurs qui sont au courant mais trouvent ça cool. Respect. « Les garçons sont vraiment débiles ! Et « M », comment elle peut promettre ça ?» Zélie m'a dit ça avec le regard de De Niro quand il parle de Trump. J'étais partagé entre le cynisme admiratif et désabusé de l'adulte et le volontarisme enthousiaste et choqué du père. J'ai voulu lui dire que les garçons n'étaient pas forcément débiles. Qu'ils font simplement comme les adultes. Ils votent pour les promesses irréalistes les plus proches de leurs centres d'intérêt. Quant à « M », elle a peut-être des parents un peu moins niais que moi. Ou alors, elle est née rouée. Finalement, je me suis tu. Elle découvrira tout ça bien assez vite.
En s'endormant, elle m'a dit que ça ne servait à rien d'être honnête pour être élu. Ça m'a un peu brisé le coeur. Encore une fois, j'allais lui répondre « Mais non... Mais tu vois... », et tout ce qui s'ensuit. Les victoires laides qui ne sont pas de vraies victoires. La grandeur. La noblesse. L'élégance. Ne jamais s'abaisser.
Et puis j'ai pensé à Trump, Clinton, Sarkozy, Hollande, et puis j'ai pensé à la petite fille déléguée qui s'endormait au même instant en sachant comment on gagne. Alors j'ai juste dit « Bonne nuit ».
Ce soir, je relis Le Prince de Machiavel. On va mieux se préparer pour les élections de CM2.
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Dur apprentissage!!!
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Beau témoignage, poignant et triste. Et j'ai bien peur que les sentiments éprouvés par cette petite fille soient partagés par beaucoup d'ici mi-2017...
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RICHARD III - William Shakespeare
Scène 1, acte 1
Gloucester
— Donc, voici venu l’hiver de notre déplaisir changé en glorieux été par ce soleil d’York ; voici tous les nuages qui pesaient sur notre maison ensevelis dans le sein profond de l’Océan ! Donc, voici nos tempes ceintes de victorieuses guirlandes, nos armes ébréchées pendues en trophée, nos alarmes sinistres changées en gaies réunions, nos marches terribles en délicieuses mesures ! La guerre au hideux visage a déridé son front, et désormais, au lieu de monter des coursiers caparaçonnés pour effrayer les âmes des ennemis tremblants, elle gambade allègrement dans la chambre d’une femme sous le charme lascif du luth. Mais moi qui ne suis pas formé pour ces jeux folâtres, ni pour faire les yeux doux à un miroir amoureux, moi qui suis rudement taillé et qui n’ai pas la majesté de l’amour pour me pavaner devant une nymphe aux coquettes allures, moi en qui est tronquée toute noble proportion, moi que la nature décevante a frustré de ses attraits, moi qu’elle a envoyé avant le temps dans le monde des vivants, difforme, inachevé, tout au plus à moitié fini, tellement estropié et contrefait que les chiens aboient quand je m’arrête près d’eux ! eh bien, moi, dans cette molle et languissante époque de paix, je n’ai d’autre plaisir pour passer les heures que d’épier mon ombre au soleil et de décrire ma propre difformité. Aussi, puisque je ne puis être l’amant qui charmera ces temps beaux parleurs, je suis déterminé à être un scélérat et à être le trouble-fête de ces jours frivoles. J’ai, par des inductions dangereuses, par des prophéties, par des calomnies, par des rêves d’homme ivre, fait le complot de créer entre mon frère Clarence et le roi une haine mortelle. Et, pour peu que le roi Édouard soit aussi honnête et aussi loyal que je suis subtil, fourbe et traître, Clarence sera enfermé étroitement aujourd’hui même, en raison d’une prédiction qui dit que G sera le meurtrier des héritiers d’Édouard. Replongez-vous, pensées, au fond de mon âme ! Voici Clarence qui vient."
vers 17 ans je disais S[K]élérat
Dernière modification par MoonZ (29-12-2016 20:55:03)
MoonZ je repasserai demain je n'arrive pas à lire ce bloc :(
Shakespeare j'ai beaucoup aimé Le marchand de Venise!
Oh Nicole ton texte me rend triste parce qu'il est tristement vrai :(
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zélie se frotte a la vie, et ce n'est pas une sinecure
Gloucester ce matin est dans le smog de plus en plus pregnant, les habitants sont transis de froid,
la famine guette, les denrées ont pourries , et des corps finissent de rendre l'âme.
triste paysage , moral en berne et absence de solutions, désillusion .
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J'ai enfin vu il y a quelque temps "looking for Richard" de et avec Pacino sur la piece Richard III et la façon de la jouer. un film excellent, vraiment.
"nous sommes faits de l'etoffe des rêves"...
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un documentaire ultime et c'est Al Pacino
d'un silence mortuaire
J'aime écrire des rires
Des folles envies d'Utopie
Mais l'amour est toupie
https://youtu.be/0xCM_pJw-lE
à Bbf, Bonne journée.
La Polétique
Sur un Air d’utopie,
Tourne la toupie
Le vent Change
La foule défile
Le 36 du mois
Présentant ses nouvelles recrues
Des écoles de la vie.
Le Bon roi du pays
Est une machine à bonbon
Qui distribue des œufs
Avec un bout de bien-être dans chaque
C’est l’art de la Polétique
Ailé les gens sans chèque en bois
Sur la langue sa pique un peu
Les anciens disent un clou de girofle
Et le mauvais bougre
Roule en bouche et s’en va
En buée derrière les vitres d’une classe
Où les rêveurs mômes inventent
Un drapeau qui ressemble le mieux
A la couleur des yeux de la justice.
Gérard de NERVAL (1808-1855)
Épitaphe
Il a vécu tantôt gai comme un sansonnet,
Tour à tour amoureux insoucieux et tendre,
Tantôt sombre et rêveur comme un triste Clitandre.
Un jour il entendit qu'Ã sa porte on sonnait.
C'était la Mort ! Alors il la pria d'attendre
Qu'il eût posé le point à son dernier sonnet ;
Et puis sans s'émouvoir, il s'en alla s'étendre
Au fond du coffre froid où son corps frissonnait.
Il était paresseux, à ce que dit l'histoire,
Il laissait trop sécher l'encre dans l'écritoire.
Il voulait tout savoir mais il n'a rien connu.
Et quand vint le moment où, las de cette vie,
Un soir d'hiver, enfin l'âme lui fut ravie,
Il s'en alla disant : " Pourquoi suis-je venu ? "
OSE.
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super ami , bel hommage, j'ai l'impression que c'est le poète MonnZ
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c'est très gentil, mais c'est un épitaphe quand même -
L'ombre parle à lumière
La lumière parle à l'ombre
e pis alors c'est du taf
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sisi
https://youtu.be/Dzrw52pTpso
texte d'alain Damosio ( la horde de Contrevent )
musique Rone
Je pense que ça motive.
çà motive c'est aérien l
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Centrale du mutisme.
Où règne des silences sataniques,
Où danse des symboles,
Où crève des sortilèges.
On y apprend le respect dû aux maléfices.
On y voit l'émergence d'espoirs éventrés.
On y pense d'aventures teintées d'idiotie.
Prisme des prières.
Où la mort retrouve son éclat,
Où dans les songes on s'éveille.
On y parle d'évidences et d'ironie.
On y oublie ses servitudes, Place fête à la novation.
Extrait "les portes vespérales" de Caroline Maigle.
petit livre trouvé à Quimper.
C'est un texte dans la partie pessimisme et espérances.
Un texte qui parle du trop plein à la rupture et du besoin de révolte
D'abord pour soi et en soi, avant de révolutionner les choses.
Merci, Moonz
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on y côtoie l'intime silence
et l'ego se noie
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pas mal comme quoi même quand est pas "connu" on peut avoir du talent.
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voyelles ....le coloriage tout ça quoi
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d'ombre ; E, candeur des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! -
Arthur R.
A l'apostrophe quand il hante l'académie
alchimie alors s'il vente
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"Ce matin je suis allée chez un client très âgé, que je connais bien. Et j'ai rencontré son épouse pour la première fois.
Ça fait 58 ans qu'ils sont mariés, 60 qu'ils se connaissent. Il me raconte une anecdote, elle la complète, il la termine, comme un duo de musiciens
Alors elle le regarde avec des yeux tout brillants et elle lui dit, comme si j'étais pas là : "J'aime quand tu parles, c'est beau"
Et lui il devient instantanément tout rouge, deux petits ronds rouges sur les joues comme à 12 ans quand une fille lui disait bonjour
C'est la seule belle chose que j'ai vue cette semaine, je la pose là pour qu'elle existe encore un peu"
@Nordengail
(je le poste là pour que ça continue d'exister ici aussi)
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c'est beau
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Très joli
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