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#1 27-11-2014 18:39:58

sekaijin
Administrateur
Date d'inscription: 10-02-2007
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Sekaijin

Je crois qu'il n'est pas toujours facile de me cerner alors voici un petit texte qui devrait vous aider à voir plus clair.

Vous est-il déjà arrivé de mourir ? Vous êtes-vous demandé quelle pouvait bien être la mort la plus acceptable ? Probablement non. Peu de gens se posent ces questions consciemment. C’est plus insidieusement qu’elles nous parviennent. Pour ma part, cette expérience fut inconsciente. J’avais neuf ans alors. Et je ne l’ai pas vue venir. Mais la trace qu’elle a laissée est si indélébile que je ne peux l’ignorer.

J’avais décidé, car je ne peux imaginer qu’il en fut autrement, de vivre parmi mes pairs. Et je crois bien que j’y étais parvenu. Mais voilà, mon choix était le pire que je pus faire. Car il me conduisait directement à ma disparition. Mon choix était pourtant simple. Il peut se résumer ainsi. Pour être acceptable, il faut paraître semblable. Et mes efforts pour y parvenir n’étaient pas ménagés.

Je ne me souviens pas de quand date ce choix. Je ne sais combien j’ai troqué d’apparences. Je ne me souviens que d’une chose. Ça marchait. Ça fonctionnait même particulièrement bien. Je pense que c’est une des raisons qui font que je n’ai vu venir le piège que j’avais construit. Je vais vous donner un exemple de ce que je faisais pour apparaître aux yeux de tous semblable à mes pairs. Je ne l’ai su que bien plus tard. Et ce point m’a été rapporté par un proche qui l’a observé. Alors que je fréquentais l’école maternelle. J’avais quatre ans et j’ai appris à lire. Mais un enfant de quatre ans ne sait pas lire. Je l’ai donc caché. Caché à mes parents, à mes frères et sœurs, à mon institutrice. J’ai cru que mon stratagème fonctionnait, mais comme je vous l’ai dit un de mes proches s’en est aperçu. J’ai vécu une année de plus en le cachant. Et j’ai fait comme si j’apprenais comme mes camarades en entrant au CP. Je ne sais si j’ai dupé mon enseignant en dernière année de maternelle. Je ne sais si mon proche en a parlé alors. Il m’a simplement rapporté les faits des années plus tard. Lorsque j’ai appris cette histoire. Elle m’a bien fait sourire. Mais en même temps, de vieilles blessures me rappelaient combien cela était coûteux. Voilà, je crois pouvoir dire que jusqu’à neuf ans j’ai joué le rôle de l’enfant que j’étais censé être.

Mais cette année de mes neuf ans les évènements m’ont conduit à la rupture. Le principal, celui qui reste omniprésent est affligeant. Si banal et si répugnant. Je paraissais, mais ce n’était pas une raison pour ne pas adopter des stratégies qui me facilitaient la vie. L’une d’elles consistait à n’apprendre la leçon que nous devions réciter par cœur qu’au dernier moment. Par exemple demander à un camarade de classe en arrivant à l’école s’il la savait et la lui faire réciter. C’était suffisant pour moi pour la retenir. Et la savoir définitivement. Ou encore, la lire dans le rang en entrant en classe. Ou alors, l’écouter pendant qu’un camarade passait sur l’estrade. Mais voilà. Mon institutrice était une vieille demoiselle qui avait des principes. Et j’ai appris à coup d’humiliations publiques que ce qu’ont attendait de moi, ce n’était pas de savoir ma leçon, ce n’était pas d’apprendre, mais de me plier à l’exact modèle d’élève qui était indélébilement définit. Apprendre ma leçon au moment où on l’exigeait, avec la méthode exacte qu’on exigeait.

Ce choc aurait pu produire un ajustement de ma stratégie. Il n’en fut rien. Il en provoqua la chute. Je décidais alors inconsciemment de ne plus jouer le rôle qu’on attendait de me voir jouer. C’est à ce moment-là que je suis né. Que j’ai ressuscité ! Un accouchement dans la douleur. À en hurler. Le retournement fut rapide. La période de frustration et de repli laissa rapidement place à la révolte. Une révolte salvatrice. Je me sentais si vivant. Douloureusement vivant. La révolte prit le tournant de la guerre en batailles rangées. Puis en guérilla. Et c’est dans ce début de guerre où je me sentais si vivant que je pris conscience de ce que je venais de vivre. Que mes années caméléons m’avaient conduit au pire ! La mort ! Une mort horrible. Une mort terrifiante. Une mort qui dure. Une mort pour de très longues années. Une douleur si atroce qu’elle déchaîna la violence animale que nous gardons tous au fond de nous. Cette mort était si profondément injuste qu’elle finissait par m’obnubiler. Mourir à neuf ans était jusque là inconcevable. Mais en plus mourir d’une telle mort était profondément inacceptable. À ce moment-là, je fus incapable de voir que c’était moi, et moi seul qui m’étais enfermé dans ce piège. Et j’en rejetais la responsabilité sur les autres. Tout d’abord sur mes camarades, qui tous semblaient incapables de me comprendre et de m’accepter. Mais surtout sur ce système qui ne visait qu’à me détruire, sous un discours de construction.

Ma mort, je l’ai vécue et revécue. Ma résurrection aidant, je l’ai vue aboutir et m’emporter. Durant les premières années de ma vie, je me suis effacé laissant la place à l’enfant qu’on attendait que je sois. Ce travail de gommage je l’ai entrepris avec acharnement. J’ai bien sûr parfois rebondi. J’ai parfois entendu ce moi qui criait. Mais je me concentrais sur mon but : vivre parmi les miens. Et cette œuvre quasi parfaite a bien fini par aboutir. Je m’étais gommé, effacé, tué. Mon corps aurait pu continuer à vivre sans moi pendant des années. Je m’étais perdu. Volontairement enterré. Aujourd’hui je sais qu’un jour je serais remonté à la surface. Je sais que je n’aurais pu rester enfoui. Et je sais aussi que plus longtemps aurait duré cette mort plus dur aurait été le retour à la vie. Ma mort fut de mettre un rôle à ma place. Ce qui m’a terrifié lorsque je m’en suis libéré, ce fut de comprendre que je me niais pour être accepté. Ne plus être moi pour être près des autres. Une mort biologique était bien plus acceptable, plus conventionnelle. Je ne saurais dire combien cette expérience a changé ma vie. Mais je sais une chose. De ce moment là m’est restée une détermination implacable. Je resterais, seul s’il le faut, envers et contre tous. Mon droit à la vie est inaliénable. Il inclut ma liberté de penser, de dire et d’agir. La déchirure était telle que je fis bloc autour de moi. La forteresse serait imprenable. Comprenez bien que je suis réellement mort et ressuscité. Mort, car la seule vraie mort est celle de l’identité. Ressuscité, car je sais que je suis vivant et que je ne suis pas un rôle issu de mon imagination. Comprenez le risque que j’ai couru. Je n’avais comme mes semblables qu’un seul but : vivre au sein de mon peuple. Et pour cela j’ai délibérément renoncé à exister par moi-même.

La suite est évidente. De bon élève, dans la moyenne, dans le lot, je suis passé à cancre. Le cancre parfait. La raison en est simple. Je disais non à tout le système. Vous voulez me détruire, je ne me laisserais pas faire. Je sais combien vous pouvez être pernicieux. Je le sais, car vous m’avez déjà tué. La guérilla c’est transformée en guerre de tranchées. Je n’ai jamais envisagé de but quelconque quant à l’issue de cette guerre. Le seul but était de vivre par moi-même. Je n’ai jamais pensé que le conflit s’enliserait jusqu’à plus fin. Je n’ai pas lésiné sur les coups que je pouvais porter. Mais j’avais sous-estimé la capacité de résistance de l’ennemi. Ce n’est pas un hasard si on le nomme mammouth. Il est inébranlable. Je ne faisais somme toute que quelques remous à la surface de l’océan. Mais j’avais aussi surestimé la capacité d’analyse de la bête.

Une anecdote pour illustrer mon propos : lorsqu’un instituteur sermonne un élève sur le respect et que celui-ci lui rétorque : « Je ne dois le respect qu’à ceux qui me respecte ! » Je pense que vous pensez comme moi. « Qu’a bien t-il pu se passer pour qu’un enfant pense qu’on lui a manqué de respect ? Que se passe-t-il d’aussi difficile pour qu’un enfant pense qu’il a été bafoué et ose le dire si ouvertement ? J’étais au primaire et les mots résonnent encore. Je peux encore voir et toucher la scène. La seule réponse fut la punition.

Autre exemple : imaginez vous faire un cours dans un collège ou un lycée. Vous avez parmi vos enfants un perturbateur infernal qui fait tout et n’importe quoi, les pires bêtises, et pourtant même au moment le plus inattendu vous ne parvenez pas à le mettre en défaut. Vous l’interrogez par surprise et en vous narguant il ne vous jette à la figure que des réponses exactes. Pire, il fait le pitre. Il n’écoute pas ou ne semble jamais écouter. Il perturbe tout le monde, mais en plus il vous met en défaut, vous, face à votre classe. Il prouve devant tous que vous vous trompez, que vous dites des vérités approximatives, que vous faites des simplifications (voulues par le programme). Là encore il y a matière à questions. Je peux vous assurer que rares sont ou étaient les professeurs qui se les posaient. Non, décidément il y avait quelque chose de pourri au royaume du système scolaire. Je n’ai tout au plus réussi qu’à exaspérer mes professeurs. Neuf ans de guerre des nerfs. Avec des passages où j’ai bien failli y laisser beaucoup de plumes.

Tout cela n’est finalement qu’un bon souvenir. Où je me suis sauvagement déchaîné sur un système qui finalement n’en avait rien à faire et qui pouvait très facilement encaisser le choc. Mon seul regret est d’avoir identifié le mammouth aux personnes qui y travaillaient. J’ai été un poids lourd de conséquences pour certains et finalement ils n’y étaient que pour peu. Les hommes ne méritaient pas un tel traitement.

Il n’y a pas que de bons restes dans cette affaire. On pourrait penser que j’ai malgré tout réussi à me construire et que là est l’essentiel. Je rétorque que non. Je ne me suis pas construit durant cette épreuve. Je me suis construit à neuf ans. C’est à ce moment-là que j’ai décidé pleinement de mon identité. Et je n’ai pas dévié par la suite. Pourtant, ce n’était pas encore gagné. Un, parce qu’à l’époque on n’hésitait pas sur les moyens de faire plier les récalcitrants. Deux, parce qu’insidieusement un élément bien plus pernicieux s’est attaqué à mes positions. Cet élément c’est moi. Moi le cancre. La position de cancre est très confortable. Elle demande finalement peu d’énergie. Laissez moi vous expliquer.

La position dans la classe. Deux solutions: le fond près du radiateur comme on dit souvent. Cette place offre l’incommensurable avantage de permettre à son occupant de dormir paisiblement. C’est comme s’il y avait une étiquette. On s’installe là et tous reconnaissent le rôle de l’occupant. On le laisse tranquille et il ne dérange pas. L’autre place celle que j’affectionnais c’est la table juste en face du bureau du professeur. Cette place est plus ambiguë. Elle est prisée par plusieurs individus. En premier lieu le lèche-bottes. Pas besoin de faire un dessin. En second vient la première de la classe. Vous remarquerez que c’est très souvent une fille. Et pour finir le cancre de la pire espèce. Car celui-ci n’est pas à priori censé se trouver là. Cette place pour lui offre un gros avantage. Il peut se retourner et faire face à la classe. De là il a tout son public pour faire toutes les clowneries qui lui passent par la tête. Un bon rire étant toujours agréable. Ce cancre-là est relativement bien accepté. C’est plus amusant de le regarder faire le clown que de suivre un cours rébarbatif. Puis ça interrompt les discours pompeux et laisse de la place à la fantaisie. Ensuite s’il est un bon cancre il peut très facilement de là pousser à bout son professeur. Il est aux premières loges et à ainsi accès à beaucoup de matières. Comportement, locutions verbales, manies en tout genre, et surtout il a accès au cours. Au contenu. Avec ce dernier et un peu de réflexion, il peut détourner le cours vers ses pitreries, rebondir sur un texte et le tourner en dérision, s’approprier un évènement du programme pour le rallier à sa cause. La position dans la classe est donc stratégique. Si la place est imposée par le professeur, il suffit de mettre un chahut impossible pour que la sanction tombe. Le professeur pour tenir le perturbateur à l’œil le veut tout près de lui. Là ! Juste là ! Vous voyez la place de rêve. Celle que beaucoup redoutent, mais que le cancre reconnaît comme pleine de potentiel. Je ne suis pas sur que les profs aient compris comment ils se faisaient manipuler.

Mais la position de cancre n’est pas qu’une question de géométrie. Elle demande surtout de bien comprendre comment fonctionne une classe. Je ris encore des annotations laconiques des bulletins scolaires. « N’a toujours pas compris quel est son rôle d’élève ! » Je peux vous affirmer que si dans une classe il existe un enfant qui a bien compris quel est le rôle de l’élève c’est bien le cancre. Il sait parfaitement de quoi il retourne. Il sait exactement quelles sont les limites. Il sait exactement comment fonctionne une dynamique de groupe. Il sait exactement comment se sélectionne un leader. Mais en plus de connaître à la perfection le fonctionnement de l’entité, il en connaît les constituantes. Grâce à ce savoir, il va pouvoir rapidement improviser pour plaire aux uns et exaspérer les autres. Enfin, le cancre n’a pas besoin d’avoir de bons résultats. C’est un cancre. Et comme le cancre dormant, il est une tare que le système rejettera à sa sortie.

Il existe diverses raisons qui vous mènent à devenir cancre. La mienne impliquait la prise de parole. Et pour dire ce que personne ne veut entendre, la route est longue qui mène à Damas. Bien trop longue. Car c’est de là qu’est venu le danger. Le cancre, celui que tous apprécient et qui n’est rejeté que par ceux qu’il rejette lui-même, est finalement quelqu’un de très dangereux. Car il m’a pris ma place. Et oui j’étais mort. J’étais re-né et voilà que je mourais de la même mort.

Mais je n’ai pas laissé faire le cancre. Et j’ai eu bien du mal. En premier lieu, le système a sorti une arme à laquelle je ne m’attendais pas. Le placard. Le garage. C’est malheureux, mais c’est ainsi. On a créé diverses sections pour permettre à chacun de trouver sa voie, et le système les a transformées en sanctions. C’est ainsi qu’au collège il fut décidé de m’envoyer dans une classe pour déficients. Heureusement que j’étais un bon cancre, un de ceux qu’on ne peut que difficilement mettre en défaut pendant les cours. Le genre qui fait les cours de math à la place de son prof. Le genre qui signale les fautes de français, les erreurs historiques… Car après une lutte acharnée, il fut convenu que la sanction serait une classe à effectif allégé. J’ai compris alors que ma stratégie n’était pas très bonne. Et surtout que le cancre avait grignoté de la place. Corriger le tir ne fut pas simple. Il n’est pas du tout évident de mettre de côté des comportements aussi longtemps élaborés. Restait un dilemme : comment continuer le combat sans laisser le cancre me tuer ? Il me fallut en apprendre plus sur le mammouth. Et trouver comment le gruger.

La situation n’était pas simple. Quelqu’un en troisième d’adaptation est avant tout un ignare ou un gentil débile. Il n’est pas question de lui faire suivre la voie dans laquelle il pourra d’épanouir surtout si elle est littéraire ou scientifique. Donc, au choix, les CAP et autres BEP, au mieux des secondes techniques. Mon idée fut de faire croire que ce que je voulais faire était de l’électronique. Du style : le mec qui fait des soudures toute la journée. Bref ma liste de vœux fut très orientée. Mais aussi dans la liste se trouvait une seconde technologique depuis laquelle j’aurais pu rebondir. Je me rappelle avoir longuement hésité à mettre la seconde C que je désirais. Je passais une année à faire taire le cancre et avoir des résultats corrects, ceux qu’on attendait. Et ce fut un succès. Je donnais raison à ceux qui m’avaient envoyé là. « Regardez c’est exactement ce qu’il lui fallait ! » J'intégrais la seconde visée et je rebondissais sur une première scientifique et technique pour avoir mon bac. Mais les habitudes de cancre étaient dures à faire partir et les trois années de lycée n’ont pas dérogé à la règle. Une nouvelle fois je surmontais cette épreuve sans que quiconque n’y prête attention. J'éradiquais le rôle qui me volait ma vie.

Depuis le temps a fait son œuvre. Mais il est des choses qui restent très profondément ancrées. Ces années de guerre ont laissé la place à ce que j’attendais depuis toujours : la possibilité d’apprendre. Apprendre sans retenue. J’ai passé douze ans d'université à tenter d’étancher ma soif. Ma liberté revendiquée à neuf ans je l’ai acquise à dix-huit comme tout le monde. Mais elle a en moi une résonance particulièrement forte.

Mes positions radicales sont devenues plus souples. Par exemple il était pour moi inadmissible qu’on prive quelqu’un de liberté de parole. Et je pensais qu’il fallait l’imposer. Je ne suis plus aussi catégorique. Je ne crois plus qu’il faille coûte que coûte imposer la liberté de parole ou toute autre liberté à quelqu’un qui la refuse. Je pense qu’il faut le laisser trouver sa propre voie. Je ne pense plus que le système soit aussi pervers que je le pensais. J’ai appris à voir mes parts de responsabilité dans mon conflit. Je pensais que les autres ne me comprenaient pas et qu’ils en étaient responsables, car il s’agissait pour moi d’un refus. Je sais qu’en fait nous sommes tous dans cette situation. Nous sommes tous incapables de comprendre réellement l’autre. Et mon conflit m’empêchait de voir qu’eux aussi étaient incompris, en particulier de moi.

Il me reste cette horrible douleur de se sentir disparaître. De se savoir mort. De savoir que ce gouffre est là, juste là, et que sans y prendre garde, il suffit de peu pour sombrer à jamais. Mais m’y être perdu et retrouvé m’a rendu fort. M’a parmi de trouver, un peu tôt pour certains, mon essence. Cette épreuve m’a apporté la mesure de la préciosité de la vie. Elle a façonné mon système de pensées. Elle est ce qui me permet d’affirmer aujourd’hui qui je suis. Elle m’a apporté de la vigilance vis-à-vis des autres. Elles m’a montré combien je fais partie de ce tout que beaucoup ignorent ou semblent ignorer, l’Humanité. On dit souvent qu’on bâtit son identité sur les bases de sa famille, de sa ville, de son pays. Je ne me sens qu’une seule famille l’Humanité tout entière et j’ai mal de la voir si mal en point. Je ne me sens qu’un village, cette planète que l’on tue. Je ne me sens qu’un pays cet univers qui nous accueille tous.

J’ai beaucoup lu, je suis souvent intervenu dans les débats au sujet des enfants qui, comme moi, se retrouvent décalés dans leur vie. Et je n’ai jamais trouvé de propos qui me conviennent. Combien d’histoires me ressemblent ! Combien de personnes vivent une vie semblable ! Et les réponses à cette situation me laissent toujours las d’exaspération. Combien de fois ai-je lu qu’il allait un enseignement adapté à ces enfants ! Combien de fois ai-je vu la demande de création de centres spécialisées ! Combien de fois ai-je entendu ce discours qui nous exclus !

Non ce que je veux, ce que je désire, c’est que tous les enfants de toutes conditions aient un enseignement qui leur soit adapté. Sans restriction, sans séparation, sans classification. Un enseignement adapté pour chaque enfant à son rythme, à ses capacités, lui permettant de s’ouvrir au monde, lui permettant de se découvrir lui-même.

Une utopie majeure où la prise en compte de l’individu et donc de l’autre devient la base de la société. Savoir qui on est pour fusionner avec le groupe.

Voilà comment je suis mort.

Je crois qu’un autre événement explique lui aussi bien des choses sur ma façon d’aborder le monde.

À 10 ans j’ai eu un accident et je suis cette fois-là mort cliniquement.
Je sais que cela n’a pas changé ma personnalité. Je suis bien trop conscient de moi depuis bien longtemps pour pouvoir l’affirmer.
Mais, je crois que cet événement a encré en moi combien la vie est précieuse.

Pour finir je peux ajouter que ma mémoire est un être vivant, qui vie avec moi dans cette tête. Elle se montre parfois capricieuse. Mais elle est aussi une puis sans fond qui me permet de vivre mille vies. Je n’ai jamais réussi à me débarrasser de mes multiples personnalités. Mais je suis devenu profondément conscient de moi du monde des autres. Et si je comprends facilement que peu de gens arrivent à me suivre lorsque mon cerveau part en exploration, j’ai beaucoup de mal à accepter que si peu de gens aient conscience de cette merveilleuse interaction perpétuelle qu’est la vie. J’ai beaucoup de mal à imaginer qu’on ne perçoive pas les vibrations de la vie dans la pousse du bambou ou l’éclosion du coquelicot. Je sens cela si présent autour de moi que cela restera à jamais un mystère.

A+JYT


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#2 27-11-2014 19:06:19

nicole
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Re: Sekaijin

Bienvenue ici icon_wink
ça me fait bizarre de repenser a ces jours d'il y a bientôt 8 ans, quand tu nous a retrouvé
et je tiens à redire ici que je n'ai pas supprimé ta présentation

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#3 27-11-2014 19:10:57

sekaijin
Administrateur
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Re: Sekaijin

si ma mémoire ne me fait pas défaut
j'avais un bonjours en japonais et j'avais ajouté qu'on aurait tout le temps pour apprendre à ce connaitre. Doug Avez réagit en disant "c'est une présentation ça ? je déplace dans présentation"
je dirais que cela date de 3 jours après mon arrivée.

mais je n'ai pas retrouvé ce post. de tout façon il n'apportait pas grand chose.
A+JYT


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#4 27-11-2014 19:35:04

nouga
Maître des fans
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Re: Sekaijin

je te découvre mieux, c'est vrai que tu es discret


"les états d’âmes sont des lapsus incertains"

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#5 27-11-2014 19:37:26

ITESS
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Re: Sekaijin


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#6 27-11-2014 19:44:01

sekaijin
Administrateur
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Re: Sekaijin

Je connais le cas de leonard
il me semble en avoir parlé ici.

A+JYT


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#7 27-11-2014 19:47:57

ITESS
Maître des fans
Lieu: Ici & ailleurs
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Re: Sekaijin

C'est justement pour cette raison que je te donne ce lien.
Espérant que tu ne le connaisses pas déjà.


Tantôt Roots...
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#8 27-11-2014 21:06:20

nicole
Nounou du forum
Lieu: charente
Date d'inscription: 20-12-2006
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Re: Sekaijin

je ne m'en souviens pas, mais c'est vrai qu'à un moment je cherchais désespérement à gagner de la place, avec le forum qui grossissais sans arrêt à cause de l'autre forum collé derrière celui ci que Doudzz n'avait pas fermé et qui était la proie des robots spammeur, alors peut être... j'en suis désolee

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#9 27-11-2014 21:44:56

Maya
Maître des fans
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Messages: 12692

Re: Sekaijin

Et bien je souhaitais une présentation, je ne suis pas déçue. Quand tu dis que tu vas faire, tu ne fais pas les choses à moitié. icon_wink Nous aurons certainement d'autres occasions d'échanger sur ce que tu nous confies là. Un bien beau texte. icon_smile


« Pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles. » Max Frisch
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"L'imagination est plus importante que le savoir." Albert Einstein

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#10 27-11-2014 22:25:37

EkimoZ
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Date d'inscription: 02-06-2007
Messages: 4482

Re: Sekaijin

Tu vois, quand je penses à toi, et j'y penses parfois tu le sais, je vois un homme brillant, brillant d'intelligence,  d'humanité,  nous avons la mort en commun et je crois que la mort physique, aussi bizarre soit elle, n'est rien à côté de celle qu'on peut nous imposer.
Je t'idéalise souvent mais je ne crois pas me tromper de beaucoup, et je suis hyper fière de t'avoir comme ami, te t'avoir rencontré pour une soirée exceptionnelle aussi!

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#11 28-11-2014 10:05:43

sekaijin
Administrateur
Date d'inscription: 10-02-2007
Messages: 5303
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Re: Sekaijin

Que dire sinon un grand merci à vous.
On n'est jamais que ce que l'on est. Et on ne fait que ce que l'on peut.
Alors j'essais tout les jours.

A+JYT


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#12 29-11-2014 18:55:00

Daniel de Blanc-Mesnil
Maître des fans
Date d'inscription: 16-05-2012
Messages: 4231

Re: Sekaijin

J'avais lu ta présentation il y a quelques temps déjà ! Et tu dis là tout plein de choses intéressantes !
J'aimerais pouvoir un jour discuter de tout ça avec toi parce  là  il y en a pour un  moment.icon_surprised

J'avais  vu une émission  avec des gens qui étaient morts cliniquement et revenus à  la vie. Et il y a une chose qui m'a vraiment étonné parce que je n'en avais jamais entendu parler, c'est qu'ils disaient tous  avoir eu la  sensation de connaissances , un disait "la connaissance universelle". Alors est-ce que c'est toute la connaissance  acquise au cour de la vie, de celle de nos géniteurs, ou une connaissance qui flotte dans les airs ?eyes

Tu as  de quoi faire pour nous  faire comprendre tes pensées et ton fonctionnement ! Ce ne sera pas facile pour toi de nous expliquer et difficile pour nous  de comprendre. Mais tu as de quoi largement nous enrichir.icon_smile

Mais ne nous met plus les conjugaisons d'"enkikiner" par pitié !!!! icon_wink

love


Faute de pouvoir changer le monde, j'essaie de faire du bien autour de moi, parce que, égoîstement, cela me fait du bien à moi.

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#13 30-11-2014 11:15:41

sekaijin
Administrateur
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Messages: 5303
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Re: Sekaijin

On peut s'ammuser avec "corroyer" si tu veux icon_wink

A+JYT


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