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COMME EN 14 (Face B) - (Ecoute : Youtube)
Il y a bien longtemps que tu es parti.
J’ai appris à t’oublier, à vivre comme on dit.
Mais au soir de ma vie, à mon tour je t’écris.
Je sais que cette lettre ne t’arrivera jamais,
De là où tu es, il est difficile de communiquer.
Elle laissera juste une trace de ce que nous aurions pu être,
Elle montrera à ceux qui restent que l’on n’oublie jamais vraiment ce que l’on a pu se promettre.
Je suis désormais une vieille femme avec des tonnes de petits enfants,
Mon mari est mort l’année dernière, je suis seule dans mon appartement.
Il m’a aimé tendrement et j’ai été heureuse de temps en temps,
Ce n’est jamais facile d’épouser quelqu’un qui,
Comme moi, a tellement pleuré avant de lui dire oui.
Si la guerre n’avait pas laissé un vide dans mes bras,
J’aurais sûrement pu aimer bien mieux que ça,
Mais quand j’ai reçu ta lettre, c’est toute ma vie qui s’est écroulée,
C’est toute mon âme qui a quitté mon être, pour à jamais disparaître.
Si tu savais combien je t’ai pleuré,
Si tu savais combien tu m’as manqué.
Je voulais une vie entière avec toi,
Je n’ai eu qu’un moment d’éphémère d’une jeunesse sacrifiée, jonchée de croix de bois.
J’ai guetté tous les clairs obscurs pour pouvoir te parler encore et encore,
J’ai pleuré des nuits entières jusqu’à vider les larmes de mon corps.
La guerre est une absurdité, ce sont les derniers mots que tu m’as écris,
Quand tu es tombé, ce n’est pas une vie mais deux qui ont été brisées.
J’ai eu deux filles, Sophie et Pauline, belles comme un sourire au milieu de ma détresse.
Je me suis réfugiée dans l’amour d’une mère pour ses petits en les élevant dans la tendresse.
Je les ai imaginées parfois avec tes yeux, tes mains ou bien n’importe quoi,
Tout pourvu qu’elles soient de toi , tout pourvu que la vie me ramène vers toi.
Les étés se sont succédés, j’ai fini par m’habituer à vivre ailleurs que dans le passé.
Les filles ont grandi puis une autre guerre est arrivée.
Si tu savais comme j’ai eu peur pour elle,
Mon mari était juif et les autorités voulaient que je couse une étoile sur leurs dentelles.
On a eu faim, on s’est enfui, on s’est caché, certains d’entre nous ont été dénoncés
Et à la fin la victoire est arrivée, le temps a passé, beaucoup ont oublié…
Si tu savais combien je t’ai pleuré,
Si tu savais combien tu m’as manqué.
Je voulais une vie entière avec toi,
Je n’ai eu qu’un moment d’éphémère d’une jeunesse sacrifiée, jonchée de croix de bois.
J’ai guetté tous les clairs obscurs pour pouvoir te parler encore et encore,
J’ai pleuré des nuits entières jusqu’à vider les larmes de mon corps.
Je suis désormais une vieille femme et le temps se voit sur mon visage.
Je sais que bientôt je viendrai te rejoindre, m’attendras-tu sur le rivage ?
J’imagine nos retrouvailles dans une prairie en fleurs en plein soleil.
Tu porteras ton képi et moi j’aurai mon ombrelle,
Tu me saisiras par la taille et me fera tournoyer en même temps que ma jupe en dentelle.
Je n’aurai plus ces rides qui dessinent mon visage,
Sur ce rivage, j’aurai à nouveau vingt ans, nous n’aurons plus d’âge,
Et si tu m’attends, nous irons ensemble briller à jamais, dans le firmament.
Petit Slammeur
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WAOUH !!! Punaise !!! La claque ! Ou plutôt : la claque, le retour. Connaissant bien maintenant ta voix et ton flow, j'avais l'impression de t'entendre en te lisant. Tu es un très bel artiste. Chapeau !!!
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C'est vraiment un très bel hommage que tu rends à notre histoire,bravo.
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combien d'histoires comme celles que tu racontes si bien se sont passées, ma voisine a coté a vecue cela
bravo d'avoir trouver les mots si justes
ps
pour le festival de cannes t'as les pieds dans l'eau, fais méfi a pas t'enruhmer
a+ ami
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Très beau et touchant!
La dernière strophe me repose les questions que j'avais, enfant, quand je croyais à un apres, sur ce que deviennent les gens comme le mari, qui n'ont pas été aimés.
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Très beau ... Pas d'autres mots pour traduire l'émotion que cela m'a donné ...
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C'est vrai qu'on parle des morts à la guerre et qu'on parle peu des morts vivants qui ne réussissent que difficilement à continuer de vivre !
Comme aussi on parle peu de ceux qui en reviennent et ne cicatrisent jamais complètement !
Combien d'amours endeuillés ? Combien de chagrins ? Combien de jeunesses envolées ?
Bravo !
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Un grand merci pour moi mais aussi pour la mémoire
Suis touché par vos coms et heureux de voir que ces lignes ont un écho.
Pour reprendre une expression de Thanalie : de gros poutoux à vous d'un midi plein de soleil aujourd'hui
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