Forum Grand Corps Malade et slam

Je me lève, encore une fois et le monde semble fait pour moi
Ma solitude me donne les moyens de tenir dans le froid
Elle me fait du chaud et comme je n’ai rien à faire d’intéressant
J’écris mon mal de vivre et une partie de ce que je ressens.
Parfois je voudrais être avec elle, et me dire que tout roule
Mais je suis seul depuis tant de temps que je me défoule
Seulement sur des films porn et je rêve d’elle en silence.
Mon existence, vaste no’ man land, est devenue assistance
Je crève dans cette petite ville merdique qui me dévisage
Comme un étranger, et ils m’attendent tous au virage.
Mais j’en aie rien à foutre, je fonce la page tout les jours
C’est ma manière de prendre de la distance et croire en l’amour.
Un moment suffirait à changer ma vie, mais il est au loin
Devant je l’espère, derrière je le crains, j’ai perdu les mots de la fin
Pour cela on me demande pourquoi je ne termine jamais rien
J’essaye d’être assez sûr de moi, pour croire que ces textes sans fin
Ont en quelque sorte un sens pour quelqu’un, mais combien y croit
Je me sens mal avec la vie, avec les autres, avec mes propres choix
Car à l’allure que j’ai prise, mon destin est une putain de croix.
Je le porte comme toujours, parce que je serais un mort marchant
J’ai besoin de voir dans ma tête que je suis né pour trouver le temps
Et un sens à cette réalité qui se confond entre mer et ciel.
Mon horizon est une ligne de fuite qui s’arrête dans l’immatériel
Là-haut je connais peu de gens qui durent assez pour dire ce qu’il y a
C’est le climat dans mon crâne qui m’oblige à porter une armure, c’est ça.
Je me sens comme pris au piège d’un endroit qui ne me correspond plus.
Je bois un jus, deux, je passe à la bière, je traverse le temps, je suis rompu.
J’ai des pierres dans les yeux, des fragments de vent dans les mains
Je voudrais être libre, mais rien ne me retient, je crois c’est le vrai frein
Je me sens si naze et grotesque, que rien ne peut me rendre joyeux.
Je fais des vœux qui ne se produisent jamais, jamais je ne serais amoureux.
Mais elle me hante et je déjante et le sablier décante et je me perds sur la pente
Et je rêve de sa fente, et je termine un autre Fanta, et je prends une pinte
La vie est un ruisseau, la mort un océan, je suis juste comme un saumon
Je cherche à remonter la merde qui me pousse en arrière et je sais qu’en amont
Il y a pas mal de raison sur le mal qui me donne cet air triste tout le temps.
Je voudrais pouvoir donner le meilleur de moi, parlé des joies qui passent souvent
Comme passent potes à l’appartement et une meufs ou deux parfois.
Mais je ne crois pas que je sois fait pour vivre parmi les gens en qui je crois.
Fragile, c’est peut-être ma pire faiblesse et vous direz une grande force
Je ne me souviens d’aucun héros dont le don était d’être faible en quelque sorte.
Les magazines ne ventent que de la merde qui ne me ressemble pas
Moi je suis une putain de diarrhée, rien à voir avec ces corps d’attardé, svelte et au pas.
Militaire et militant je ne suis pas, je ne suis que l’odeur de crasse sous les néons
Mon image est celle du chien, mon aura celle de la lampe sur le papier à carreau.
J’allume une mèche je la fume, je m’explose, j’attends que l’esprit déguerpisse
Que je puisse me libérer un instant de cette douleur, couleur de pisse.
Et je rêve dans l’envers de vers qui guérissent les bleus à l’âme et je meurs
Et je n’ai que ça dans ma tête des visions sombres, à l’astrolabe du cœur.