Forum Grand Corps Malade et slam

On m'a coupé la langue, arraché les yeux, crevé les tympans.
J'avance à reculons, dans le noir, oui mais pourtant
Même sans orientation, même sans savoir où je pose les pieds
J'avance encore, je me laisse porter, je me laisse traîner.
Par déperdition, je laisse mon corps de dissiper, s'enfuir
Via les airs ou par la terre je crois que je me laisse dépérir.
Tout fini par se confondre, pour ne pas que ma méfiance
Ne finisse par me trahir, ou par rompre mon vœu de silence.
Je prends de la hauteur, parce qu'est venu le moment
De compenser chaque minute que je prends au temps.
Chaque coup de marteau que l'on m'inflige en ennemi
M'assomme un peu plus, mais n'est ce pas ça ma vie?
Je me souviens, oh oui je vois encore très bien
Toutes les paroles, et tous les actes qu'on me disait divin.
Je me souviens, je vois encore quand la nuit tombe
Le territoire des hommes est gouverné par nos ombres.
J'ai fais vœu de silence, il y a longtemps, ce devait être hier,
Il y a peut être des années, des siècles, mais j'en reste fière.
Je me suis arrachée la langue, pour que rien ne s'échappe
Coupée broyée, pour que rien ne disparaisse de mon antre.
Par désespoir je disparais, lentement, oui mais surement,
Débarrasser le plancher ou bien restée plantée au devant,
Je me mure, je me cache, je m'efface, je m'abandonne
Ce sera mon dernier acte, ma dernière trace, dernière mission.
On a tous un rôle ici bas, tous une fonction.
Je connais le pourquoi du comment de mon imputation.
Espérons que le temps se fasse bref, vite
Je rends justice, une dernière fois, et je prends la fuite...

Shira J. Dunkelheit.