Forum Grand Corps Malade et slam

pour faire plaisir à notre nounou préférée

je le savais.
Je regardais tes lèvres. Je les ai vues trembler d'amour au passage de son nom.
Alors j'ai voulu te séparer de lui, tout de suite, brutalement, que tu saches que c'était fini, depuis le fonds des temps, qu'il ne restait rien de lui, pas même un grain de poussière quelque part mille fois emporté par les marées et les vents, plus rien de lui et plus rien du reste, plus rien de rien ... Que tes souvenirs étaient tirés du vide. Du néant. Que derrière toi il n'y avait plus que le noir, et que la lumière, l'espoir, la vie était ici dans notre présent, avec nous.
J'ai tranché derrière toi avec une hache.
Je t'ai fait mal .
Mais toi, la première, en prononçant son nom, tu m'avais broyé le coeur.

Page 159  "La nuit des temps" de Barjavel

Mais tes désirs sonr des ordres nounou ! lol
Depuis le temps que tu attendais ...
Et oui franchement à lire, relire et relire !!!!

C'est assez particulier de trouver un peu chacun(e) jusque dans les choix des extraits... Quelqu'un d'autre a-t-il "la nuit des temps" de Barjavel sous la main pour donner son extrait à lui?
(ça me donne de plus en plus envie de le retrouver et de le relire! après .......... beaucoup de temps, lol, je me souviens encore de certains passages.

"Laudremont, qui aime bien les phrases, il répète souvent, Ce qui ne tue pas te rend plus fort.
Alors c'est ça la vie : ou t'es fort, ou tu es mort ?
Tu parles d'un choix à la con."

Marie-Sabine Roger La tête en Friche

PROPHETHIE

là où l'aventure garde les yeux clairs
là où les femmes rayonnent de langage
là où la mort est belle dans la main comme un oiseau saison de lait
là où le souterrain cueille de sa propre genuflexion un luxe de prunelles plus violent que chenilles
là où la merveille agile fait fleche et feu de tout bois

là où la nuit vigoureuse saigne une vitesse de purs vegetaux

là où les abeilles des etoiles piquent le ciel d'une ruche plus ardente que la nuit
là où le bruit de mes talons remplit l'espace et leve à rebours la face du temps
là où l'arc en ciel de ma parole est chargé d'unir demain a l'espoir et l'infant à la reine

d'avoir injurié mes maitres ,mordu les soldats du sultan
d'avoir gemi dans le desert
d'avoir  crié vers mes gardiens
d'avoir supplié les chacals et les hyenes pasteurs de caravanes

je regarde
la fumée se precipite en cheval sauvage sur le devant de la scene ourle un instant la lave de sa fragile queue de paon puis se dechirant la chemise s'ouvre d'un coup sur la poitrine et je regarde en iles britaniques en ilots en rochers dechiquetés se fondre peu à peu dans la mer lucide de l'air où baignent prophetiques
ma gueule
    ma revolte
        mon nom

Aimé CESAIRE

Dernière modification par nouga (06-01-2010 10:59:55)

Je me demande si cette fois-ci, je reviendrai. Si je reviendrai dans la vie. Je vis dans du décolorant. Je me souviens des jours dorés. Je me souviens de l'ombre qui tremble. Je me souviens du pain, du café qui fume, des yeux clos, du soleil qui claque derrière le rideau. Du rire dans la maison claire, de l'âme qui s'envole au matin. je me souviens de la peau, des doigts qui courent gros calins. Je me souviens et tout revient. Nostalgie imbécile, quitte moi donc cet après midi. Laisse moi souffler, me reposer. Je suis épuisé. Je voudrais vivre comme hier, avant ce jour maudit où quelque chose s'envola. Imperceptible absence. Vivre dans du décolorant est épuisant.

Richard Bohringer. C'est beau une ville la nuit.

Je suis, Ô Hammadi, celui qui se cachait dans la poussière quand vous avez rencontré le caméléon; qui était perché sur la pierre quand vous parliez à la chauve-souris; qui s'ébattait dans le sable blanc quand vous apparu le scorpion. Je me reposais sur l'émergeance latérique quand vous tentiez vainement de boire à la mare. Je traversais la vallée de gravier quand vous étanchiez votre soif au trou inépuisable. Je pétrissais l'argile quand l'outarde se moquait de vous. Je comptais mes gravillons de quartz quand vous étiez à la hauteur du bouc. J'examinais le sable noir quand vous vous reposiez sous les deux arbres. J'étais dans le bedrock quand le coq se transmua en bélier puis en taureau puis en incendie. Je nageais dans l'eau qui alimentait les deux puits égoïstes, je suis celui qui alla chercher de l'or.
Ô Hammadi! Je suis le petit vieux du fromager, je suis la ville inhospitailère, je suis la bourrasque, je suis les éclairs, je suis la lionne qui tua et la rivière qui avala, je suis la pirogue sabordée, je suis le passeur....

Amadou Hampâté Bâ Contes initiatiques peuls (Kaïdara)

Je vous transmets un courriel de ma fille, qui aime lire elle aussi mais qui n'a pas le temps de passer ici

Voici encore un extrait de bouquin que je lis en ce moment. Ça s'apelle "Piege nuptial" de Douglas Kennedy. C'est un peu comme du Stephen King en moins glauque et moins fantastique.

"On s'arrête à une pompe alors que l'on n'a même pas besoin d'essence, on rencontre quelqu'un et la vie déraille. Non, le destin n'est pas cruel. Il est bête à pleurer."

Un soir de lilas, je marchais, souffrant de tous ms muscles, parmi le lumières de la 27eme rue et de la Welton, dans le quartier noir de Denver, souhaitant être un nègre, avec le sentiment que ce qu'il y avait de mieux dans le monde blanc ne m'offrait pas assez d'extase, ni assez de vie, de joie, de frénésie, de ténèbres, de musique, pas assez de nuit.(...)
Oh, tristes lumières de cette nuit là. C'était une nuit de Denver; je ne fis que mourir

Jack Kerouac Sur la route

Il s'étendit alors sur le rebord de la fontaine et s'endormit. Quand il se réveilla, il aperçut la jeune fille devant lui. Elle souriait et lui disait : "Que celui qui connait toutes nos pensées te donne joies et bonheur" Et elle s'assit près de lui.
" qui es tu ?" demanda Merlin. Il le savait bien, mais il voulait la mettre à l'épreuve et se rendre compte de ses dispositions envers lui. "je suis de ce pays, répondit-elle. Je suis la fille du vavasseur qui reside en ce manoir que tu as pu voir en venant ici. Mais toi, beau seigneur, qui es tu donc ?" Merlin se mit à rire et dit: "_je suis un valet errant, et je vais a la recherche de celui qui m'apprenait son métier. _ Quel métier?" Merlin se mit à rire et dit :" Par exemple à soulever une tour, ou même une forteresse, fut elle investie par une armée, la déplacer et la rétablir ailleurs. Ou bien encore à marcher sur un étang sans mouiller mes pieds. Ou bien à faire courir une rivière à un endroit où on en aurait jamais vu. et bien d'autres choses, car je réussis toujours ce qu'on me propose de faire._ C'est vraiment un beau métier, dit la jeune fille, pleine d'admiration.

Le cycle du graal, tome 1, par Jean Markale

Dernière modification par I love Tony (26-03-2010 18:21:20)

De l'autre côté de la rue, midi sonnait au carillon de l'église; le son glacé, mécanique des cloches fit ressurgir l'un des premiers souvenirs de Harriet: Libby (un après midi d'automne, le ciel intense, des feuilles rouges et jaunes dans le caniveau) penchée à côté d'elle dans son anorack rouge, les mains autour de sa taille. "Ecoute!". Et ensemble, elles avaient tendu l'oreille dans l'air froid et vif: une note mineure - qui résonnait inchangée une décénie après, triste et glaciale comme une note jouée sur un piano miniature d'enfant-, une note qui, même en été, évoquait des branches d'arbres nues, des ciels d'hiver et des choses perdues.
Donna Tartt Le petit copain

" A l'école il faudrait développer les activités culturelles comme le théatre ou la musique. En Angleterre les élèves étidient les Beatles, les Rolling Stones, le Jazz etc...Ils apprennent à jouer d'instruments comme la batterie, la guitarre, la basse.. et nous on en est toujours avec les cours avec la flute à bec ! Après ca il ne faut pas s'étonner si les Anglais sont des petits génies de la musique alors qu'en France on dot se coltiner des Karaokés géants en prime Time à la TV et des émissions célébrant une musique digne de nos meilleurs service d'anesthésie, voire des pompes funèbres.

............

L'éducation est le fondement d'une société, je pense à mes enfants et aux autres, à l'avenir du pays.
On se doit de les éduquer, bien sur, mais aussi de les responsabiliser, de les impliquer et de les amuser.
Pourtant on ne cesse de les mettre en garde : Attention petit, si tu ne fais pas bien tes devoirs, tu vas avoir de mauvaises notes, si tu n'as pas ton BAC, tu vas galérer pour trouver du travail, tu n'auras pas d'argent, pas de maison et tu finiras SDF !

Le dialogue avec les jeunes est globalement fondé sur le drame.
On le veut flippant et anxiogène. On communique sur le négatif, et c'est bien mon principal grief à l'encontre de cette société : envisager la vie par le négatif....


Akhenaton : "la face B"

Il conduisait une Fiar 500, au moteur fatigué, mais qui aurait sans doute eu la force de le jeter au fond de la vallée s'il avait gardé sur le volant une main ferme__ et sur la route des yeux suffisaments ouverts.

Incidences DJIAN

(Pour Tim, qui m'a prêté ce livre, et qui aime les objets qui ont une histoire)

Dans l'armoire vitrée et dans d'autres armoires de mon grand père se trouvaient encore une quantité d'objets et d'ustensiles, des chaines de perles en bois pareilles à des chapelets, des rouleaux de feuilles de palmier couverts d'anciens caractère hindous gravés, des tortues taillées dans la stéatite verte, des statuettes des dieux en bois, en verre, en quartz, en argile, des couvertures brodées en soie ou en toile, des gobelets et des coupes en laiton (...) et toutes ces choses sentaient la mer, les épices, les contrées lointaines, la cannelle et le bois de santal; tous ces objets avaient passé par des mains brunes ou jaunes, avaient été arrosés par les pluies tropicales, par l'eau du Gange, desséchées par le soleil équatorial, ombragées par la forêt vierge.

Herman Hesse (enfance d'un magicien)

Garp regarda Helen; il ne pouvait plus bouger que les yeux. Helen, il le voyait, tentait de lui rendre son sourire. Avec les yeux, Garp essayait de la rassurer: Ne t'inquiète pas--quelle importance s'il n'y a pas de vie après la mort? Il y a une vie après Garp, crois moi. Même s'il n'y a que la mort après la mort, il faut avoir reconnaissance des petits bienfaits, par exemple, parfois une naissance après l'amour. Et, avec beaucoup de chance, parfois, l'amour après une naissance. Et quand on a la vie, disaient les yeux de Garp, on a toujours l'espoir d'avoir l'énergie. Et n'oublie jamais, il y a le souvenir, Helen, lui disaient ses yeux.
" Dans le monde selon Garp, devait écrire un jour le jeune Donald Whitcomb, nous sommes contraints de nous souvenir de tout."

John Irving Le monde selon Garp