Vous n'êtes pas identifié.
Je ne suis pas mon corps
C’est vrai qu’on nous confond
J’lui sers de réconfort
Ais-je tort de tenir le cordon
Encore
Je ne suis pas mon corps
Je suis piégé au fond de son décor
Quand l’amphore se détériore
J’échoue au bout de mes efforts
Encore
Chaque jour nous nous écartons
Lui accuse ses cent ans
Alors que je me sens centaure
Il réclame sa sépulture
Tandis que je reste centurion
Et je sature de voir cette ossature
Qu’on tourne et retourne
Comme une tranche de porc
Moi, la vie je la dévore
Pendant qu’il subit les supplices
Des varices dévastatrices
Il se tord et déplore
Fatigué qu’on l’opère encore
Encore
Je ne suis pas mon corps
Et pour sortir quelques heures de ce sort
Tous les soirs quand il s’endort
C’est en condor que je m’évapore
Pour scinder notre union
Comme une libération
Le temps d’un rêve dans mon sommeil
On fait la trêve jusqu’au réveil
Car dès le café, ça redevient corsé
Encore, encore
Je ne suis pas ce corps, cette relique de l’histoire
Que j’ai beau secoué, roué à coup d’espoir
Il se laisse dériver, débris d’épave rouillé
J’essaie de maintenir le cap, continuer à voguer
Mais mon corps sert et m’empêche de respirer
Il me ceinture et je sature de voir cette ossature
Cogner sa vieille carcasse à la porte des cieux
Je tenterai sans cesse de jaillir des étincelles dans ces yeux
Et même si c’est dans le creux qu’il m’entraîne
Juré, promis
Sur la cartographie de la cardiographie
Je ne laisserai pas les montagnes devenir des plaines
Malgré mes durs labeurs
Je vibre encore à mille à l’heure
Alors que mon corps est devenu ce légume alité
Plus il se consume et plus j’ai soif de me cultiver
Ici les miroirs ne reflètent pas ma réalité
Et du corridor à mon corps hideux
Le cortège se relaie pour nettoyer le vieux
Je me surprends à hurler
« Sortez de ma chambre
Personne ne vous retient
Vous n’avez pas de carte de membre
Et je ne sens plus les miens ! »
Sortez de ma chambre et pendant que vous y êtes
Sortez-moi de ce corps ridé, ce soir c’est jour de fête
Emmenez-moi voir les corridas de la Corogne
Les colonnes de Corinthe
Les versants du Vercors
La barrière de corail
Je veux poursuivre la bataille
Loin de ces enceintes teintées de blancs
Loin de ce corps qui s’éreinte de ses cent ans
Dirigez-moi vers un nouveau départ
Quand mon corps sera sur le billard
Laissez-moi croire que la partie ne se finit
Pas dans un corbillard
Allez, bluffez-moi une dernière fois
Avec votre vie pleine de rebondissement
Dont même moi j’ignore tous les ressorts
Et tant pis si c’est pas pour très longtemps
Mais laissez-moi me sentir vivant
Encore
Dernière modification par honorable scarabee (21-01-2016 19:52:29)
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Ton texte est magnifique! J'aime beaucoup
j'aime beaucoup aussi!
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Le sujet que tu traites est intéressant. Je me demande ce qui t'a amené à te pencher sur la question. Quoiqu'il en soit on n'a pas le choix, les effets du vieillissement se font ressentir avec plus ou moins de force. S'il est vrai qu'on est bien plus que ce corps vieillissant, il reflète cette vie que nous avons traversée avec plus ou moins de bonheur. De la même façon que nous regardons nos aïeuls avec respect et tendresse, ne nous refermons pas sur nous-mêmes.
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Merci pour vos commentaires. En vérité j'ai participé à un atelier d'écriture où il fallait tirer un mot et l'humaniser en décrivant la relation que l'on a avec. Et je suis tombé sur le mot 'corps'. J ai ensuite retravaillé cet exercice chez moi en y amenant le thème du temps. Le temps que l on traverse. Le temps qui nous transforme.
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C'est une explication utile. Peut-être qu'à chaque fois que tu pars d'un atelier d'écriture, ce serait bien de le préciser. En parlant d'ateliers d'écriture, n'hésite pas à nous rejoindre sur ceux du forum, et peut-être, si tu as le temps, à t'exprimer sur certains des autres slams.
Bon dimanche!
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Salut Honorable Scarabée
Tu es un véritable ...corsaire avec les mots....
Comme d'hab pour en tirer tout le suc, il faut lire à haute voix ton slam...
Il n'en est que plus... succulent
Génial ton corps à corps avec les...maux
De très très z-affectueux poutoux z- à toi et aux tiens de Cosette, Thanalie & Co, Brestoises Solitaires.
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