Vous n'êtes pas identifié.
Pour certaines femmes
La naissance , c’est des larmes.
On dit: « accoucher comme une fleur »,
Mais aussi : « accoucher dans la douleur ».
Quand donner la vie devient violence,
Plus de cris, que le silence .
Telle une barque à la dérive,
Ballottée, oubliée, inactive,
J’ai tangué, perdu pied.
Impossible de crier,
Mes cris étaient trop lourds,
Les soignants étaient sourds.
Dans la technique réfugiés,
Pas de place pour la pitié.
Quand le vent est tombé,
Seule , je me suis trouvée.
Comment à cette douleur donner sens ?
Comment retrouver la confiance ?
Dans les bouches des proches
Peu de mots, presque des reproches.
Et mon corps à jamais mutilé,
Comme au fer rouge marqué,
Au bas de mon ventre se plisse
Indélébile souvenir, une cicatrice.
Puis la douleur a fait place
A la colère mais hélas,
Bien vite elle s’est tournée
Contre moi pour me terrasser.
Un sursaut et s’est réveillée la hyène,
Non, je ne serais pas une chienne!
Je ne serai pas complice,
Il me faut repousser les abysses
Je me ferai musicienne
Pour que de jolies notes viennent,
Que ce fasse poème, ma césarienne.
Ce poème/slam fut mon premier de l'âge adulte, écrit il y a un an, soit 11 ans après ma première césarienne. Quelques mois plus tard, j'écrivais celui-ci , une manière plus positive de voir le même événement:
LES LIONNES
Le jour de ta naissance
Joie et tristesse mêlées
Liées aux circonstances
D’une rencontre ratée.
Plusieurs années de honte
De cette nuit de cauchemar
Qu’aujourd’hui je raconte
Enfin sans peur, sans fard.
C’était déjà étrange,
Ce rendez-vous au bloc.
Que dire de nos échanges
Quand je n’étais qu’une loque!
Ce fut toi ma championne
Qui m’a fait prendre conscience
Que j’avais été une lionne
Supportant en silence
Les ravages de leurs drogues
Te calant , mon amour
Au fond de ma pirogue
Jusqu’au lever du jour
De peur qu’ils nous terrassent,
Que ces affreux vautours
De leurs sales griffes t’enlacent.
Bien avant ta naissance,
Avait surgi la louve.
Peu importe les souffrances
Car ton regard me prouve
Que je n’ai pas failli
Car toi, tu me pardonnes
Alors tant mieux si cette nuit
A fait de nous des lionnes.
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2 très beaux poèmes sur le thème de la vie.
Oui, la vie, c'est beaucoup de souffrance et ce dès le tout 1er instant jusqu'au dernier.
Mais entre ces instants de souffrance, il y a la joie.
Donner la vie est un acte douloureux mais qui se conclue sur tellement de joie et d'amour.
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Tu as eu du courage durant ces épreuves, aujourd'hui aussi alors que tu te confies à nous. Je rejoins Itess sur la joie et l'amour. C'est aussi ce que tu exprimes ici:
"...Peu importe les souffrances
Car ton regard me prouve
Que je n’ai pas failli
Car toi, tu me pardonnes..."
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Tes textes sont extraordinaires
C'est très touchant.
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Personnellement, je préfère vraiment le second au premier, mais je ne suis pas sur de bien comprendre toutes les allusions et du coup j'ai l'impression de passer un peu à côté. Mais je dois être un peu fatigué là , donc je relirai
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Vraiment très touchant... et je préfère aussi le second, mais comme MC, je crois qu'il nous manque des clefs
"Comment retrouver la confiance ?
Dans les bouches des proches
Peu de mots, presque des reproches."
et dans le second tu dis
"Car toi tu me pardonnes"
Je suis un peu déstabilisée par le fait que tu te sentes coupable (d'avoir subi une césarienne? ou d'autre chose?)
Bon, je pose des questions, mais c'est quelque chose de très intime, alors ne réponds pas si tu ne souhaites pas.
J'ai adoré l'image de la pirogue! c'est un peu ce que j'ai ressenti quand ma fille est née. Nous étions désormais 2, mais parallèles, proches et dans le même bateau.
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Je suis d'accord avec MC et Nicole, je ressens des messages cryptés... Entre autres, la rencontre ratée, c'est parce que tu as accouché par césarienne et n'étais donc pas consciente lors de l'arrivée de ta fille, ou autre chose? Qui sont les affreux vautours? Etc.
Peut-être ces textes sont-ils à présenter à tes proches, peut-être ont-ils eux plus de clés?
Dernière modification par SylvA (24-09-2015 19:00:50)
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je m'associe aux commentaires postés
deux textes très intime
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Effectivement , je pense que pour un parent qui n'a pas vécu de naissance difficile, c'est un peu "obscur"; je pense que par contre les femmes qui ont vécu une césa le comprennent davantage et je l'ai d'ailleurs présenté à des personnes qui connaissent ce type de naissance qui ont bien saisi les choses. Ceci dit, je l'ai présenté à un homme qui n'est même pas père et qui m'a scotché par la finesse de son analyse; c'est comme s'il avait vu les images que j'essaye de transmettre.
Alors pour répondre aux interrogations. La culpabilité est souvent présente chez les femmes qui accouchent par césa pour diverses raisons. Moi dans mon cas, c'était surtout le fait de m'être sentie une "loque" dans les première heures de vie de ma fille qui a longtemps été l'objet d'une grande souffrance. J'ai mal réagis à la morphine qu'on utilise dans la péri et j'étais complètement à l'ouest; je vomissais sans arrêt; je ne parvenais pas à rester éveillée; je me sentais comme "bourrée". Imaginez un peu, c'est comme si le jour de votre mariage, quelqu'un versait une drogue dans votre verre et que toute la journée vous aviez été l'ombre de vous-même!
De plus les douleurs post-op n'ont rien à voir avec une voie basse (je sais , j'ai eu les deux) et se sentir une "handicapée", je ne supporte pas! J'avais besoin de me sentir une mère et je n'étais plus qu'une "malade".
Les vautours, ce sont les soignants, parce que je savais que si je me plaignais , ils choisiraient la solution de facilité, à savoir prendre ma fille pour la nuit et là ils m'auraient "achevée". D'ailleurs , quand on se plaint auprès des proches, ceux-ci sont souvent très maladroits et vous empêchent d'exprimer votre souffrance par un : "le principal c'est que bébé et toi alliez bien" , qui vous cloue la bec ! Une mère qui a eu une naissance difficile, par césa ou par voie basse, même si physiquement elle semble aller bien peut avoir des plaies à cicatriser et c'est culpabilisant de s'entendre dire, qu'on n'a pas à exprimer sa souffrance.....
Je précise que ma césarienne n'était pas pleinement justifiée sur le plan médical et qu'en d'autres circonstances, avec d'autres médecins, j'aurais pu avoir la chance de tenter un accouchement par voie basse, donc je l'ai "subie" et non choisie. Je pense que longtemps je me suis sentie coupable de ne pas avoir pris mes jambes à mon cou et être allée demander un autre avis dans une autre maternité car ma rencontre avec ma fille aurait peu être différente.
Mais j'accepte à présent le fait que mon histoire de maternité ait été différente de celle que j'avais imaginée et je me suis pardonnée de ne pas avoir eu ni la force d'aller voir ailleurs, ni la capacité physique à supporter tous les effets néfastes de ces drogues...J'ai connu bien d'autres épreuves dans ma vie de maman. Peut-être qu'un autre jour, je posterai un autre poème sur un épisode encore plus douloureux, quand je me sentirai prête.... Bref, je ne serais pas la mère et la femme que je suis si je n'avais pas essuyé tant de tempêtes! Un jour, j'ai lu un proverbe qui me parle beaucoup et je vous le propose à mon tour: "Personne ne peut diriger le vent mais tout le monde peut apprendre à ajuster ses voiles! " Je sais que j'ai appris à ajuster mes voiles!
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alors quand les voiles sont ajustées on peut tirer des bords parole de voileux
chaque expérience de la vie apporte sa richesse, , c'est ce qui fait que la vie nous est precieuse
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J'avais plus ou moins compris toutes ces allusions puisque sur nos 4 enfants il y a 3 césariennes ! Et je préfère le 1er qui reprend bien la complexité des sentiments confus, bien que dans le deuxième l'image de la pirogue me parle aussi
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Et pour toute femme qui n'a pas pu accoucher au moins une fois par voie basse, ça laisse une cicatrice ...
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Tout à fait d'accord avec toi. Je pense aussi que le contexte (l'entourage familial surtout) fait qu'on surmonte plus ou moins bien ce type d'épreuve.
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Les mots sur la feuille c'est nos cicatrices.
Parfois on en souffre ou/et on s'en relève.
C'est pas facile à accoucher.
Mais tellement joli à vivre.
Merci de ton partage, je me sens moins mâle.
Je ne pensais pas que ça pouvait bouleverser autant, mais je pense à ma soeur à qui on a mis un masque pour une bouffée d'anesthésie pendant qu'on mettait les forceps.
elle n'avait pas l'impression d'être mère.
et pour sa fille ensuite, on lui a imposé la péridurale, du coup cette impression a perduré.
Quelque soit la façon d'accoucher, quelque soit l'enfant que l'on a, on est souvent loin de ce qu'on avait imaginé.
(je mets ta phrase dans "les phrases déclic qui ont changé votre vie" dans les discussions diverses)
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mmagweno a écrit:
J'avais plus ou moins compris toutes ces allusions puisque sur nos 4 enfants il y a 3 césariennes !
Pareil ici.
mmagweno a écrit:
Et pour toute femme qui n'a pas pu accoucher au moins une fois par voie basse, ça laisse une cicatrice ...
Il m'a fallu du temps pour dire le mot "accoucher" pour mes deux filles nées par césa; il m'a fallu le temps de la grossesse du dernier né , né aussi par césa. J'ai réalisé alors que le travail que n'avait pas fait mon corps, je l'avait fait "intérieurement", "psychiquement" et ce, à chaque naissance, sans véritablement en avoir conscience , du moins, je ne le voyais pas parce que la noirceur de mes souvenirs l'occultait. Chaque femme pour laquelle ce type de naissance ne va pas de soi, doit trouver son propre chemin pour avoir un regard plus doux sur cet événement et sur elle-même.
Mooz a écrit:
Merci de ton partage, je me sens moins mâle.
De rien ; je le prends comme un compliment.
Moonz a écrit:
Les mots sur la feuille c'est nos cicatrices.
C'est vrai; moi je les vois plus souvent comme de la pommade...
Quand j'ai fait lire ce poème à un ami, poète amateur à ses heures perdues comme nous tous, il m'a écrit ceci: "Le temps passe et parfois panse... mais pour peu que l'on pense, il arrive que l'on repasse... et que des mots reviennent... avec plus ou moins de maux." J'aime beaucoup.
Nicole a écrit:
Quelque soit la façon d'accoucher, quelque soit l'enfant que l'on a, on est souvent loin de ce qu'on avait imaginé.
Oui tout à fait, c'est la même épreuve quand il y a souffrance lors d'une naissance (par césa ou par voie basse) en fait quand l'écart est trop grand, le psychique a du mal à suivre. Cela demande des "réajustements" parfois tellement importants, tellement de deuils peuvent s'ajouter ou se superposer comme des poupées russes (par exemple, le deuil de la naissance qu'on avait imaginé, mais le deuil de la femme "normale" aussi, le deuil de connaître ce que des milliers de femmes ont connu, le deuil d'une naissance en douceur pour l'enfant si l'enfant a connu des complications, le deuil d'une naissance accompagnée par le papa si le papa a été mis à l'écart...). Et puis quand le médical prend le pas sur l'humain, beaucoup de femmes se sentent traitées comme des objets.
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Et à part ça le titre c'est un référence à Corneille?
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C'est quoi l'histoire de Corneille ? Je n'ai pas compris la blague. C'est Corneille le dramaturge ou le chanteur ?
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J'ai lu ton texte le jour où tu l'a posté, je ne l'ai pas commenté car ma 1ère impression était comme si tu regrettais d' avoir fait tes enfants. Et en lisant tes commentaires, je me suis vite rendu compte que j'avais tort. Surtout que tu en as fait 4 quand même !!
En ce qui me concerne , je suis arrivée trop tard pour la péridurale , et je me dis que j'aurais préféré l'avoir... 3kg640, je l'ai quand même senti passer... Mais c'est un tel bonheur que j'ai vite oublié la douleur. Tant pis ou tant mieux , j'en sais rien mais c'est comme ça ...
Bref , ce que je veux dire , c'est que tout ça est injuste , parce que ce sont des situations qu'on ne choisit pas .
Merci Sophie pour ces 2 textes qui n'ont pas du etre évident à écrire .
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Merci Sylvie pour avoir pris le temps du recul. Je suis touchée de ta démarche. Oh, bien sûr que non que je n'ai pas regretté d'avoir fait des enfants; j'aimerais même bien en avoir encore un dernier avant de refermer ce joli chapitre de ma vie. J'aurais juste souhaité que nous ayons une rencontre plus humaine, plus douce que le jour de leur naissance qui fut quand même une joie ne soit pas à jamais entaché par la tristesse des circonstances.
Ton expérience montre que quand une femme n'est plus dans la douleur mais la souffrance, elle n'est peut plus vraiment être "présente" psychiquement. C'est exactement ça que j'essaie de transmettre; moi je me suis retrouvée dans la souffrance, ce qui n'est pas une simple douleur physique mais c'est quand elle devient aussi psychique. Tu sais je ne crois pas que ce soit toute cette technicité médicale qui protège les femmes de la souffrance; cela peut les protéger éventuellement de la douleur physique et la péridurale n'est pas à diaboliser mais si l'accompagnement à la naissance se résume à la technicité, de plus en plus de femmes seront déçues par la manière dont s'est déroulé leur accouchement. Elles sentent bien qu'elle sont passées à côté de l'essentiel.....Elles ont besoin d'être accompagnées psychiquement pour dépasser angoisses et douleurs et ça même certaines sage-femmes l'ont oublié
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Je te souhaite que ces quelques vers, très joliment écrits ici, aideront la cicatrice de ton âme à se refermer. merci pour ce beau partage. Bises
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La référence est nulle car c'est à Corneille le chanteur, pour sa chanson dont le titre est proche du tien : "C comme Corneille, C comme classe"
Mais je précise que c'est là le seul point commun car le texte de sa chanson est archi nul (en tout cas moi je trouve)
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Merci Sophie.
MC Boulette, je ne connaissais pas cette chanson, j'ai ri tellement c'est nul !!! Je ne connais pas tout le répertoire de Corneille mais il en a fait des bien mieux que ça!
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En fait (après vérification) c'est pas le titre d'une chanson mais un passage seulement: https://www.youtube.com/watch?v=kckDIPHrdsw (voir à 2mn30).
Je m'en souvenais car j'avais trouvé ça ridicule
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yes sympa !
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Voici un nouveau slam sur le même thème dans lequel j'ai fait le choix de dé-jouer et la réalité et les mots et maux.... Pour débusquer tous les jeux de mots et d'homophonie, je vous fait confiance !
MONOLOGUE AVEC MON UTERUS
Utérus cicatriciel
Voici des mots savants
Pas des mots d'enfants
Une réalité partielle
Des termes de médecin
Qui scellent mon destin
Loin de la douceur du miel.
Une expression qui cache
Des maux qui fâchent
Loin du hasard providentiel.
Mais tout mot peut se faire poème
Tentons alors le grand chelem.
Éloignons nous de ce « ciel »
Prétendument attendu
Source de malentendu
Rimant avec artificiel.
Je suis trop terre à terre
Pour voir des constellations
Quand on parle de cicatrisation.
Mon utérus est réfractaire,
Qualifions-le de rebelle
Un émotionnel.
J'ai un utérus libertaire
Un idéaliste
Un chemin hors piste,
Un utérus mystère
Féminin, énigmatique
Serait-ce le flegme britannique ?
Un utérus secrétaire ,
Des vérités qu'on dissimule
Des idées qui bousculent.
Je l'imagine serpentaire
Un côté reptilien
Abritant un amphibien.
Finalement peut-être primaire,
Celui-là se mérite
Ma médaille favorite.
Mais non pas mémère !
Les années ne comptent pas
Intact jusqu'au trépas.
Serait-il chimère ?
C'est à la fois envoûtant
Et complètement dégoûtant.
Terminons par l'éphémère
Qualificatif magique
Si ce n'est allégorique
C'est par lui que naît aussi le père!
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Tu as un Utérus et si je vois un encrier c'est pour qu'un enfant écrivent son histoire.
Et si pouvoir offrir est une vie au futur semble perdre de soi dans le monde
Alors il faut bien couper le cordon et finir avec la souffrance d'Eve à mes yeux
Mère des sages car elle offre la vérité et non le secret à la Terre.
Dernière modification par MoonZ (27-12-2015 10:40:07)
J'aime beaucoup l'idée et sa déclinaison. Tu as encore su trouver les bons mots. Seuls 2 d'entre eux me gênent, mémère et dégoûtant, mais c'est ton monologue.
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a utérus bicorne
natif du capricorne
a utérus contractile
repos utile
a utérus rétroversé
surtout ne pas s'affoler
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