Vous n'êtes pas identifié.
Est-elle vraiment un monstre?
Est-elle si différente de nous ?
Son histoire fatalement nous montre
Que des paroles mettent à genoux.
D’abord ce fut un fait divers,
J’ai senti mon sang se glacer
Ce n’était pourtant pas l’hiver
Et de stupeur j’ai grimacé.
Très vite des images insoutenables
Charriées par une immense tristesse
Ont jailli d’un monde impalpable
D’incompréhension, de détresse.
Pourtant il me fut impossible,
De ne pas voir d’humanité,
Il s’agissait de crimes horribles
Mais par leur singularité
Et parce qu’il s’agissait d’une mère,
J’ai éprouvé de l’empathie,
Elle n’était pas une étrangère,
De notre monde, elle faisait partie.
J’écoutais d’une oreille distante
Les détails macabres de l’affaire.
A mes yeux, la chose importante
Fut de comprendre comment une mère
En arrive à donner la mort
Aux huit enfants qu’elle met au monde
Donnant l’apparence au dehors
Que tout va très bien en ce monde.
Etrangement les histoires d’inceste
Me paraissaient presque anodines
Au fond de moi j’attendais le « reste »
Cette souffrance immense qu’on devine
Née de maltraitance ordinaires.
Mais étions nous prêt à entendre?
Que ce sont nos langues de vipère
Qui aux enfers l’ont fait descendre.
Une enfance ponctuée de moqueries,
Une relation au corps complexe,
Une image de soi fragile, meurtrie.
J’imagine alors que le sexe
Au moment des premiers amours
Ne fut pas une folle expérience
Qu’à l’arrivée à ce carrefour
Elle s’est murée dans le silence.
Et que dire de l’humiliation
Le jour où elle donna la vie
Ce manque de considération
Qui l’a clouée sans préavis,
Au rang inférieur des humains.
Elle n’était plus qu’un tas de graisse
Un corps malmené par des mains
Qui mesurent, dégainent et agressent.
Bien sûr les sages nous opposeront
Que quelque soit le traumatisme
Il n’explique, nous en conviendrons
A lui seul, par quel mécanisme
Elle a commis l’irréparable.
Mais rien ne sert de l’accabler,
Bien entendu, elle est coupable,
Mais son histoire nous fait trembler.
Quand face aux paroles assassines
Nous ne nous indignons même pas
Que nous laissons des attaques mesquines
Sans même faire notre méa-culpa
Sournoisement devenir banales
Que presque on les légitimise,
Alors des êtres deviennent bancal.
Ceci n’est pas une expertise,
Juste mon sentiment, ma colère
La peur qu’on ne garde en mémoire
Que l’horreur, la folie d’une mère
Plutôt que les clés de son histoire.
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C'est vrai qu'on est tous indigné quand on entend ce genre d'histoire, mais qui sait, tout le monde peut péter les plombs un jour ou l'autre.
bravo Sophie pour ce texte poignant
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En voyant sa photo, désemparée, perdue et dans les yeux tant de chagrin, que j'ai eu envie d'écrire sur elle, ou d'en parler, de demander ici ce qu'on en pensait...
Il y a des actes qui semblent être la seule solution pour ceux qui les commettent, ils ne réalisent qu'apres que ça pouvait être autrement.
j'espérais que le jugement soit clément pour elle.
Cette femme me hante... merci d'en avoir parlé (et même très bien)
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+1
Le nombre de pères qui me racontent combien de fois ils ont faillit péter les plombs à cause de leur ex qui prenait les enfants en otages (un peu comme mon cas)...
Bref, il y a parfois ce qu'on pourrait appeler un mal justifié.
Super texte.
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Oui c'est difficile de mettre des mots sur l'infanticide et pourtant cela me semblait "nécessaire" surtout dans ce cas précis :( Je n'aime pas entendre les jugements à l'emporte pièce et c'est si facile de se dire que nous sommes différents , que la société n'a rien à se reprocher !
Merci Nicole.
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Ton texte fort me touche beaucoup aussi.
"Mais son histoire nous fait trembler.
Quand face aux paroles assassines
Nous ne nous indignons même pas
Que nous laissons des attaques mesquines
Sans même faire notre méa-culpa
Sournoisement devenir banales
Que presque on les légitimise,
Alors des êtres deviennent bancal."
Je partage ton sentiment sur la responsabilité de ceux qui ne font rien quand il est encore temps. En lisant le témoignage d'Itess je repense à cette petite fille qui a été séparée de son papa suite aux mensonges ignobles d'une mère. J'ai tenté en vain de le faire comprendre aux services sociaux. L'assistant sociale à qui j'ai eu affaire s'est laissée manipuler par la "mère". Les années passent et l'enfant continue à subir des maltraitances psychologiques qui, parce qu'elles ne se voient pas, passent inaperçues. Je suis révoltée d'autant que j'ai constaté combien le papa se démenait pour faire entendre la vérité.
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La vie est parfois tellement compliquée...
Beau texte Sophie, c'est courageux d'avoir pris ce parti-là et de nous le faire partager!
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