Vous n'êtes pas identifié.
Il était une fois un jeune homme, nous l'appellerons Thomas, qui se sentait si dépourvu d'idées
Qu'il décida que, faute d'inspiration, celle des autres ferait bien l'affaire.
Il se mit à observer son voisin qui avait, ma foi, un pittoresque jardin entouré de jolies haies.
Ni une ni deux, le voilà plantant et semant à l'identique, sans s'en faire.
Les mêmes buissons ardents, allées pavées, parterres de fleurs, arches et rosiers grimpants,
Jusqu'au respect des couleurs et des variétés, copiées sans autorisation.
Le regard réprobateur de celui qui avait imaginé l'agencement et celui interloqué des passants
Ne le détournèrent pas de son objectif, copier, sans aiguiser son imagination.
Choisir les vêtements adaptés à toute situation ne lui posait aucun problème assurément .
Jacques avait si bon goût, pourquoi chercher ailleurs et se creuser la tête ?
On s'amusa de les voir porter les mêmes costumes, chemises et cravates évidemment,
Le jour du mariage d'amis communs ; ce qui gâcha quelque peu la fête.
Lui rayonnait et se pavanait, comme fier d'une trouvaille pourtant usurpée,
Ignorant les quolibets des convives qui étaient loin d'être dupes de l'imposture.
Le copié, quant à lui, trouvait la mésaventure de si mauvais goût, qu'il pestait
Et alla, en catimini, troquer sa tenue contre une autre qui lui donna plus belle allure.
Il faut savoir que Thomas avait commencé tôt ; à l'école il excellait dans le choix des copains,
Sur lesquels il pouvait tricher sans vergogne, comme pour le zéro faute en dictée.
Ceux-ci n'appréciaient pas de se voir parfois accusés de triche à la place du coquin
Et finirent par rejeter l'intrus qui ne se laissa pas démonter pour autant, c'est un fait.
De l'école jusqu'au lycée il poursuivit sa route sans faiblir, contournant les obstacles,
Fin stratège, champion dans l'art du mensonge toutes catégories, de l'anti-sèche l'expert né.
Suffisamment effacé quand il le fallait, pour ne pas être démasqué par miracle,
Il réussit ainsi à décrocher le baccalauréat, de justesse certes, mais osa s'en vanter.
Changeant de région il s'inventa un passé glorieux auprès de ses nouveaux amis,
Se rédigea un curriculum vitae valorisant, lui offrant des perspectives intéressantes.
Jusque là son aptitude à manier le copier/coller lui avait bien réussi,
Loin d'être idiot il savait manier la souris et écrivit aussi des lettres galantes,
Qui lui firent rencontrer de bien belles demoiselles qui ne découvrirent le pot au rose
Qu'une fois dans le lit du monsieur, où il devait faire ses preuves, sans aide.
Le malheureux vit alors sa réputation ternie, derrière le verni effrité, pas grand chose.
Ses talents gâchés, il n'avait su être qu'un usurpateur, un aspirateur d'idées, un plagieur.
Tombé bien bas, renié par tous, il allait sombrer sans espoir de retour.
C'était sans compter sans la petite étincelle qui brillait, telle une bonne fée.
D'abord replié sur lui-même, il commença à ouvrir les yeux un beau jour,
A s'oublier un peu en se promenant ici ou là , passant son temps à observer.
Ce qu'il découvrit du monde et des êtres humains l'amena enfin à réfléchir
Sur sa vie passée et ce qu'il pourrait faire pour en devenir l'acteur conscient.
Progressivement il analysa la situation et comprit qu'il avait commis le pire
En cessant de penser par lui-même pour copier et plagier inlassablement.
Le changement ne s'opéra pas en un jour, loin s'en faut, tant le pli était pris,
Il dut faire amende honorable auprès des siens et se retrousser les manches.
Il décida d'aller de l'avant sans faiblir et de donner enfin du sens à sa vie.
Il commença par participer à des ateliers de philosophie, sans esprit de revanche,
Où il réapprit à développer sa pensée, faire des choix, argumenter et échanger.
La chance frappa à sa porte avec le slam, il se mit à l'écriture, conscient
De l'opportunité qui lui était donnée d'apprendre, sans copier ni paraphraser.
Il s'était retrouvé, plus besoin d'artifices ; sans fard il allait vivre le présent.
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Belle histoire , réelle ou imaginaire , peu importe mais bravo
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c'est pas le père et le fils
Thomas et Jacques DUTRONC
COMME SYLVIE , belle inspiration, et surtout la fée , muse , égérie, les femmes savent nous sublimer
biz
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J'aime beaucoup Maya. Tu es douée pour les histoires qui finissent bien.
Ah les Dutronc j'adore
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Ah le copier/coller qui devient un reflexe, j'ai lu quelque part que les étudiants en médecine le faisaient allegrement, ce qui ne va pas sans danger.
Sans compter les journalistes et écrivains ou ceux qui sévissent sur les réseaux sociaux pour une gloire toute éphémère, et vraiment virtuelle, quoique... il y a la fameuse histoire d'un site "le démotivateur" qui a pignon sur rue et est partenaire de Télérama et autres pour des évenements, et qui est un site où les fondateurs ne font que copier les bonnes idées, bons mots, beaux panneaux, vidéos qui font du buzz en les regroupant et en effaçant les signatures de leurs auteurs et en les remplaçant par leur logo. Ils sont meme invités sur des plateaux télé, canal récemment, et ils se font une petite fortune avec les pubs
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Merci pour votre lecture et vos commentaires.
En effet, comme je suis maîtresse du jeu, je finis bien les histoires. Comme les contes.
Quelques commentaires me manquent...
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J'aime beaucoup, je me suis laissée porter par ta jolie histoire. Sans vouloir raconter ma vie c'est à l'antipode de mon fils et de son père alors je l'ai ressenti à "ma manière". Le lien qui lie un père à son fils est très important et si le fils veut imiter son père c'est qu'il a pour lui de l'admiration. Le père même si cela peu parfois l'agacer un peu, ne peut qu'être fier.
Moi aussi j'aime beaucoup les Dutronc pére et surtout fils
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Salut Maya
Magnifiquement romancé et bien conté...
Au risque de parodier quelqu'un , j'ai vu, lu et apprécié..
Du pur...Maya
Toi, au moins tu sais...conclure....
De très très z-affectueux poutoux z-à toi et aux tiens de Thanalie
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Merci Sandrine pour ton commentaire. Je te rassure, je ne parlais pas de père et de fils. Pure hasard que les prénoms choisis, qui ont amusé Nouga.
Merci Thanalie, j'espérais aussi ton commentaire, tu l'as deviné.
Dernière modification par MAYA59 (12-04-2015 21:17:02)
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C'est un très beau conte, et chacun peut l'appliquer à qui il veut... Et comme tout conte, il finit bien et donne de l'espoir...
Dernière modification par SylvA (14-04-2015 12:52:25)
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Merci SylvA! C'était bien mon but.
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"L'imagination est plus importante que le savoir. ;)copier/coller" Albert Einstein
Rien à voir puisque l'auteur est cité. Celui qui copie n'affiche pas ses sources.
Et sinon, tu en penses quoi?
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je crois que c'est une façon de voir la vie, quand tout le monde attend de nous d'être parfait, certain triche et copie pour être egal au autres, biensur il se mente et cherche à se retrouver un jour, le slam est salvateur parce que personne ne ment sur scène, même les meilleurs acteurs.
Je crois surtout que les gens s'inventent des vie en copier/coller et juge qui est un Vrai un faux, parce qu'il s'ennuit.
Sinon tu conduis bien ce texte qui raconte une histoire c'est bien que Thomas soit tomber sur ta plume d'autre aurait fait surement moins fin.
Merci beaucoup de ton intérêt et du développement que tu as apporté!
J'ai dit Thomas comme j'aurais pu dire Paul. Donc toute ressemblance avec un autre Thomas est purement fortuite.
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la limite entre l'inspiration et la copie est parfois mince
je pars souvent de l'idée d'un autre pour mes textes, comme pour mes dessins ou mes toiles, c'est un réflexe difficile à réprimer, pour moi c'est rendre hommage à ceux qui m'inspirent, loin de moi l'idée de voler.
comment ça se passe dans la tete des autres, je ne saurais dire...
il est de fait en revanche qu'on nous force à copier, tout à la télé, au cinema, dans les radios ne tournent autour que de pales copies
tout à été fait, tout à été dis ?
je prend souvent le bus en ce moment (ma voiture est pétée), et à mon arret, prêt d'un lycée, j'attend suvent mon bus en compagnie d'un groupe de 4/5 adolescentes... les cinq portent la même paire de chaussure (la même ! je vous jure!) les 5 sont en leggin (le même), seuls diffèrent les motifs ou les couleurs du t-shirt ou du pull, mais leurs yeux brillent d'une même lueur terne sous leur queue de cheval chaque jour nouées à l'identique...
Dernière modification par I love Tony (15-04-2015 12:51:51)
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Très intéressant ce que tu dis! Vouloir faire partie d'un groupe pousse parfois en effet à cette attitude où les différences sont volontairement gommées. Ce n'est pour la plupart qu'une courte période de leur vie, pour les quelques autres ça peut être plus ou moins dangereux. Dangereux pour eux dans la construction de leur identité. Dangereux pour les autres qui sont les victimes de personnes qui ne peuvent être raisonnées car elles ne savent plus penser par elles-mêmes.
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J'aime beaucoup ton texte.
Mais j'ai rarement copié ! J'ai souvent réécrit !
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Contente que ça te plaise Kamui! Dommage qu'on ne se soit pas vus à Lille.
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Dans une société qui veut tout asseptiser, cela peut être parfois difficile de sortir du rang et ne serait ce parfois se forger sa propre opinion...
Faire comme les autres pour ne pas être rejeté ou avancer soi même sans se soucier des qu'en dira t'on, comme dans ton texte, il n'y a que le temps qui fait s'affirmer un humain ou pas lol
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Tu as raison, ce n'est pas simple. L'important est de ne pas laisser filer le temps. Se rendre compte trop tard, avoir des regrets et ne plus avoir suffisamment de temps pour être soi serait bien triste.
Merci pour ton commentaire, ça m'a fait plaisir de te lire.
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Je remonte moi-même mon texte suite à une petite discussion dernièrement sur ce forum.
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T'as raison, on n'est jamais mieux servi que par soi-même
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Et puis y'en a qui savent pas ou ont besoin d'une piqûre de rappel.
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Je vois...
Dernière modification par SylvA (17-08-2015 11:47:30)
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