Forum Grand Corps Malade et slam

Allongée dans l'herbe odorante parsemée de fleurs multicolores,
Je laisse mes doigts caresser les doux pétales et m'enivre de leur parfum.
La terre sous ma peau a conservé un peu de l'humidité de l'aurore,
Malgré les rayons bienfaisants du soleil déjà ardent dès le petit matin.

Je me laisse pénétrer par la douceur de l'instant, en suspension.
Tous mes sens éveillés me transmettent le message du jour nouveau.
Nullement perturbés par ma présence silencieuse, en toute discrétion,
Des insectes grimpent sur mes pieds nus, chatouillant à peine ma peau.

Fourmis et cloportes poursuivent leurs activités, inconscients du regard
Qui les suit, fasciné par tant de fébrilité et souvent d'ingéniosité.
L'épeire habile tisserait bien sa toile ici, déployant  tout son art,
Si un imperceptible mouvement du corps ne l'éloignait, léger.

Des moustiques, guêpes et abeilles viennent bourdonner à mes oreilles,
Dans un concert auquel se joignent, sans préavis, mésanges, merles et pies.
Ce joyeux petit monde se sépare aussi vite, attiré par d'autres merveilles.
Quelques bruissements d'ailes, un mouvement de l'air, ils sont tous partis.

Est-ce un mulot téméraire ou un campagnol qui s'agite à deux pas ?
Le hérisson n'en semble pas perturbé et continue tranquillement sa route.
Ces touffes de poils bruns derrière le bosquet, des lapins en plein repas ?
Une charmante ménagerie offerte à mes yeux émerveillés, pas de doute.

Soudain, c'est comme si les pétales des fleurs sauvages se dispersaient,
Comme une pluie de confettis arc-en-ciel à la fête du village voisin.
Transportés par une brise légère jusqu'aux arbustes formant la haie,
Les papillons démasqués arborent la palette de leurs somptueux dessins.

Pas en reste, les nuages prennent des  formes dignes des contes de fées,
Tel un dragon qui tire sa langue fourchue, faute de cracher le feu,
Ou des lutins malicieux qui se déforment, s'étirent pour enfin se relier
En une ronde gracieuse, où se mêlent des elfes aux ailes bleues.

Ma pensée les rejoint et caracole à leurs côtés, joueuse, libre.
Je vole toujours plus haut, décrivant des arabesques de lumière.
Amazone sur le dos de Pegase, je contemple l'univers qui vibre,
Puis redescend gracieusement, par paliers, jusqu'à la clairière.

La température a encore monté, éliminant toute trace de rosée,
Des bruits plus lointains attirent maintenant mon attention.
Sons étouffés de moteurs et de klaxons me rappellent à la réalité,
C'est bien la fin de cette pause bénéfique, chargée en émotions.

Progressivement je reprends conscience du poids de mon corps
Qui laisse son empreinte dans la terre, ouverte au renouveau.
Du lieu je savoure encore le calme, la sérénité, le parfait accord,
Puis me lève, ressourcée, prête à relever les défis à nouveau.

Dernière modification par MAYA59 (01-03-2015 10:18:03)